La sortie de l'euro ? On s'y prépare, en croisant les doigts...

Analyse juridique des contrats, vente d'actifs libellés en euros, dépôt des liquidités à la BCE, certains concoctent déjà des plans de secours.
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Sans tambour ni trompette, tout le monde élabore aujourd'hui un plan de secours au cas où... Si, en France, c'est comme toujours l'omerta sur le sujet, il suffit de regarder au-delà de la frontière pour comprendre que banquiers, avocats, grandes entreprises et autorités financières, de même que certaines banques centrales nationales, comme la Banque d'Irlande ou la Banque d'Angleterre, se préparent aujourd'hui à l'éventualité. Et ce, qu'elle se produise par la sortie d'un membre de la zone monétaire, ou par l'éclatement de la zone tout entière. Fin novembre, Andrew Bailey, membre de la Bank of England et de la FSA, a enjoint les banques britanniques à se préparer activement... aux deux scénarios.

Les banques commerciales d'abord. « Elles sont en train d'éplucher les contrats, contrats de prêts ou contrats d'émission de titres, notamment obligataires, pour voir s'il existe un risque de discontinuité des contrats et, surtout, un risque de voir le contrat relibellé dans une autre monnaie et si elles pourraient faire appliquer une clause d'indemnité, à la charge du débiteur, en cas de sortie de la zone avec dévaluation de la monnaie locale », explique Jan Meyers, avocat chez Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP, à Bruxelles. Le risque d'éclatement de la zone les conduit aussi, soit à vendre, comme les compagnies d'assurances, certains actifs en euros, soit à les couvrir en vendant des euros à terme.

Pour un pays qui souhaiterait sortir de l'euro, l'opération s'annonce très difficile car ses ressortissants sortiraient préalablement leur argent des banques nationales pour ouvrir des comptes dans des banques étrangères réputées solides. « C'est un schéma très difficile à gérer, reconnaît Jan Meyers. Car la sortie d'un membre d'une union monétaire qui, par ailleurs, continue à exister est sans précédent et techniquement très délicate. »

De façon générale, beaucoup de contrats commerciaux ou contrats de fusion-acquisition intègrent désormais des clauses de « material adverse change », dites clauses MAC. Elles permettent à une partie, si les valeurs du contrat se trouvent substantiellement modifiées, de le renégocier ou de le résilier. « Si, jusqu'à l'été dernier, ces demandes étaient encore rares, elles sont aujourd'hui de plus en plus fréquentes de la part de nos clients, qu'ils viennent d'Europe, des États-Unis ou d'Asie », confie Jan Meyers. Le voyagiste allemand TUI a amendé les contrats le liant aux hôteliers grecs pour recouvrer l'intégralité des sommes apportées par avance en cas de la sortie de la Grèce de l'euro. « Mais, ajoute Jan Meyers, les pays qui sortent de la zone euro pourraient adopter des législations nationales d'ordre public qui rendent de telles clauses inopérantes. Et cela est impossible à prévoir. »

Mais ce n'est pas tout. Car ceux qui disposent d'importantes liquidités en euros générées par leur activité, ont commencé à les mettre à l'abri. À l'instar du groupe Siemens, qui a récemment retiré 500 millions de SG pour les mettre en dépôt, via une filiale bancaire, à la BCE. D'autres groupes ayant des filiales bancaires susceptibles d'être des contreparties éligibles de la BCE, comme les activités crédit de groupe automobile par exemple, étudient la même voie.

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