TotalEnergies : Patrick Pouyanné se défend de faire des « super-profits en France »

Par latribune.fr  |   |  837  mots
Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné. (Crédits : DR)
TotalEnergies ne fait pas de super-profits « en France », a affirmé le PDG de la compagnie pétrogazière française, régulièrement citée dans le débat sur la taxation des bénéfices gigantesques réalisés par certaines entreprises.

Patrick Pouyanné se défend de faire des profits exceptionnels dans l'Hexagone. Le PDG de TotalEnergies a affirmé ce vendredi sur France 2 que la compagnie pétrogazière française ne faisait pas de super-profits « en France ».

« Les profits de TotalEnergies en France ne sont pas des super-profits », a affirmé le dirigeant, interrogé dans l'émission Télématin, au moment où le débat sur leur taxation refait surface, notamment dans la majorité présidentielle, pour combler le déficit public français. À l'échelle mondiale, le groupe a fait presque 20 milliards d'euros de bénéfices nets chacune des deux dernières années. Il indique avoir contribué à hauteur de 23 milliards d'euros en impôts et taxes en 2023.

« C'est beaucoup d'argent qu'on paie, on est une des entreprises les plus taxées au monde », s'est défendu le PDG.

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En France, le groupe a payé 320 millions d'euros « en impôts sur les bénéfices et taxes de solidarité sur l'électricité » en 2023. Il refuse toutefois de communiquer la part spécifique de l'impôt sur les sociétés. Dans le passé, Total n'a pas payé d'impôt sur les sociétés en France pendant plusieurs années.

« Pour récompenser la fidélité, il faut aussi faire des profits »

« Nous contribuons de multiples façons à l'économie française », a insisté le dirigeant en citant sa mesure de plafonnement du prix du carburant à 1,99 euro par litre. Alors qu'il est aussi régulièrement critiqué pour les gratifications versées à ses actionnaires (15,5 milliards d'euros en dividendes et rachats d'actions en 2023), le groupe s'efforce de montrer qu'il « partage la valeur ».

Au lendemain de la fête du centenaire de l'entreprise, qui a réuni 7.000 salariés à la Porte de Versailles, Patrick Pouyanné a d'ailleurs sorti le chéquier, annonçant sur France 2 des mesures pour le pouvoir d'achat, une opération baptisée « 100 pour 100 ».

En France, l'entreprise versera, sous conditions, 100 euros aux « 100.000 premiers nouveaux clients » de certaines de ses offres électricité, plus 100 euros aux 100.000 nouveaux particuliers détenteurs de sa carte de fidélité s'ils dépensent plus de 1.000 euros de carburant en 2024.

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L'entreprise donnera, en outre, 100 actions TotalEnergies à chacun de ses 100.000 collaborateurs dans le monde, l'équivalent de 6.300 euros chacun, à condition de rester cinq ans dans l'entreprise, qui revendique 8% d'actionnariat salarié.

« Pour faire des gestes de cette nature, pour récompenser la fidélité, eh bien, il faut aussi faire des profits », a souligné le PDG.

La majorité s'interroge sur la taxation des superprofits

Ces déclarations du patron de TotalEnergies intervient alors que la taxation des superprofits a récemment refait surface. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), a réclamé le 22 mars dernier « d'entamer la réflexion » sur une contribution « exceptionnelle » des grandes entreprises en cas de « superprofits » ou de « superdividendes », alors que le déficit public a dérapé à 5,5% en 2023, selon les chiffres de l'Insee.

« Nous ne souhaitons pas que les impôts des Français augmentent. Cela étant dit, moi je suis partisane de regarder lorsqu'il y a des superdividendes, des superprofits, des rachats d'actions massifs par les entreprises », avait-elle déclaré sur France Bleu Sud Lorraine.

Mais le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a indiqué que le gouvernement taxerait comme prévu les énergéticiens, mais ne ferait « pas plus que ça », alors que la question de la taxation des « superprofits » interroge au sein de la majorité, face à l'état fragile des finances publiques.

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Interrogé sur les propos de Yaël Braun-Pivet, François Bayrou a lui rappelé que le MoDem avait proposé à l'Assemblée nationale « depuis déjà plusieurs exercices budgétaires qu'on explore cette voie-là ». « S'il y a des mesures de rééquilibrage, il faut qu'elles aillent vers ceux qui ont le plus de moyens, y compris le plus de moyens en fonction de la crise, sans casser l'image de la France qui permet d'attirer les investisseurs », a-t-il plaidé.

Le Premier ministre Gabriel Attal a dit mercredi sur TF1 ne « jamais (avoir) eu de dogme sur le sujet »  des superprofits, rappelant que les énergéticiens et les laboratoires de biologie avaient déjà été soumis à une taxe spécifique.

(Avec AFP)