Depuis l'étranger, l'attractivité de la France fléchit légèrement, selon les CCE

Mesurer la capacité à être attractif est un exercice qui a toute sa saveur dans une période économiquement bouleversée. Si Business France montre que les investisseurs sont loin de bouder la France, vu de l’étranger, l’Hexagone conserve aussi tout son pouvoir d’attraction, ainsi que le souligne l’indice d’attractivité mesuré par les conseillers du commerce extérieur (CCE).
« Les cerveaux partent moins, le télétravail a changé la donne en terme d'organisation de travail ».
« Les cerveaux partent moins, le télétravail a changé la donne en terme d'organisation de travail ». (Crédits : Reuters)

La France plaît aux investisseurs. C'est un fait établi par les chiffres et une tendance qui se poursuit de manière plutôt constante, au fil des ans. C'est ce que dit Business France, d'abord, qui enregistre une hausse de 7% des décisions d'investissement en 2022 par rapport à 2021. Et c'est aussi ce que dit un autre indicateur, l'indice d'attractivité produit par les conseillers du commerce extérieur de la France (CCE), qui depuis dix ans, mesure l'image de l'Hexagone aux quatre coins du monde.

Un indice 2023 qui, regardé de manière brute, est plutôt positif, s'établissant à 62,7%. Mais un indice qui s'érode discrètement, puisqu'il était de 64% en 2022. Le voici revenu à un niveau pré-crise sanitaire.

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L'énergie, le facteur qui chute fort

Là où le bât blesse - car l'indice s'érode - c'est sur le sujet de l'approvisionnement et du coût de l'énergie, facteur qui permet la qualité des infrastructures, les capacités d'innovation et de recherche, la qualité de la main-d'œuvre ou l'environnement culturel. Au total, l'étude s'appuie sur une douzaine de facteurs constituant l'indice global. Un facteur énergétique qui subit une baisse de près de 18 points, la plus forte baisse enregistrée pour 2023.

« Dans toutes les tempêtes et les différentes crises que l'on a traversé, l'attractivité de la France s'est maintenue », rappelle Gilles Bonnenfant, président d'Eurogroup Consulting et président de la commission Attractivité des conseillers du commerce extérieur de la France. « Mais la compétition à venir est une compétition de climato-compatibilité ou de décarbonation, dit autrement. Les taxes carbones qui vont arriver aux portes de l'Europe vont rebattre les cartes et pousser le produire en France ».

Politique fiscale et administration, « encore un petit effort »

Autrement dit, la compétitivité prend sa place sur le terrain de l'industrie et de la décarbonation. Un enjeu de taille, qui a été le centre de bien des débats en pleine crise, que le Plan relance dédié a voulu accompagner mais dont on sent encore un flottement entre volonté de réindustrialiser vert et ce qui se passe véritablement sur le terrain. « Il va nous falloir choisir nos combats industriels », commente Gilles Bonnenfant, redessinant en trois chiffres, le paysage industriel vert mondial avec une industrie décarbonée à 24% en Allemagne et à 50% en France, quand elle n'est « que » de 18% aux Etats-Unis.

« La France est le pays qui a le plus agit sur les impôts de production. Mais il faudrait encore un petit effort », estime Gilles Bonnenfant. Faire plus, oui, mais avant tout « plus simple et plus facile pour ce qui concerne l'attractivité du quotidien ». Ce qui englobe la politique fiscale et tout ce qui relève de l'administration. Parce que justement, en termes d'industrie verte, la réponse est-elle française ou européenne ? interroge le président de la commission attractivité.

Un campus de l'industrie verte ?

« La France dispose d'un énorme avantage, c'est sa position au centre de l'Europe. Infrastructures, recherche, eau... nous disposons d'atouts de dingue et à cela s'ajoute l'art de vivre. Il ne faut pas être dans le rêve ou le bashing, mais dans un juste milieu. Il faut former les jeunes ingénieurs. L'Asie a très bien compris que l'enjeu ne se ferait pas sur la masse salariale. L'une de nos erreurs a été d'abandonner le nucléaire, un secteur qui nécessite 300.000 à 350.000 techniciens quand seulement 100.000 techniciens sont formés par an. Il nous faut travailler l'employabilité, la formation », ajoute Gilles Bonnenfant.

Tout cela dans le but de réconcilier « les 20-25 ans avec l'industrie de demain. Nous avons de vrais sujets de souveraineté, de taxes carbone ». Et de soumettre l'idée, pourquoi pas, d'un campus de l'industrie verte, qui dupliquerait le modèle du Campus Cyber, ce lieu totem dédié à la cybersécurité et qui réunit tout ce qui fait la chaîne de valeur et l'écosystème dans une dynamique commune. « Il faut trouver des logiques de facilitation ».

La French Tech et l'impact sur l'image

Regardée avec les yeux de Chimène pour sa capacité à encourager l'innovation - notamment grâce au crédit impôt recherche plébiscité par les entreprises - l'Hexagone a aussi joué fort en structurant une French Tech qui constitue, vue de l'étranger - un joli porte-drapeau de la tech tricolore. « En terme d'image, c'est colossal », consent Gilles Bonnenfant. La France est : « un pays qui est bien placé en termes de dépôt de brevet. Les cerveaux partent moins, le remote (télétravail) a changé la donne en terme d'organisation de travail ».

Le quoi qu'il en coûte a aussi joué sur l'effet attraction. Avec une inflation la moins élevée de l'Europe, la France gagne des points. « L'attractivité est aussi dans le modèle social ». Et « l'attractivité sert notre souveraineté. Ne cherchons pas à tout réindustrialiser. Il faut définir les sujets sur lesquels nous voulons être innovants et pas vouloir être sur toutes les thématiques, tous azimuts », conseille Gilles Bonnenfant. Qui rappelle que les investisseurs ne regardent pas la dette pour définir leur projet d'implantation ou de collaboration avec la France. Mais qu'en revanche, le cap de 2027 et de qui présidera la France peut être un sujet d'inquiétude, notamment sur la possible - ou non - rétroactivité fiscale.

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