Après le 49.3, Emmanuel Macron plus que jamais seul

POLITISCOPE. La mise en oeuvre de l'article 49.3 met en jeu l'avenir de la Première ministre à Matignon comme le sort de la réforme des retraites. Plus que jamais contesté dans la rue, le report à 64 ans de l'âge de départ dépend de la motion de censure LIOT qui sera débattue lundi.
Marc Endeweld
(Crédits : STEPHANE MAHE)

La semaine dernière, j'annonçais dans ma dernière chronique le scénario d'un « crash test politique » porté par Emmanuel Macron sur le vote de son projet de loi retraites. Et il faut bien le dire, jusqu'au bout, le président a été tenté par un coup de poker sur le vote de la loi. Jusqu'au bout, le locataire de l'Élysée a tenté d'user de tous les stratagèmes pour trouver une majorité à l'Assemblée Nationale. Convocation des députés, des ministres, des responsables de la majorité, alertes multiples dans les médias, dramatisation de l'événement, coups de pression personnels... Emmanuel Macron s'est retrouvé en première ligne jusqu'à la dernière minute.

Macron a inventé la majorité minoritaire !

Sauf que... ce chemin était bien plus risqué que les « éléments de langage » venus de Matignon ou de l'Élysée, et repris en masse par les commentateurs des chaînes d'info, ne pouvaient le présenter. « Macron a inventé la majorité minoritaire ! », s'esclaffe un opposant. De fait, à quelques heures du vote de la loi, l'exécutif s'est retrouvé face au mur de la réalité politique, en s'apercevant un peu tard qu'il lui manquait un sacré paquet de voix, surtout pour contrer la motion (surprise) de rejet préalable déposée par le groupe indépendant LIOT. Jeudi, cette motion avait ainsi de grandes chances de passer, ce qui aurait provoqué une plus grande humiliation encore du président Macron.

« La Première ministre est parfaitement consciente qu'elle était minoritaire, rappelle à juste titre le député centriste Charles de Courson, fin connaisseur des arcanes parlementaires et ardent défenseur des libertés publiques. Je devais défendre, d'ailleurs, une motion de rejet qui aurait été adoptée. Tous les pointages le montraient. C'est pour ça qu'ils ont eu recours au 49.3. Ce qui est une pure folie, car le déni de démocratie continue. Et maintenant, c'est la rue. C'est ce que disaient depuis des semaines les syndicats au gouvernement qui ne voulait pas entendre. Il y a un rejet massif de ce texte et par des moyens d'artifices de procédures, on veut faire voter un texte qui est rejeté par la majorité des députés et l'immense majorité de nos concitoyens. »
Ça va mieux en le disant, car une fois encore, la macronie, la claque passée, a continué à s'enfermer dans le déni de la situation politique, en rejetant un peu facilement la faute sur les députés LR, comme si ces derniers faisaient réellement partie intégrante d'une majorité, un doux rêve à cette heure, tant les incompréhensions ne cessent de monter entre les élus de droite et ceux fidèles au président de la République.

Pour Emmanuel Macron, cette journée de jeudi fut donc un crash tout court. Imposant un 49.3 à sa Première ministre à la dernière minute après une énième réunion d'urgence. Une claque monumentale. Pire, le président Macron se retrouve être la risée des médias internationaux qui s'interrogent aujourd'hui quant à sa capacité à préserver la cohésion nationale. Les images des forces de l'ordre usant des charges, des gaz lacrymogènes et des coups de matraque pour disperser les foules rassemblées dès la fin d'après midi sur la place de la Concorde comme dans les grandes villes universitaires en région ne sont pas du meilleur effet à moins de 500 jours des Jeux Olympiques... Ni les images des nombreux feux de poubelles dans les rues de la capitale.

Hier, vendredi, l'ensemble des ministres ont d'ailleurs annulé leurs déplacements. Sur le site internet de l'Élysée, l'agenda présidentiel s'est retrouvé indisponible « pour les jours suivants ». Un observateur en lien avec la macronie s'en amuse : « Il nous fait sa fuite à Baden Baden ! » De fait, dans les heures qui ont suivi l'annonce de ce 49.3, on pouvait ressentir une certaine panique dans les rangs macronistes. Si certains, comme le député Karl Oliven, n'hésitent pas à tout mettre sur le dos des Républicains, d'autres osent désormais à publiquement exprimer leurs doutes et leurs critiques : « On a peut-être manqué d'audace » en utilisant le 49.3, juge par exemple Eric Bothorel, le député Renaissance des Côtes-d'Armor, ajoutant que le gouvernement « devait » un vote « aux oppositions et aux opposants » sur le projet du gouvernement sur les retraites. D'autres, engagés à l'origine aux côtés d'Emmanuel Macron, et aujourd'hui en rupture, se font encore plus sévères. C'est le cas de Jean-Bernard Gaillot-Renucci, cofondateur en 2016 de « la droite avec Macron » : « le président peut être en colère contre Alexis Kohler qui a imposé Élisabeth Borne. Avec Catherine Vautrin [présidente LR de la communauté d'agglomération de Reims], on aurait eu un projet tout autant à droite mais elle aurait été beaucoup plus adroite pour le faire passer ». Cette faute originelle du second quinquennat est bien connue des lecteurs de La Tribune qui avaient pu en découvrir les coulisses à travers cette enquête.

La motion LIOT maintient le suspense

Mais ce n'est pas la seule faute d'Emmanuel Macron depuis le début de son second quinquennat. Résultat, mois après mois, un véritable malaise s'est emparé de la majorité à l'Assemblée. Certains, d'adorateurs sont passés à quasi frondeurs (en off pour l'instant). Au point que lundi, rien ne dit que la motion de censure transpartisane sera effectivement rejetée. « Selon les derniers comptages, il manque aujourd'hui 10 voix, cela fait peu. Certains députés LR ont annoncé qu'ils allaient la voter, mais d'autres chez Horizons ou même à Renaissance pourraient être tentés de la voter tellement ils en ont ras le bol d'être pris pour des idiots par ce président », décrypte un initié de l'art parlementaire.

Manifestement, ce ne sont pas les seuls. En quelques heures, on a vu ainsi Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, « confier » aux journalistes qu'il avait tenté jusqu'au bout de convaincre Emmanuel Macron de ne pas utiliser le 49.3, quitte à perdre. De son côté, le jeune Gabriel Attal, qui ne cache plus ses ambitions, a clairement pris ses distances (et son envol ?). Interrogé vendredi matin sur les motions de censure, le ministre a répondu : « tout peut arriver ». On l'a connu plus combatif pour défendre le gouvernement. À cette heure, Emmanuel Macron apparaît, plus que jamais, seul.

Marc Endeweld

Marc Endeweld
Commentaires 23
à écrit le 19/03/2023 à 22:02
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Mine rien dans 4 ans...Qui pour remplacer Macron? PS et LR out. Melanchon LFI super out. EELV et Rousseau...à mourir de rire. Roussel sympa mais communiste. Le Pen? Même pas en rêve, tous les autres hors jeu vont lui taper dessus. Reste...personne d'...

le 20/03/2023 à 0:03
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2027? Vous aurez soit le pen soit un mimes . Les lr et renaissance se sont grillés en utilisant un dispositif correctif pour la sécu plais un 49.3.. les gens concernés par la réforme ne l oublieront pas et feront comme en Italie . Lr et macro us dé...

le 20/03/2023 à 1:11
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Zemmour sera là pour servir nos intérêts.

à écrit le 19/03/2023 à 20:31
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McKron ayant trouvé l'excuse pour ne rien faire le reste de son mandat, le gouvernement issue de sa dissolution lui importe peu ! ;-)

à écrit le 19/03/2023 à 20:28
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McKron ayant trouver l'excuse pour ne rien faire le reste de son mandat, le gouvernement issue de sa dissolution lui importe peu !

à écrit le 19/03/2023 à 17:56
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il y a quelques semaines Macron s'etait rendu chez Poutine croyant tout regler d'un coup de baguette magique en fait c'est lui qui c'est fait regle mais la gestion Poutine a du lui deteindre dessus tetu comme un cosaque je fonce droit devant si ...

à écrit le 19/03/2023 à 16:55
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Il n'est pas SEUL...comme Mauvais élève, il a sa "prof" et elle a l'âge de raison qu'il n'a pas. Il aura donc 10 coups de règle sur les doigts, le bonnet d'âne et au coin de la porte d'entrée du COQ de l'Elysée. Comme un petit coq.

à écrit le 19/03/2023 à 13:36
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La Croix: La retraite à 60 ans a été l'une des mesures les plus emblématiques du premier septennat de François Mitterrand. Il s'agissait de la 82e des 110 propositions du candidat socialiste. « Le droit à la retraite à taux plein sera ouvert aux homm...

à écrit le 19/03/2023 à 13:32
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Reste à voir ce que feront les républicains face à la motion de censure. Ils ont quand-même perdu une présidentielle gagnée d'avance en 2017 parceque les militants ont soutenu François Fillon jusqu'au bout alors que Juppé pouvait gagner haut la main....

à écrit le 19/03/2023 à 13:02
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Le président des medias dans le mur!

à écrit le 19/03/2023 à 10:57
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Maintenant plus que jamais, on a besoin de faire sortir Macron.

le 19/03/2023 à 16:33
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Pour y mettre qui.? MLP, ou JLM ? Les 2 nous mènent vers un processus comme en Grèce. Le lendemain de leur élection remontée des taux d'intérêt et faillite.

à écrit le 18/03/2023 à 15:23
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Macron à 6 ans aura tout détruit économie,identité, culture sécurité, enseignement, hôpital, environnement etc Les premiers responsables sont les medias qui ont tout fait pour qu'il soit élu C’est da mettre un sociopathe au pouvoir!

le 19/03/2023 à 8:54
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il a voulu gouverner seul en recevant ce directives de bruxelles et des usa il a nier les francais dans son ensemble detruit les stuctures de sante de l'education encourager le remplacement des gaulois alors qu'il reste seul la france a deja pro...

le 19/03/2023 à 13:59
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peut il encore espérer de l agriculture Bretonne pour nourrir le peuple ? après tant de mépris à l égard des gaulois aujourd'hui réfractaires mais pas illettrés !

à écrit le 18/03/2023 à 12:23
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Il manque au président une étape importante dans son parcours celle d'élu de terrain contrairement à ses prédécesseurs qu'ils soient de droite ou de gauche tous s'étaient frottés aux électeurs et à leurs exigences et de ce fait savaient capter leu...

le 19/03/2023 à 16:42
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Rassurez vous dans 3 ans il n'y aura plus Macron, mais les problèmes ne disparaissent pas parce qu'on les poussent sous le tapis ou parce qu'on les nient. Ils reviennent généralement en boomerang. On aura peut être la retraite à 60 ans mais avec quel...

à écrit le 18/03/2023 à 11:32
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Le mal est fait. Je ne sais pas si Emmanuel Macron sait vraiment gouverner ou si ses cabinets de conseil ont voulu le piéger mais même si la réforme, comme il l’a répété, était justifiée à ses yeux, utiliser le 49.3 pour un sujet aussi important et s...

à écrit le 18/03/2023 à 11:27
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Le problème n°1 de ce "petit fonctionnaire" est de n'avoir aucun bon sens, aucune intuition, aucun sens commun. Fin de l'aéroport de NDDL: fin aussi des Zadistes: ils sont toujours là notamment à chaque manifestationb Nantaise ; Fermeture de Fessenhi...

le 18/03/2023 à 12:04
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" vision à long terme " est ce que ses prédécesseurs en avait une de vision à long terme , leur horizon se bornait plutôt à l'échéance de leur éventuelle réélection !!!

à écrit le 18/03/2023 à 9:36
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Quand on dirige un pays avec un tableur Excell et des chiffres tronqués en prenant la monnaie comme un but a atteindre, on se plante allègrement ! ;-)

le 19/03/2023 à 16:46
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Vaut-il mieux diriger ce pays en se contentant d'avoir pour but que des pertes, des dettes et des augmentations d'impôts ? C'est bien ce que nous réservent ceux qui veulent pourtant les remplacer.

le 19/03/2023 à 17:06
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C'est McKron qui est aux mannettes et la résultat est visible, pas besoin d'aller voir ailleurs des responsables ! ;-)

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