Avion immobilisé dans la Marne : la qualification de traite d'êtres humains n'a pas été retenue

L'avion immobilisé depuis jeudi à l'aéroport de Vatry suite à un « signalement anonyme » a atterri à Bombay ce mardi. Et si la qualification de traite des êtres humains en bande organisée n'a finalement pas été retenue à ce stade, car les 303 Indiens seraient montés volontairement dans cet avion, une information judiciaire pour aide à l'entrée et au séjour irrégulier d'étrangers sur le territoire en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs a néanmoins été ouverte par la Junalco.
L'A340 bloqué pendant cinq jours a décollé lundi vers 14H40 et s'est posé ce mardi à 4H00 heure locale (lundi à 23H30 heure de Paris).
L'A340 bloqué pendant cinq jours a décollé lundi vers 14H40 et s'est posé ce mardi à 4H00 heure locale (lundi à 23H30 heure de Paris). (Crédits : Benoit Tessier)

Ils sont de retour en Inde : les 276 passagers indiens de l'avion qui a été immobilisé à l'aéroport de Vatry (Marne) ont atterri à Bombay, a indiqué une source aéroportuaire indienne, ce mardi.

L'A340 a ainsi décollé la veille vers 14H40 et s'est posé ce jour à 4H00 heure locale (lundi à 23H30 heure de Paris), selon ce responsable qui n'est pas autorisé à parler aux journalistes, confirmant les données fournies par le site internet de suivi des vols Flightradar24. Les autorités indiennes n'ont pas communiqué sur l'arrivée de l'avion, ni indiqué quand ses passagers allaient sortir de l'aéroport. L'ambassade d'Inde en France a remercié sur X, ex-Twitter, le « gouvernement français et l'aéroport de Vatry pour la résolution rapide de la situation ».

C'est ainsi la fin d'une affaire qui aura duré cinq jours dont quatre durant lesquels ces passagers sont restés bloqués en raison de soupçons d'immigration clandestine. Ils n'étaient toutefois que 276 sur les 303 initialement à bord de l'avion à poser de nouveau le pied sur le sol indien. En effet, 25 personnes, dont cinq mineurs - et non deux comme indiqué initialement par les autorités - restent en France après avoir formulé une demande d'asile. Celle-ci va être analysée à l'aéroport Charles-de-Gaulle, a précisé la préfecture, et ils « bénéficieront d'un entretien avec l'Ofpra ». En outre, deux passagers, soupçonnés d'être des passeurs et qui avaient été placés en garde à vue, ont été laissés libres sous le statut de témoins assistés à l'issue de leur interrogatoire devant un juge d'instruction parisien. Ces deux individus, nés en 2000 et 1984, se sont vu délivrer des obligations de quitter le territoire français (OQTF), ont indiqué leurs avocats à l'AFP.

Soupçons d'aide à l'entrée et au séjour irrégulier d'étrangers sur le territoire

Mais la qualification de traite des êtres humains en bande organisée n'a finalement pas été retenue à ce stade, car les 303 Indiens seraient montés volontairement dans cet avion, selon une source proche du dossier. Une information judiciaire pour aide à l'entrée et au séjour irrégulier d'étrangers sur le territoire en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs a néanmoins été ouverte par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco). Selon une source proche du dossier, les passagers, probablement des travailleurs aux Emirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d'entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada.

Lire aussiL'aéroport de Vatry, à 150 km de Paris, va-t-il être vendu à des investisseurs chinois ?

C'est pourtant un « signalement anonyme » selon lequel des passagers étaient « susceptibles d'être victimes de traite des êtres humains », comme l'avait indiqué le parquet de Paris à l'AFP vendredi dernier, qui a déclenché cette affaire et le confinement des 303 personnes dès jeudi dans le hall d'accueil de l'aéroport. Et ce alors que l'Airbus A340 de la compagnie roumaine Legend Airlines - petite compagnie dont la flotte est composée de quatre avions, dont deux A340-313, selon Flightradar24 - ne devait initialement effectuer qu'une escale technique d'une heure sur le petit aéroport de Vatry (Marne), le temps de faire le plein sur son trajet reliant Dubaï (Emirats arabes unis) à Managua, capitale du Nicaragua. Certains passagers ont, en effet, assuré à la justice avoir voulu se rendre au Nicaragua pour un séjour touristique.

« Problèmes d'exiguïté et de mauvaises conditions de vie »

Le hall de l'aéroport de Vatry est donc devenu, pendant cinq jours, un dortoir géant le temps que la Junalco mène son enquête afin de « vérifier si des éléments viendraient corroborer » les soupçons de traite d'êtres humains, selon le parquet.

Selon la préfecture de la Marne, des lits individuels, des toilettes et des douches avaient ainsi été installés dans cette zone d'attente, créée de toutes pièces pour faire face à cette situation inédite. Le bâtonnier de Châlons-en-Champagne, Me François Procureur, s'est toutefois ému dimanche de « problèmes d'exiguïté et de mauvaises conditions de vie ». Une ordonnance d'une juge des libertés et de la détention (JLD) consultée par l'AFP avait, en outre, pointé du doigt le fait que les passagers ont été retenus plusieurs heures « sans en connaître les motifs » en début de procédure et sans être informés de leurs droits « dans un délai raisonnable », ce qui constitue « une atteinte disproportionnée aux droits de la personne ».

Dimanche, un juge des libertés et de la détention avait alors décidé d'annuler la procédure de maintien pour trois passagers, remettant en cause sa légalité pour tous les autres. La justice a dans la foulée levé la saisie de l'appareil et les autorités se sont ensuite efforcées d'obtenir le plus rapidement possible « les autorisations nécessaires » à son redécollage sans s'étendre sur ce soudain changement de cap.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 26/12/2023 à 9:14
Signaler
Si c'est Vatry sur la photo, l'avion n'est pas un A340 mais un Antonov. Vatry doit être bien pratique pour trimballer des armes en douce.

à écrit le 26/12/2023 à 8:51
Signaler
Certains s'indignent de « problèmes d'exiguïté et de mauvaises conditions de vie » à l'aéroport de Vatry pendant 3 jours. Qu'ils fassent plutôt part de leur indignation à Dubaï des conditions de travail et d'hébergement déplorables des travailleurs i...

à écrit le 26/12/2023 à 7:24
Signaler
"car les 303 Indiens seraient montés volontairement dans cet avion" Une gigantesque hypocrisie puisque même les esclaves ont besoin d'argent étant obligés de travailler 70 heures par semaine pour 50 balles par mois pour finir brulés dans des usines v...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.