Accès à l'enseignement supérieur : le lancement, déjà contesté, de la plateforme Parcoursup

Chose promise, chose due. Suite au chaos provoqué par la plateforme Admission PostBac (APB) l’été dernier, le gouvernement veut faire table rase avec Parcoursup. L’objectif ? Mieux accompagner l’orientation des bacheliers, « sans tirage au sort » assure-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur. Les syndicats pourtant, voient en ce nouveau système, un tri déguisé des candidats.
Pour le syndicat Snesup-FSU dénonce ainsi la mise en œuvre en toute illégalité de la sélection en licence.
Pour le syndicat Snesup-FSU dénonce ainsi la mise en œuvre en toute illégalité de la sélection en licence. (Crédits : Erica Ashleson)

La promesse du gouvernement était annoncée dans le « plan Etudiants » dévoilé en octobre 2016. Une nouvelle plateforme « plus simple et plus transparente » dit le communiqué. Sur le papier, ses points forts sont détaillés : « droit d'accès de tout bachelier à l'enseignement supérieur » ; « informations sur les attendus, taux de réussite, débouchés, contenus, capacité d'accueil » ; « accompagnement personnalisé » ; « procédure d'affectation simple et transparente » ; « regroupements de vœux » : « fin des classements de vœux » ; « propositions personnalisées au profil du lycéen » et enfin « fin du tirage au sort ».

Avec ce nouveau système aux ambitions tout à fait louables, le gouvernement souhaite ne plus revivre la situation de l'été 2016 durant lequel près de 3.700 élèves s'étaient retrouvés sans affectation pour leur poursuite d'études post-bac.

> Lire aussi : Accès à l'enseignement supérieur : la Cour des comptes appelle à une réforme

La "fiche avenir" remplace l'algorithme

Ce qui change, concrètement avec Parcoursup ? Les lycéens devront désormais formuler 10 voeux maximum (contre 24 auparavant), mais sans les classer afin d'éviter les choix par défaut. Ils devront motiver leur projet professionnel pour chaque choix. Parallèlement, le conseil de classe aura un rôle renforcé dans l'orientation des élèves. Il examinera les vœux et contribuera aux avis portés par le chef d'établissement via "la fiche avenir" transmise ensuite aux établissements d'enseignement supérieur que le lycéen souhaitera rejoindre. L'examen de ces établissements du supérieur, grande nouveauté de parcoursup, remplace ainsi l'algorithme d'APB et se basera sur les notes de première et de terminale, la motivation et la fameuse "fiche avenir".

Petite précision, le lycéen pourra désormais faire un voeu en dehors de son académie. Après la formulation des voeux, les élèves recevront une réponse : "oui", "oui si"(pour ceux qui devront faire une remise à niveau), "en attente" ou "non" et devront choisir d'accepter une proposition ou d'attendre s'ils sont sur la liste. Si la réponse à leurs voeux est "non", une proposition de la commission d'accès à l'enseignement supérieur leur sera proposée.

"Un tri social"

Ces arguments pour "faciliter l'accès" et "mieux accompagner" les bacheliers dans leur orientation sont avancés par le gouvernement, mais pour les syndicats, il s'agit au contraire d'un tri déguisé pour les futurs étudiants.

« Dorénavant, on pourra trier les étudiants en fonction de leur dossier, de leurs notes, selon leurs capacités à travailler en autonomie. On remplace un algorithme par des avis de conseils de classe, ce qui pour nous n'est pas la solution », a relevé Lilâ Le Bas, présidente de l'Unef sur Europe 1, lundi 15 janvier.

Pour le syndicat Snesup-FSU dénonce ainsi la mise en œuvre en toute illégalité de la sélection en licence. Pour les filières dites "en tension"(psycho, STAPS, droit) -c'est-à-dire là où il y a plus de demandes que de places-, les universités devraient, avec Parcoursup, privilégier les dossiers qui sont les "plus cohérents à la formation".

La fin de "l'école pour tous" ? C'est ce que semble dire, dans un communiqué publié en décembre, le syndicat Snesup-FSU qui ne décolère pas :

« Les générations 2000 subiraient de plein fouet les effets de cette réforme, en particulier les lycéen.ne.s des milieux les moins favorisés : stress de l'attente des réponses, affectation d'office pour les bacheliers/ières dont tous les vœux ont été rejetés, versement retardé des bourses, 'galères' liées aux inscriptions tardives - éventuellement dans des établissements situés loin du domicile familial - et à la recherche de logement... (...) C'est un "tri social".»

Mobilisation

Les réactions n'ont pas attendu puisque, face à cette réforme de l'accès à l'enseignement supérieur, lycéens et professeurs ont d'ores et déjà exprimé leur colère en organisant des blocus en France.

Félicitation aux lycéens mobilisés contre la sélection aujourd'hui ! #15sept #NONalaSelection #UNLSD pic.twitter.com/eUM7QNJhtK

— Giuseppe Aviges (@giusaviges) 15 janvier 2018

D'autre part, interrogés dans un sondage Diplomeo, 77% des terminales sondés se sont déclarés "inquiets" ou "stressés" par rapport à Parcoursup alors que 56% estiment ne pas avoir été suffisamment informés par la nouvelle plateforme. Après APB, pas sûr que Parcoursup fasse finalement davantage consensus.

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Le calendrier 2018 des étapes de la nouvelle procédure Parcoursup

  • 15 janvier 2018 : Ouverture de la plateforme d'admission Parcoursup et publication des tutoriels d'utilisation ;
  • Du 22 janvier au 13 mars : Saisie d'une adresse mail valide pour les lycéens et téléchargement de l'application sur les téléphones mobiles. Les futurs bacheliers peuvent consulter les caractéristiques détaillées de chaque formation puis ils saisissent les vœux avant le 13 mars, 18h. Les élèves peuvent formuler 10 vœux sans les classer ;
  • Jusqu'au 31 mars 2018 : Les futurs bacheliers finalisent le dossier en saisissant un projet de formation motivé pour chaque vœu et joignent d'éventuelles pièces demandées avant de valider leurs vœux. La confirmation doit se faire avant le 31 mars ;
  • Du 22 mai au 21 septembre : Les lycéens reçoivent une réponse à leurs vœux : « oui » ou « oui si » ou « en attente » ou « non » ;
  • À partir du 26 juin : Des vœux pour des formations disposant de places vacantes peuvent être formulés ;
  • Durant l'été : Les bacheliers s'inscrivent dans les établissements d'accueil.

statista parcourus


(Un graphique de notre partenaire Statista)

Commentaires 15
à écrit le 16/01/2018 à 9:15
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" Les générations 2000 subiraient de plein fouet les effets de cette réforme, en particulier les lycéen.ne.s des milieux les moins favorisés " On va en arriver à ce qui se passait dans les années 60/70 sous la droite,c'est le métier des parents qu...

le 16/01/2018 à 15:31
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Pour moi ce que vous dites est faux. Ca me semble être plutôt l'inverse. dans les années 60/70 l'égalité des chances et la méritocratie fonctionnaient beaucoup mieux.

le 16/01/2018 à 17:05
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@Théophile " la méritocratie fonctionnaient beaucoup mieux". Je viens de t’expliquer le contraire.Je ne sais pas ton âge ,mais moi j'ai vécu cela.Il y avait une sélection effectuée par le métier des parents qui était souvent des ouvriers ou em...

à écrit le 15/01/2018 à 20:37
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Le vrai problème est l'offre de formation disponible pour les élèves sortant du secondaire avec leur diplôme en poche. Personne n'a voulu anticiper la croissance des effectifs pourtant inévitable et chaque année on a 65 000 élèves en plus qui s'i...

le 16/01/2018 à 15:35
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Le problème est la gestion administrative et malthusienne du système. Avec une allocation universelle de la formation post bac et l'autorisation d'emprunter à long terme à taux nul (ou voisin de celui que paye l'état pour sa dette), le tout accompagn...

le 18/01/2018 à 22:07
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N'oubliez pas que nombre de ces étudiants en difficultés ne sont en fac que parce que le marché du travail n'est pas en plein emploi. Or, il est très difficile de lutter efficacement contre le chômage alors que le nombre d'actifs potentiel est extrêm...

à écrit le 15/01/2018 à 18:39
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En quoi permettre à un bachelier d'entrer en fac alors qu'il n'a pas le niveau pour réussir est-il une chance pour lui ? C'est une chance de commencer sa vie d'adulte par un échec annoncé ? Autant trouver un autre moyen pour offrir une aide équivalen...

le 16/01/2018 à 15:38
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Vous avez raison mais il faut traiter le problème en amont et orienter mieux, ne pas découvrir le problème au moment du bac.

le 18/01/2018 à 22:01
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@ Théophile : Trouvez une solution pour les petits en maternelle aujourd'hui serait bien mais les autres ? Il n'est pas possible de considérer deux générations de jeunes comme "perdus pour la France". Il faut bien trouver une solution pour eux, ils n...

à écrit le 15/01/2018 à 17:45
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Et en attendant qui paye l'incompétence et la corruptions généralisées des "partenariats" public-privé ? BEn nous comme d'habitude, toutes façons les riches peuvent pas payer leur argent est planqué dans les paradis fiscaux ! Au secours

à écrit le 15/01/2018 à 17:16
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En gros les copains qui ont fait ce logiciel se sont bien plantés mais comme ce sont des copains ben on leur laisse une seconde chance aussi incompétents soient ils. Une fois de plus, bravo !

le 16/01/2018 à 15:40
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Je ne suis pas certain que ce soit un problème de maîtrise d'œuvre informatique. Je soupçonne plutôt un problème de maîtrise d'ouvrage.

le 18/01/2018 à 15:20
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Si ceux qui ont fait les logiciels n'ont pas été capables de l'expliquer à ceux qui vont l'utiliser, désolé mais la faute reste sur le marchand hein. A moins bien entendu que vous ne soupçonniez un complot des fonctionnaires pour faire échouer l...

le 18/01/2018 à 22:13
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@ citoyen blasé : le maître d'oeuvre doit livrer un logiciel capable de faire le travail qu'on lui a commandé. Mais si le maître d'ouvrage n'a pas bien réfléchi à ses besoins, le maître d'oeuvre ne peut pas deviner ce que son client voulait faire du...

le 19/01/2018 à 14:49
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"Mais si le maître d'ouvrage n'a pas bien réfléchi à ses besoins, le maître d'oeuvre ne peut pas deviner ce que son client voulait faire du logiciel en fait..." C'est déplorable comme attitude, si vous pensez rendre service à une société en la pr...

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