En France, 56% des salariés détiennent une épargne salariale, essentiellement dans les grandes entreprises, pour la plupart dotées des trois dispositifs classiques de l'intéressement, la participation et le plan d'épargne entreprise (PEE). Depuis 1995, le montant total de cette épargne salariale a plus que quadruplé, atteignant 88 milliards d'euros en 2007. Et ces chiffres devraient continuer à augmenter, la volonté affichée du Président de la République étant d'encourager l'épargne salariale jusque dans les plus petites entreprises. Mais la crise financière actuelle inquiète: n'est-elle pas en train de montrer les limites de ce système ?

Les fonds de l'épargne salariale, placés sur les marchés, ne sont en effet pas à l'abri des risques. « Les avoirs des salariés sont plus ou moins exposés en fonction du profil de placement qu'ils ont choisi » explique Denis Falcimagne, directeur d'études chez Entreprise et Personnel, une association qui regroupe 160 DRH de grandes entreprises.

« Si vous êtes jeune, le placement vous est plutôt proposé en actions, qui est le profil le plus risqué. Les plus âgés cherchent, eux, à éviter le coup de Jarnac et vont plutôt vers des investissements en fonds monétaires, plus prudents. » Pour estimer son exposition au risque, il faut donc étudier le profil qu'on a choisi. « Les portefeuilles subissent de plein fouet la baisse des cours » note pour sa part Patrick Azières, spécialiste de l'épargne salariale au cabinet de conseil en management Hewitt France. « Pour ceux qui n'ont pas besoin de leur argent tout de suite, il est urgent d'attendre. Les autres auront un manque substantiel à gagner. »

Ses clients font d'ailleurs régulièrement appel à lui depuis le début de la crise pour en savoir plus sur les dispositifs concrets de gestion de ces placements: qui sont les intermédiaires, quels sont les rôles exacts des gestionnaires et des dépositaires, quelles sont les garanties, etc. « L'épargne salariale bénéficie quand même de garde-fous, il y a des systèmes de garantie » assure Patrick Azières. Surtout, les experts se veulent rassurants: l'épargne salariale étant une épargne de long terme, elle reste parmi les plus rémunératrices.

« La crise est brusque et nouvelle, donc les gens s'affolent » reprend Denis Falcimagne. « Mais il ne faut pas avoir l'oeil rivé sur son portefeuille en permanence et se dire: « Tiens, j'ai perdu 2000 euros par rapport à l'année dernière! ». C'est une approche de très long terme. Quant à ceux qui partent à la retraite aujourd'hui, ils peuvent décider de laisser leur épargne dans le PEE, ou une partie du capital, pour continuer à le faire fructifier. Il faut faire preuve d'initiative pour optimiser la gestion financière de ses avoirs. »