Sale temps pour les arrogants

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Peters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.

 

Cela fait un bout de temps qu'elle couvait. La crise du sens. La crise économique la révèle. Tous, nous la ressentons. C'est elle qui nous entraîne dans l'enthousiasme d'un Barack Obama. Arrivé hier à la Maison-Blanche, il est de l'étoffe des héros, ceux capables de redonner du sens en incarnant des idéaux. Et parce que sa voix porte bien au-delà des frontières, avec elle, nous sentons poindre de nouvelles valeurs, celles capables de changer « notre » monde. Comme les « bears » ? l'ours, valeur en baisse ? et les « bulls » ? le taureau, valeur en hausse ? qu'affectionnent feu nos financiers, il va y avoir au long de cet an tout neuf, de nouvelles façons d'apprécier la réussite professionnelle et ce faisant un peu aussi le sens de la vie. « Nous passons d'une économie de ?l'avoir plus? à une économie de ?l'être mieux? », confie au « Monde » l'économiste Michèle Debonneuil.

 

Le modèle de réussite en vigueur a du plomb dans l'aile. Il n'y a qu'à regarder les sondages auprès des jeunes cadres. Jamais la vie privée, la famille n'ont eu autant d'importance. Quant à la gloire, elle devient un sujet de moquerie. Ainsi du dernier roman de Daniel Kehlmann « Gloire » qui paraît chez Actes Sud. Avec ironie et humour, l'écrivain allemand met en scène des personnages pris dans les filets de la renommée. L'impératif nouveau?? Se réaliser. Les arrogants et les péteux n'ont qu'à bien se tenir. Fini, les années frime. Place à la sincérité, la solidarité. On arrête d'en mettre plein la vue à son voisin. Et au besoin on revendique ses faiblesses. Ou du moins on ne cache pas ses blessures. « Les progrès technologiques et économiques n'ont pas su protéger l'humanité de la barbarie. En valorisant la capitalisation des biens davantage que la réalisation des personnes, l'économie marchande a produit une forme de déshumanisation des rapports sociaux qui nourrit le désordre du monde », estime le coach consultant Laurent Buratti.

 

« l'Invention de soi »

 

Pas étonnant de voir le modèle de réussite devenir obsolète. « Si l'aventure est aussi fatigante, c'est que nous n'avons plus forcément de modèle à suivre », admet Jean-Claude Kaufmann dans « l'Invention de soi ». Il va falloir trouver chacun le sien. Ne pas viser la grandeur ou la supériorité. Mais le plus juste. Se réaliser soi-même partout dans différentes dimensions. L'essentiel étant d'avoir le sentiment de progresser. Car on s'en rend compte dans notre travail, parfois à notre insu?: ce qui mobilise notre intelligence, c'est notre capacité à nous adapter et à construire. C'est nous enrichir du temps passé, tout en cherchant à avancer vers une place encore inconnue. Voici quelques pistes à explorer?: le talent (ce que je sais bien faire), la passion (ce que j'aime faire), les besoins (les contraintes que je dois assumer) et le sens (cette activité correspond-elle à mes valeurs??), l'idéal étant de trouver le pôle dans lequel faire fusionner ces quatre éléments. Fusion qui procure la satisfaction d'avoir trouvé sa voie, c'est-à-dire un alignement entre notre monde intérieur et nos réalisations. Quatre, trois deux, un, prêt pour la fusion??

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