Attractivité de la France : les investissements étrangers au plus haut en 2022, l'IRA pourrait changer la donne en 2023

Le nombre de décisions d'investissements a atteint un record l'année dernière, selon l'agence Business France, avec 1.725 projets recensés contre 1.607 un an auparavant. L'Inflation Reduction Act (IRA) défendu par le président américain Joe Biden pourrait rebattre les cartes de l'attractivité en France et en Europe. Ce plan est perçu comme « une compétition féroce » par le nouveau patron de l'agence en charge de l'attractivité de l'Hexagone et pilier de la Macronie Laurent Saint-Martin.
Grégoire Normand
Ces projets d'investissement ont permis le maintien ou la création de 58.800 emplois.
Ces projets d'investissement ont permis le maintien ou la création de 58.800 emplois. (Crédits : Reuters)

L'attractivité de l'Hexagone ne se dément pas. Après une année 2022 marquée par l'éclatement du conflit en Ukraine, les entreprises étrangères ont continué d'investir sur le sol français. Le dernier bilan de l'agence Business France dévoilé ce lundi 27 février indique que le nombre de décisions d'investissements s'est établi à 1.725 en 2022, soit une hausse de 7% par rapport à 2021. Ces décisions ont permis le maintien ou la création de 58.810 emplois. Ce qui fait en moyenne 34 emplois maintenus ou crées. Une grande partie de ces projets concerne les communes de moins de 20.000 habitants. Ces collectivités représentent 43% des projets en 2022 et 39% des emplois.

L'année précédente, l'organisme avait enregistré 1.607 projets et 45.008 emplois crées ou maintenus, soit une moyenne de 28 emplois. Sur les réseaux Twitter et Linkedin, le président de la République Emmanuel Macron n'a pas manqué de tirer profit de ce bilan. « Avec le plus grand nombre de décisions d'investissements étrangers en France, 2022 est une année record. La France attire plus que jamais et crée des emplois », a déclaré le chef de l'Etat. De son côté, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est félicité dans un communiqué. « Dans un contexte international bousculé, la France tient le cap. L'année 2022 vient confirmer la capacité de notre pays à capter des projets d'investissements internationaux pourvoyeurs d'emplois et de richesse pour nos concitoyens et nos territoires. »

Malgré la guerre en Ukraine et l'explosion des prix l'année dernière, beaucoup de multinationales ont privilégié l'économie tricolore. « 2022 est la résultante d'un triptyque sur la fiscalité, le droit du travail et la capacité de la France à résister. La France a su contenir son inflation », a déclaré le directeur de l'agence Business France Laurent Saint-Martin contacté par La Tribune. « Ces résultats illustrent les bons choix en matière de décision sur le 'quoi qu'il en coûte", le plan de relance et la plan France 2030 , » a-t-il ajouté.

Derrière cet optimisme, l'économie française est loin d'avoir enregistré une embellie en 2022. L'onde de choc de la guerre en Ukraine s'est propagée dans de nombreux secteurs économiques et la chute vertigineuse de la production électrique en raison des multiples interventions sur le parc nucléaire ont fragilisé le récit du gouvernement sur l'indépendance énergétique tricolore.

Même si l'exécutif répète que l'activité a « résisté » , le chiffre de croissance du PIB de 2,6% en rythme annuel est surtout le résultat du fort rebond de 2021 post-pandémie. En rythme trimestriel, la croissance du PIB a augmenté de seulement 0,15% en moyenne au cours de l'année 2022. Enfin, le déficit commercial, point noir de l'économie tricolore, a plongé à un niveau abyssal l'année dernière, à 164 milliards d'euros.

Lire aussiLe commerce extérieur français enregistre un déficit abyssal en 2022 à 164 milliards d'euros

Les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni sur le podium

Parmi les pays en tête des investissements en France figurent en premier lieu les Etats-Unis (280 projets ; +13% par rapport à 2021), l'Allemagne (256 projets ; -14%) et le Royaume-Uni (176 projets ; +17%). Les Pays-Bas (142 projets ; +38%) et l'Italie (139 projets ; +45%)  arrivent respectivement en quatrième et cinquième position. Malgré les annonces sur l'Inflation Reduction Act (IRA) et le coût plus élevé de l'énergie sur le Vieux continent, les entreprises américaines sont revenues en pôle position.

L'Allemagne avait occupé cette première place en 2021 et 2020 mais il semble que la crise énergétique et le conflit en Ukraine ont porté un coup sévère aux projets d'investissements outre-Rhin. En effet, l'économie allemande, très dépendante de l'énergie russe a plongé en territoire négatif en fin d'année avec une croissance de -0,2% au dernier trimestre 2022. « On ne peut pas parler d'un déclassement de l'Allemagne , tient à nuancer Laurent Saint-Martin. Elle continue de beaucoup investir en France.  »

Le secteur des services représente encore la moitié des projets, les décisions stables dans l'industrie

Malgré la réindustrialisation mise en avant par le gouvernement, près de la moitié (49%) des projets d'investissements concerne encore les services. Ces décisions représentent 56% des emplois crées ou maintenus. « La France demeure un grand marché pour les services et la distribution aux yeux des investisseurs étrangers », explique Laurent Saint-Martin.

Sur l'industrie, les projets d'investissement sont relativement stables entre 2021 et 2022. Le nombre d'emplois crées par investissement a légèrement augmenté passant de 34 à 38 en moyenne. Les projets d'investissement concernent surtout des extensions (81%) de sites. En revanche, les créations de nouvelles implantions ne représentent qu'une très faible partie des investissements (12%).

Malgré la poursuite de la crise énergétique et l'inflation, Business France veut rester optimiste

L'indice des prix à la consommation est loin d'être retombée en France. Dans son dernier point de conjoncture du 7 février, l'Insee table sur un léger ralentissement de l'inflation entre janvier et juin passant de 6% à 5%. Les conjoncturistes évoquent un « plateau » soutenu par la dynamique des prix de l'alimentaire et moins ceux des prix de l'énergie.

En dépit de ces pressions inflationnistes, Laurent Saint-Martin veut rester optimiste. « En ce début d'année 2023, la France est toujours perçue comme un pays attractif. Elle a une capacité à résister à la hausse de l'inflation avec les annonces sur le nucléaire, les énergies renouvelables, l'industrie verte. Il reste 40 milliards d'euros du plan France 2030 à investir, » précise-t-il. Doté dans un premier temps d'un montant de 34 milliards d'euros, ce plan présenté en grande pompe sous les dorures de l'Elysée par le chef de l'Etat à l'automne 2021 a bénéficié d'une rallonge de 20 milliards d'euros.

Lire aussiParis Saclay Cancer Cluster : le premier biocluster du plan France 2030 est sur les rails

L'IRA reste « une compétition féroce » selon Business France

L'annonce à l'été 2022 de l'Inflation Reduction Act du président américain Joe Biden a provoqué de la stupeur et de vives inquiétudes dans les milieux économiques et industriels européens. « L'IRA reste une compétition féroce », a prévenu Laurent Saint Martin. La réponse va nécessiter une dimension européenne adaptée. Cette réponse va-t-elle satisfaire aux investisseurs étrangers ? »,  s'interroge-t-il.

Questionné sur le retard de l'Europe, l'ancien député (LREM) du Val-de-Marne et ex-trésorier de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron « s'inquiète moins du calendrier que du contenu des réponses apportées ». Pendant ce temps, des industriels partout sur le Vieux continent menacent toujours de délocaliser leur production outre-Atlantique. D'autres données sur les investissements étrangers seront publiées en amont du Sommet Choose France le 15 mai, au cours duquel le président Emmanuel Macron réunira des patrons de grands groupes étrangers lors de son traditionnel raout, indique encore Business France.

Grégoire Normand
Commentaires 8
à écrit le 27/02/2023 à 18:50
Signaler
Et pendant ce temps la balance commerciale industrielle continue à se dégrader. Mais les chiffres réels ne comptent pas . Seul le baratin compte....

le 27/02/2023 à 20:02
Signaler
c'est hélas qu'il manque à ce gouvernement juste un peu de bon sens

le 27/02/2023 à 22:43
Signaler
Demandez aux français d acheter français au lieu d’ aldi ou Amazon … ou Huswei asus et autre made in china / rpc en Allemagne ils achètent allemands …

le 27/02/2023 à 22:54
Signaler
@ burbubun : Si le commun des Français avait le bon sens économique et financier, ça se saurait non ?

à écrit le 27/02/2023 à 18:50
Signaler
Et pendant ce temps la balance commerciale industrielle continue à se dégrader. Mais les chiffres réels ne comptent pas . Seul le bar

à écrit le 27/02/2023 à 17:48
Signaler
La France a toujours été attractive pour les investissements venant de l'étranger. Ainsi, il y a 20 ans, 25 ans, quand j'étais encore prof, les cours en lycée faisaient déjà état de l'attractivité de la France concernant les investissements directs é...

le 27/02/2023 à 18:41
Signaler
Dans un pays capitaliste sans capitaux où l'épargne des Français va dans les livrets défiscalisés ou dans la pierre, le besoin en investissements étrangers dans l'industrie est un besoin permanent. Donc l'attractivité est donc un paramètre à travaill...

à écrit le 27/02/2023 à 17:06
Signaler
Je viens demander le désabonnement à votre site, merci de votre compréhension, cordialement.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.