Interrogé par RTL, ce mardi matin, au salon de l'Agriculture, Gabriel Attal a promis de « continuer à réformer » afin de « réduire nos déficits ». Il s'est ainsi dit favorable à ce « qu'on rouvre le chantier de l'assurance chômage pour avoir un modèle social qui incite davantage à l'activité. » Ces derniers jours, le locataire de Matignon vise régulièrement ce système, beaucoup trop généreux selon l'exécutif.
Des comptes moins bons que prévus
On sait que Gabriel Attal est un homme pressé, mais en matière d'assurance chômage, il semble l'être particulièrement. Est-ce lié aux dernières prévisions de l'Unédic, qui gère le régime de l'Assurance chômage ? Publiées la semaine dernière, celles-ci sont en effet nettement moins bonnes qu'attendu. L'excédent du régime va atteindre un peu plus de 1,5 milliard d'euros contre les cinq milliards estimés en septembre 2023. Est-ce lié également aux rentrées fiscales qui sont également moins bonnes ? Au ralentissement de la croissance et à la menace d'une dégradation de sa note financière dès le printemps ? Assurément, il y a un peu de tout cela à la fois. Mais une chose est sûre, Gabriel Attal veut aller vite. Et dégainer sa copie avant l'été.
Réformer juste après la négociation sur l'emploi des seniors
« Nous allons attendre, comme nous nous y sommes engagés, la fin de la négociation avec les partenaires sociaux sur l'emploi des seniors, prévue à la fin du mois de mars, Donc on fera le point dans les prochaines semaines, mais il faut réformer sans attendre », plaide une source ministérielle.
Sur le fond, l'exécutif table sur une absence de compromis entre patronat et syndicats, ou au mieux, un compromis au rabais, a minima, qui ne permettra pas, selon lui, de faire suffisamment d'économies. Alors que l'exécutif cherche plus de 10 milliards d'euros, l'Assurance chômage lui semble être une voie où les excès sont multiples.
Répondre à l'attente des Français
Surtout que, selon Gabriel Attal, il y a « une attente des Français pour avoir un modèle social qui incite à la reprise d'emploi. » Et tant pis, si les syndicats ne sont pas tout à fait de cet avis. Tous sont unanimes, de la CGT à la CFDT, en passant par la CFE-CGC ou FO : durcir les droits des chômeurs et baisser le niveau des allocations n'incite pas à retrouver un travail, et risque surtout, dans un contexte économique difficile, de pousser des Français précaires dans la pauvreté. Quant au patronat, Patrick Martin, le président du Medef semble avoir intégré la réforme à venir. D'ailleurs, il ne la voit pas forcément d'un mauvais œil. Il n'exclut pas qu'Emmanuel Macron reprenne la gestion du régime, comme il l'avait inscrit dans son programme en 2017.
Inciter la reprise d'emploi
Matignon étudie plusieurs pistes. La première consiste à diminuer la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi. « On est passé de 24 mois à 18 mois de durée d'indemnisation, on peut encore la réduire », a ainsi assuré le Premier ministre. Autre levier selon l'exécutif : accentuer la dégressivité des allocations. Celle-ci s'applique notamment pour les cadres mais, selon plusieurs sources de la majorité, elle n'empêche pas les abus. « On peut aller beaucoup plus loin. Combien de jeunes diplômés, alors qu'ils savent qu'ils retrouveront du travail, prennent des vacances au frais de la collectivité ? parfois en se payant des voyages à l'autre bout du monde... », glisse ainsi un ministre.
De son côté, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie plaide, depuis novembre dernier, pour une refonte des modalités du régime spécifique des plus âgés, en alignant la durée d'indemnisation des seniors sur celle des autres chômeurs, c'est à dire en la baissant de 27 à 18 mois.
Atteindre le plein emploi
Si le gouvernement semble aussi pressé, c'est aussi parce que Emmanuel Macron tient toujours à son objectif : atteindre le plein emploi à la fin de son quinquennat, soit 5% contre 7,5% actuellement.
Selon les chiffres du ministère du Travail publiés ce mardi, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A (sans activité) est resté stable en janvier par rapport au mois précédent (+0,06%), avec 1.700 inscrits en plus, soit 3,035 millions. Ces derniers mois, le chômage avait plutôt tendance à repartir très légèrement à la hausse.
Emmanuel Macron se souvient que le président François Hollande avait renoncé à se présenter à un second mandat à cause d'une courbe du chômage qui ne s'inversait pas... Certes, si lui ne peut pas briguer un autre quinquennat, il parie sur le fait que la lutte contre le chômage est l'un des meilleurs barrages contre l'extrême droite.