Le nouveau Brésil de Dunga entre en scène

Sous la sévère férule de son entraîneur, la Seleçao a durci son jeu. Fini le romantisme, place à l'efficacité. Avec en point de mire un sixième titre mondial. Première étape, ce mardi (20h30), face à la Corée du Nord, à l'Ellis Park de Johannesburg.

C?est l?un des hommes les plus détestés du Brésil. à la tête de la Seleçao depuis 2006, Dunga est la proie de toutes les critiques. Il est accusé par la presse de trahir l?esprit du beau jeu brésilien, de sacrifier les stars au profit de tâcherons sans talent et de mépriser le public en isolant comme jamais son équipe.

Les médias ne sont pas les seuls à lui taper dessus. Les anciennes gloires ne se gênent pas pour lui décocher des flèches empoisonnées. « Malheureusement, déplore Socrates, la star des années 80, Dunga a choisi une voie très loin de la culture du football brésilien, qui a toujours eu pour principe de laisser le champ libre à la créativité. »

Avec sa coupe en brosse, ses yeux clairs et sa mâchoire carrée, le sélectionneur brésilien ressemble à John Cena, la superstar du catch. Il en a le parler vrai et viril. Il en a aussi la détermination. « Ça m?est égal que les supporters brésiliens ne m?aiment pas, lâche-t-il, mais ils doivent faire preuve de patriotisme et soutenir l?équipe. »

L?homme a le culte du secret et la presse en horreur. Depuis son arrivée sur le sol sud-africain, la délégation auriverde multiplie les huis-clos à la plus grande fureur des trois cents journalistes brésiliens qui suivent la Seleçao au quotidien. « Les joueurs sont d?accord, souligne Ramires, le milieu de Benfica. Le huis clos nous permet de mieux nous préparer tactiquement, à l?abri des observateurs. »

Politique de rigueur

Celui qui a été surnommé Simplet (Dunga en brésilien) par un oncle à cause de ses oreilles décollées a également remis de l?ordre autour de l?équipe. Plus question par exemple pour les stars cariocas de venir se faire photographier aux côtés des joueurs. Il a surtout tranché sportivement dans le vif. Pas assez dans le moule, Ronaldinho et Pato ont fait les frais de cette politique de rigueur. Le petit attaquant de l?AC Milan aurait aussi payé une sale histoire. Dunga aurait appris que l?un de ses agents graissait la patte de quelques journalistes. Simplet ne badine pas avec l?honnêteté, ni avec l?engagement physique.

Dans le secret du camp d?entraînement de la Randburg High School de Johannesburg, l?intensité des séances est telle que les clashes se multiplient. Daniel Alves et Julio Baptista ont failli en venir aux mains. Même le placide Kaka s?est rebellé après un tacle assassin de Felipe Melo. Ce dernier est le symbole de cette équipe de combat aussi féroce que solide. Le joueur de la Juventus Turin sort d?une saison médiocre, mais Dunga apprécie son sens du sacrifice. « Parfois, c?est vrai, je suis limite, affirme Melo. Mais si je dois faire une faute, je la ferai et si je dois prendre un carton, tant pis. Seul le groupe compte. »

La méthode marche. Depuis qu?il a pris la suite de Carlos Alberto Parreira après l?échec du Mondial 2006, Dunga accumule les bons résultats. Il gagne la Copa America 2007 au Venezuela en écrasant le rival argentin en finale (3-0). L?an dernier, il remporte sans convaincre la Coupe des Confédérations.

A 47 ans, il rêve désormais du titre de champion du monde. Il deviendrait le troisième personnage de l?Histoire, après le Brésilien Mario Zagallo et l?Allemand Franz Beckenbauer, à le remporter en tant que joueur puis en tant qu?entraîneur.

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