Les routiers du port de Shanghai incarnent le ras-le-bol social chinois

Au bout de cinq jours de grève, les chauffeurs routiers du plus grand port mondial de marchandises ont obtenu des concessions des autorités, inquiètes d'une extension du conflit.
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Quelques centaines de chauffeurs routiers ont donné en quelques jours la mesure des effets de la grogne sociale larvée en Chine à propos des prix. Depuis mercredi dernier, les chauffeurs de camion bloquaient partiellement le plus grand port de marchandises au monde pour protester tant contre la hausse des prix, notamment des carburants, et des taxes perçues par les autorités que pour des salaires plus élevés. Ces routiers ont apparemment mis fin à leur mouvement social lundi après avoir obtenu de l'autorité du port une réduction de leurs taxes. Au début de ce mois, Pékin avait augmenté, pour la deuxième fois cette année, de 5,8 % le prix des carburants. En février dernier, l'essence à la pompe avait déjà été renchérie de 4,6 %. Le pouvoir répercute ainsi la hausse du prix du pétrole sur les marchés mondiaux. La Chine est, après les États-Unis, le deuxième consommateur de pétrole au monde, absorbant 10,4 % du pétrole utilisé dans le monde (contre 21 % aux États-Unis). Parallèlement les prix alimentaires ont grimpé de 11,7 % au premier trimestre. La protestation des chauffeurs routiers, passée sous silence par les médias chinois, illustre une profonde inquiétude envers l'inflation parmi le 1,3 milliard de Chinois (voir ci-dessous). Plusieurs chercheurs, à l'instar de l'économiste à l'université Georgetown, Albert Keidel, rappellent que « l'inflation faisait partie des principaux griefs durant les manifestations de la place Tienanmen en 1989 ». Le pouvoir n'ignore plus ces craintes, comme ses concessions pour les routiers le montrent ou même celles octroyées aux chauffeurs de taxi de Shanghai.

La question fiscale

Ainsi l'agence de presse Xinhua expliquait lundi que, « l'inflation augmentant, les Chinois veulent davantage de réduc- tions d'impôts ». Selon l'agence officielle chinoise, « les habitants des grandes villes chinoises espèrent de plus importantes baisses d'impôts sur le revenu que prévu par le législateur pour faire face à l'inflation galopante et les prix des logements élevés réduisant les revenus ». Une des mesures, jugée insuffisante, est de hisser le plancher de non-imposition de 2.000 à 3.000 yuans (soit de 212 à 317 euros).

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