Après la déroute de LREM aux Régionales, Macron en opération séduction auprès des grands patrons étrangers

Le chef de l'Etat doit recevoir plus de 150 patrons dans l'enceinte du château de Versailles pour la quatrième édition du sommet Choose France. 25 projets d'investissements pour un montant total de 3,5 milliards d'euros doivent être annoncés.
Grégoire Normand
Depuis 2017, Emmanuel Macron réunit chaque année à Versailles, juste avant le Sommet de Davos, des patrons internationaux pour les pousser à investir en France.
Depuis 2017, Emmanuel Macron réunit chaque année à Versailles, juste avant le Sommet de Davos, des patrons internationaux pour les pousser à investir en France. (Crédits : Reuters)

Emmanuel Macron veut tourner la page de la pandémie. Après seize mois chamboulés par cette maladie planétaire, le chef de l'Etat a décidé de recevoir lundi 28 juin en grande pompe les patrons du monde entier dans l'enceinte prestigieuse du château de Versailles. Environ 110 dirigeants étrangers et 40 patrons français ont été conviés à la quatrième édition du sommet Choose France destiné à promouvoir l'attractivité de l'économie tricolore. Ont été annoncés les directeurs généraux de Snapchat, JP Morgan, Moderna, Zara, Siemens, Merck, Solvay ou encore Astrazeneca.

 "Le choix des patrons est basé sur un objectif de renouvellement par rapport aux éditions précédentes et ceux qui ont des perspectives d'investissement en France ont également été conviés pour que le président discute avec eux" confient des proches conseillers d'Emmanuel Macron. En raison de restrictions sanitaires, beaucoup de patrons asiatiques n'ont pas pu faire le déplacement.

Pour le chef de l'Etat, cette séquence au château du Roi Soleil est l'occasion de vanter son bilan à quelques mois du début de la campagne présidentielle après des résultats décevants aux élections régionales et départementales pour les candidats de la République en marche. Derrière cette opération de communication, le président veut courtiser les grands dirigeants de la planète adeptes de ce rendez-vous fastueux et faire oublier la gestion de la crise sanitaire jugée erratique par certains observateurs. Surtout que le quadragénaire avait dû revoir ses ambitions à la baisse en janvier dernier en organisant des visioconférences avec le gratin du patronat mondial depuis le château de l'Elysée.

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25 projets pour 3,5 milliards d'euros d'investissements

Malgré la pandémie, le gouvernement veut montrer que l'économie tricolore demeure attractive aux yeux des investisseurs étrangers. Au total, 25 projets doivent être annoncés en début de semaine pour un montant total de 3,5 milliards d'euros. Ce qui représente environ 7.000 emplois selon l'entourage du président de la République. Le projet le plus important concerne la grande usine de batteries électriques à Douai dans le Nord. La société chinoise Envision qui a des participations chez Nissan doit annoncer un investissement de 2 milliards d'euros jusqu'en 2030. 1.000 emplois pourraient être créés d'ici 2024 et 2.500 emplois d'ici 2031.

"Cet investissement est coordonné avec Renault. L'objectif est de créer 'une vallée des batteries'. Il s'agit de mettre en place un pôle de production de véhicules électriques dans le Nord" précisent les conseillers d'Emmanuel Macron.

"C'est un projet que Renault annoncera à cette occasion, le projet qui s'appelle ElectriCity et qui vise, sur l'ensemble des sites du Nord, les sites de Douai, mais également le site de Maubeuge," ajoutent-ils.

La seconde annonce importante concerne l'ouverture des nouveaux bureaux du géant bancaire JPMorgan en plein cœur de Paris. Cette inauguration doit avoir lieu mardi matin en présence du patron du mastodonte de la finance Jamie Dimon et du président de la République. "Ce choix confirme la stratégie d'attractivité en matière financière. En 2017, la France n'était pas sur la carte des relocalisations en Europe dans les activités financières avec le Brexit. 3.000 emplois ont été créés sur la place de Paris depuis 2017 et l'objectif serait de 4.000 emplois l'année prochaine. Les banques viennent à Paris pour profiter d'un écosystème" assurent plusieurs sources proches de la Présidence.

Jamie Dimon

Le CEO de JP Morgan Jamie Dimon. Crédits : Reuters.

Plan de relance européen au menu du déjeuner

Outre ces annonces et différentes rencontres bilatérales, un déjeuner spécial doit avoir lieu lundi midi présidé par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Le Commissaire européen en charge de l'industrie et des services Thierry Breton doit prendre part à cet échange où la politique de la relance européenne sera présentée. La semaine dernière, la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen a entamé une tournée européenne afin de valider les plans de relance des Etats européens qui doivent bénéficier des premiers subsides du plan de 750 milliards d'euros à partir de juillet. Les proches du président de la République comptent bien s'appuyer sur le plan de relance français et européen pour convaincre les dirigeants étrangers d'investir dans l'Hexagone.

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Un partenariat avec le forum économique mondial

L'autre moment important attendu est l'intervention du fondateur du Forum économique de Davos Klaus Schwab. L'événement mondial qui se tient traditionnellement en Suisse en début d'année a été plusieurs fois annulé et reporté cette année. Un partenariat avec la présidence de la République a finalement été conclu avec l'organisation du forum pour accueillir cet événement dans le cadre de Choose France. Le responsable allemand du WEF âgé de 83 ans doit animer une séquence sur "les réflexions de politique économique et de politique commerciale post-crise".

Le climat, grand absent de ce sommet

Le programme des deux jours du sommet fait l'impasse sur les questions climatiques. Même si à l'Elysée, on explique que "la finance durable est une priorité du chef de l'Etat", le climat ne figure pas à l'ordre du jour des différentes réunions, rencontres bilatérales et des repas de l'élite mondiale. Pourtant, les signaux d'alerte s'amplifient même au sein de la communauté des économistes proches du chef de l'Etat. Le dernier rapport de l'ancien chef économiste du FMI Olivier Blanchard et du prix Nobel Jean Tirole remis au président il y a quelques jours consacre une large partie à ce thème défini comme "un grand défi économique" pour l'avenir.

Au Palais de l'Elysée, les conseillers du président répondent que "ce sont deux exercices qui sont différents. Il y a un rapport prospectif et il y a du très immédiat pour les dirigeants. Après, il y a une vision qui sera portée donc le président peut s'inspirer de différentes sources pour la vision qu'il porte sur la politique économique française sur plusieurs années. Mais ce n'est pas exactement le même exercice, un rapport d'économistes et une présentation plus business pour les entreprises".

Lire aussi Climat, retraites, successions : les propositions choc du rapport Blanchard-Tirole

Grégoire Normand
Commentaires 11
à écrit le 28/06/2021 à 20:29
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Encore de la com' du président des apatrides de la finance... ou bien un appel à contribution pour financer sa candidature présidentielle comme en 2017 avec Goldman Sachs.

à écrit le 28/06/2021 à 19:49
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Et pourtant son ministre de l'intérieur, la non communication, sauf au deuxieme tour est une vrai manip démocratique! bon avec sarkzoy, nous avons franchit les limites du viables, leurs logiques du marché, il n'ont pas hésité a refiler le bébé a une ...

à écrit le 28/06/2021 à 12:34
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Tous ces politiques sortis des "grandes écoles" ont été formatés sur le mode de la dérégulation, de la loi du marché pilotée par les entreprises. Macron est sûrement encore persuadé que le ruissellement fonctionne, même après avoir dit que le monde d...

le 28/06/2021 à 19:51
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clones tels sont leurs noms !

à écrit le 28/06/2021 à 12:34
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Tous ces politiques sortis des "grandes écoles" ont été formatés sur le mode de la dérégulation, de la loi du marché pilotée par les entreprises. Macron est sûrement encore persuadé que le ruissellement fonctionne, même après avoir dit que le monde d...

à écrit le 28/06/2021 à 10:09
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Macron n'a plus la moindre crédibilité où que ce soit ni auprès de qui que ce soit. Hollande était méprisé, à juste raison, lui est haï par une part significative de la population

à écrit le 28/06/2021 à 9:59
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Le président qui brasse de l'air. De la com et finalement une volonté de défaire ce qui marche. Sa dernière trouvaille ? Rendre les concours des grandes écoles plus faciles pour les boursiers ! Une insulte envers tous les élèves méritants, boursiers ...

le 28/06/2021 à 10:36
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"Une insulte envers tous les élèves méritants," Encore faudrait il que tous les élèves de ces grandes écoles soient méritants or depuis le temps, quand on voit comme notre classe dirigeante est de plus en plus défaillante, voir totalement aliénée...

à écrit le 28/06/2021 à 9:28
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Une belle grosse branlée totalement à contre courant des sondages annoncés par ses sponsors en effet, maintenant comme on l'a vu avec sa communication dirigée vers les jeunes qui n'a absolument pas fonctionné on peut se poser des questions quant à ce...

à écrit le 28/06/2021 à 9:06
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Comment imaginer que le français , pourtant parlé par 400 millions de personnes dans le monde puisse retrouver sa place? Nous avons un président qui abuse d'anglicismes à longueur de journée. Choose France, un vrai visionnaire de la francophonie notr...

à écrit le 28/06/2021 à 9:03
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Cela coûte cher de garder son job de nos jours! Une petite représentation médiatique et c'est reparti!

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