Coronavirus : "Pourquoi on ne nous sauve pas, nous, les PME ? C'est insupportable"

"En 30 ans, on en a connu des vagues et des vagues de crises: celle de 1995, celle de 2008 qui avait fait baisser le chiffre d'affaires de 30%... mais là on en est à 80%: s'il n'y a pas de reprise d'activité en avril, mai, on va vers le redressement et la liquidation", s'alarme Aziz Bentaleb, gérant de Calixir, un traiteur spécialisé dans l'événementiel d'entreprise, dont le secteur est particulièrement affecté par l'épidémie de coronavirus.
Photo d'illustration. Pour éviter une multiplication des défaillances d'entreprises, Bruno Le Maire a annoncé une série de mesures, dont le report des charges sociales.
Photo d'illustration. Pour éviter une multiplication des défaillances d'entreprises, Bruno Le Maire a annoncé une série de mesures, dont le report des charges sociales. (Crédits : Reuters/Alessandro Bianchi)

[Article publié le 11/03/2020 à 9h55, mis à jour le 11/03/2020 à 14h45]

"On a sauvé les banques en 2008. Pourquoi on ne nous sauve pas, nous, les PME? C'est insupportable": Avec un chiffre d'affaires en chute de 80%, Aziz Bentaleb craint que le coronavirus ne coule son entreprise de traiteur, après 30 ans d'existence.

Sur la trentaine de réceptions programmées la semaine prochaine, une seule a été maintenue et "elle pourrait bien être annulée", se désole le gérant de Calixir, un traiteur spécialisé dans l'événementiel d'entreprise, basé à Wissous dans l'Essonne. Il emploie 27 salariés et réalise 4 millions d'euros de chiffre d'affaires par an.

"En 30 ans, on en a connu des vagues et des vagues de crises: celle de 1995, celle de 2008 qui avait fait baisser le chiffre d'affaires de 30%... mais là on en est à 80%: s'il n'y a pas de reprise d'activité en avril, mai, on va vers le redressement et la liquidation", affirme M. Bentaleb à l'AFP.

L'activité avait déjà été ralentie en janvier par les grèves et les manifestations contre la réforme des retraites et depuis février l'épidémie de Covid-19 a conduit à des annulations en cascade d'événements, faisant perdre 284.000 euros de chiffre d'affaires à Calixir.

Lire aussi : Coronavirus : la France interdit tous les rassemblements de plus de 1000 personnes

"Le salon du Livre a été annulé, or nous assurions des cocktails sur le stand de Hachette, l'Institut du monde arabe a aussi annulé un événement", égrène le chef d'entreprise.

Vendredi, Traiteurs de France, qui regroupe 37 grands traiteurs nationaux totalisant 204 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel et 1.500 salariés, a réclamé des "mesures concrètes" pour pallier une perte de chiffre d'affaires supérieure à 3,5 millions d'euros en moins d'une semaine.

L'organisation en appelle au bon sens de tous:

"Chacun ira voter, chacun fréquente une grande surface, qui est un lieu de rencontres. Les événements ne doivent pas être 'sur-pénalisés' et il faut maintenir ce qui peut l'être, tout en respectant les consignes de prévention".

"Mois à zéro"

Traiteurs de France demande surtout à l'État "un plan de sauvegarde des activités avec, au-delà d'une baisse des charges ou d'un report temporaire, la création d'un fonds d'indemnisation spécifique" aux traiteurs.

L'organisation souhaite aussi une "rencontre rapide avec un médiateur" et un "encadrement juridique des conditions d'annulation et de cas de force majeure" pour sauvegarder un secteur qui représente "l'excellence de la gastronomie française, l'un des fleurons de l'économie du pays".

"Les traiteurs sont particulièrement touchés: pour certains, cela a été un mois à zéro" commande ou prestation, a déclaré mardi à l'AFP Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, chargé du secteur du tourisme.

Lundi, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait reconnu que l'impact du coronavirus sur la croissance de l'économie française serait "sévère", avec certains secteurs "très durement touchés". Si les baisses de chiffre d'affaires atteignent d'ores et déjà 30 à 40% en moyenne dans l'hôtellerie, 25% pour les restaurateurs, elles vont jusqu'à 60% pour les traiteurs, a-t-il dit.

Lire aussi : Coronavirus: annulations de concerts en cascade, ventes de billets en chute libre (-50%), le monde du spectacle appelle à l'aide

Pour éviter une multiplication des défaillances d'entreprises, M. Le Maire a annoncé une simplification de la demande de report des charges sociales, des dégrèvements d'impôts directs "au cas par cas" pour les entreprises "menacées de disparition", et un chômage partiel renforcé.

Lire aussi : Coronavirus: 900 entreprises ont déposé un dossier de chômage partiel

À Calixir, "dix personnes de la production sont au chômage partiel, quatre sur six à la logistique et la livraison... les administratifs et les commerciaux le seront la semaine prochaine", rapporte M. Bentaleb. "Mais cela ne suffira pas, les assurances bottent en touche, les banques, au final, ne font que nous rajouter de la dette..."

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) demande de son côté à l'État de prendre en charge la part de financement restant à l'employeur en cas de chômage partiel et de reconnaître un "état de catastrophe sanitaire" permettant de faire jouer auprès des assureurs une garantie perte d'exploitation aujourd'hui prévue pour les catastrophes naturelles.

Commentaires 15
à écrit le 12/03/2020 à 9:26
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En tant que salarié, j'ai l'équivalent de 12 mois de salaire d'avance en épargne en cas de coup dur. Pour cela, j'ai fait quelques sacrifices en ayant un train de vie sobre. Cela devrait être pareil pour les entreprises, à savoir l'équivalent d'au mo...

le 22/04/2020 à 15:05
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Bonjour, Je suis en Micro Entreprise. Je n'ai jamais pu mettre un sous de côté ayantun chiffre d'affaire annuel variant de 6000 à 12000 euros par an. Aucune aide de nulle part. Uniquement le soutien de quelques clients fidèles. Je travaille le plus ...

le 22/04/2020 à 15:09
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Bonjour, Je suis en Micro Entreprise. Je n'ai jamais pu mettre un sous de côté ayantun chiffre d'affaire annuel variant de 6000 à 12000. Aucune aide de nulle part. Uniquement le soutien de quelques clients fidèles et celui d'un ami. Je travaille le ...

le 22/04/2020 à 15:10
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Bonjour, Je suis en Micro Entreprise. Je n'ai jamais pu mettre un sous de côté ayantun chiffre d'affaire annuel variant de 6000 à 12000 Euros. Aucune aide de nulle part. Uniquement le soutien de quelques clients fidèles et celui d'un ami. Je travail...

à écrit le 11/03/2020 à 19:04
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Dans le système tel qu'il fonctionne, la solution rationnelle pour ce patron est de "sauver les meubles"...et ensuite "couler" sa boîte rapidement tout en restant "clean". L'étape suivante sera de repartir à zéro en utilisant tout ce que le système o...

le 12/03/2020 à 6:09
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Je crois que vous n’avez jamais de votre vie géré une entreprise (en tous cas, une pme). Partir clean et recommencer? Partir clean, c,’est rembourser les banques, les actionnaires, payer les fournisseurs, les salariés. Est-ce possible quand n est d...

à écrit le 11/03/2020 à 19:03
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"il y-a ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien", c'est pourtant pas difficile à comprendre rassurez-vous LVMH (en février) à pu proposer pour l'équivalent de 9.3 milliards d'euros d'obligations à un taux moyen de rendement de 0.05% sur l'ense...

à écrit le 11/03/2020 à 16:52
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Il n'y a pas de politique qui a un emploi fictif dans une PME donc à quoi ça sert de les sauver. C'est simple à comprendre

à écrit le 11/03/2020 à 11:26
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la secrétaire d'Etat Panier-Runacher a jugé que c'est le moment d'investir en bourse dont on observe une chute généralisée des valeurs cotées . elle fait donc le choix d'inciter à soutenir prioritairement les grandes entreprises au détriment des PME ...

à écrit le 11/03/2020 à 11:20
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comme disait Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) en octobre 2011 dans le magazine Enjeux Les Echos : "Les gestionnaires d'entreprises sont schizo. ils dénigrent l'Etat en permanence, mais dés qu'ils ont un problème ils l'appellent à la rescousse". si ...

le 11/03/2020 à 13:27
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Et en 2020, Roux de Bézieux demande la même chose dans l'autre article ,comme quoi. A noter ,que ce n'est pas la peine d'aider les PME , puisque la Commission européenne a voulu rassurer, avec un nouveau fonds spécialement dédié. Ce "fonds d'inv...

le 12/03/2020 à 8:33
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Sauf que la France est le pays où il y a le plus d'impôts avant même de produire du chiffre d'affaires, le pays qui taxe le plus les bénéfices, qui a le plus de taxes débiles au nom de n'importe quel prétexte. Et la France pour ne rien arranger a l...

à écrit le 11/03/2020 à 10:57
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Pour se lancer à créér une entreprise déjà il faut un peu de folie au sein d'un système qui n'est généreux qu'avec les gros et surtout très gros, avec un système faisant que ces gros et ces très gros ne payent pas d'impôts imposant aux petits et moye...

le 12/03/2020 à 0:41
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Oui Monsieur, en tant qu'un Anglais c'est mon constat egalement - les grandes groupes francaises auraient etees aneanties par les Americains il y a longtemps sauf pour leurs caisses noires et le systeme de nomenklatura en France: eviddement ils ne pa...

le 12/03/2020 à 9:04
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Anglais avec un pseudo pareil ? -_- Les mecs, ta un médicament contre ça, ça s'appelle le lithium.

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