Covid-19 : quels sont les métiers les plus vulnérables ?

Aides-soignants, ouvriers du bâtiment, artisans....de nombreux emplois sont actuellement confrontés à des difficultés sanitaires et économiques. Dans une note éclairante, France Stratégie a établi une typologie des métiers les plus à risques pendant cette pandémie.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

La crise du coronavirus expose un grand nombre de travailleurs sur le marché du travail. Dans une note rendue publique ce mercredi 29 avril, le comité de France Stratégie a recensé cinq groupes de métiers vulnérables selon différents paramètres (sanitaires, économiques, financiers...). De nombreux travailleurs risquent de perdre leur emploi à l'issue de cette crise quand d'autres ont connu un fort accroissement de leur rythme de travail depuis le début du confinement. Cette pandémie remet en perspective beaucoup de métiers souvent délaissés ou peu médiatisés qui restent malgré tout indispensables au fonctionnement de la vie économique et sociale. La réouverture progressive du secteur tertiaire et l'industrie à partir du 11 mai pourrait à nouveau multiplier les tensions dans beaucoup de secteurs. En effet, une myriade d'aléas demeurent sur la capacité des employeurs à se procurer l'ensemble du matériel (masques, gel hydroalcoolique) pour appliquer les mesures de sécurité sanitaires et les gestes barrières. La pénurie de masques et les problèmes d'approvisionnement ont mis en lumière les multiples difficultés pour l'Etat, les collectivités, les établissements hospitaliers, le secteur privé à se fournir en matériel sanitaire à l'étranger et sur le territoire national.

Des vulnérabilités "de toujours"

Les chercheurs dans leur travaux ont d'abord identifié les métiers « vulnérables de toujours » qui cumulent souvent plusieurs types de difficultés. Il s'agit de métiers précaires avec des contrats courts, des CDD, ou du travail temporaire. Ces métiers représentent tout de même 4,2 millions de travailleurs. Ces personnes se retrouvent dans l'industrie et le bâtiment, dans la marine, la pêche, l'administratif. Les salariés devraient être confrontés à un risque de chômage siginificatif à la fin du confinement alors qu'ils ont beaucoup souffert lors de la crise de 2008-2009.

« Ces métiers ont en commun une vulnérabilité économique d'hier et d'aujourd'hui, liée à plusieurs facteurs. Leurs statuts sont d'abord plus précaires que pour la moyenne des emplois (près d'un sur cinq exerce en CDD ou en intérim). Leur activité cyclique pâtit en outre du ralentissement des secteurs qui les emploient (une exposition sectorielle forte). S'y ajoute l'impossibilité de travailler à domicile. Ces professionnels partagent également une fragilité financière, avec des salaires médians inférieurs à la moyenne » explique France Stratégie

De nouvelles vulnérabilités

De nombreuses personnes travaillant dans les transports et l'entreposage (manutentionnaires, conducteurs d'engins, agents administratifs et commerciaux des transport et du tourisme), les professionnels de l'hôtellerie-restauration (cuisiniers, serveurs, patrons et cadres d'hôtels), les métiers de services aux particuliers (coiffeurs, esthéticiens,) et les métiers des arts et du spectacle (intermittents) qui avaient connu une forte progression ces dernières années sont fortement exposés à cette crise historique. Ils seraient environ 4,3 millions de salariés selon les services de l'organisme rattaché à Matignon.

En outre, même si les salariés peuvent bénéficier du chômage partiel, ils ont souvent un statut relativement fragile. Le poids des contrats salariés non permanents peut s'élever à 20% dans ces professions, notamment dans la manutention, l'hôtellerie-restauration. A cela s'ajoutent des fragilités financières. En effet, ces professions touchent un salaire médian de 1.550 euros mensuels, «  le plus faible de toutes les catégories de professions identifiées » indique la note.

Les métiers sur le front très exposés au risque sanitaire

Malgré la mise à l'arrêt de pans entiers de l'économie tricolore, de nombreuses activités sont maintenues car jugées essentielles ou ne sont pas soumises à des fermetures administratives. Il s'agit souvent des professionnels de santé ou de nombreux métiers exercés dans les services publics. Ils regroupent au total 10,4 millions de personnes. Ces individus sont peu vulnérables économiquement et exercent souvent des métiers de soins, d'éducation, de propreté ou occupent des fonctions régaliennes (armée, police, pompiers), des métiers dans les services essentiels (caissiers, employés de la fonction publique) ou de l'agroalimentaire (métiers de bouche, professions agricoles). En revanche, ils sont plus susceptibles d'être en contact avec des personnes malades que d'autres travailleurs.

« Ces métiers sont pour la plupart soumis à un risque infectieux par leur contact direct avec le public : 73 % font habituellement face aux usagers, clients ou patients. Certains sont très exposés durant le confinement au risque sanitaire (soin, propreté, vente alimentaire), quand d'autres, dont l'activité est actuellement ralentie ou se fait à distance, le seront avec le déconfinement (vente non alimentaire, enseignement, garde d'enfants, etc.) » précise l'organisation.

Des cadres hyperconnectés en mode intensif

Le personnel d'encadrement est exposé à un faible risque économique en période de confinement. Ils sont plus souvent habitués à travailler à distance que les autres (38% contre 20%) et leur statut leur permet d'assurer leur activité professionnelle même s'ils rencontrent quelques difficultés. Ils sont environ 4 millions dans cette situation. « Le télétravail des cadres peut être subi et, en ce sens, occasionner une réorganisation du travail. Les cadres peuvent être sollicités pour adapter l'organisation de l'entreprise aux mesures de confinement et faciliter ainsi la reprise d'activité : mise en place du télétravail, communication interne, mesures de sécurité et d'hygiène. Ils sont un maillon intermédiaire dans l'organisation, dont le rôle est de déployer la stratégie de l'entreprise auprès de leurs équipes » indiquent les rédacteurs du document. Si les cadres sont moins confrontés à des risques sanitaires contrairement à de nombreux métiers, ils expriment souvent des difficultés pour concilier vie familiale et vie professionnelle (notamment la garde d'enfants, le suivi scolaire). En outre, il est parfois complexe de faire de véritables coupures entre le travail et les tâches de la vie quotidienne. Ils se retrouvent à exercer des tâches à forte intensité dans un contexte macroéconomique très dégradé.

 « Avant même le confinement, 81 % des cadres et jusqu'à 86 % des cadres des transports et de la logistique déclaraient avoir des quantités de travail excessives, contre 64 % pour l'ensemble des professions. Ils étaient également près de la moitié à déclarer devoir travailler sous pression (50 % contre 34 % pour l'ensemble des professions). Ces métiers mobilisent en effet des compétences en supervision et encadrement avec une intensité deux fois plus élevée que la moyenne nationale24, sans doute l'une des origines de cette mise sous tension.»

Beaucoup de cadres dans les secteurs actuellement sous pression redoutent de voir leur métier disparaître. Dans le bâtiment, la construction, l'industrie, les employeurs pourraient être obligés de licencier à la fin du confinement faute de visibilité sur l'avenir et de carnets de commande en berne. Si le chômage partiel permet de préserver l'emploi pendant la durée du confinement, le recul violent et brutal de l'activité dans de nombreux domaines risquent d'entraîner des destructions d'emplois.

Des professions intermédiaires relativement préservées

Beaucoup de métiers restent relativement peu exposés à la chute de l'économie hexagonale. Il s'agit de professions intermédiaires ou d'employés qualifiés qui ont un risque modéré, voire faible de perte d'emploi. France Stratégie en recensé environ 4 millions. Ils sont en partie mobilisés pendant la crise comme les employés de banques et des assurances. Ils peuvent également exercer des fonctions transversales à toutes les entreprises (employés de comptabilité, techniciens de l'informatique, services administratifs et financiers). Ces fonctions sont souvent exercés par des jeunes en début de carrière et travaillent moins à distance que les cadres. En revanche, ils peuvent se retrouver facilement en activité partielle.

Lire aussi : Chômage : le nombre de demandeurs d'emploi a explosé avec la pandémie

Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 30/04/2020 à 8:19
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vert ou rouge la méthode choisi est une escroquerie au départ les Français ne sont son pas égale aux nombre de lit par département et encore moins aux nombre de médecins ou est la devise française liberté, égalité ,fraternité et que dire de toute...

à écrit le 29/04/2020 à 16:10
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Président des GOPE ou feuille de route de Bruxelles ..?

à écrit le 29/04/2020 à 16:08
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Le métier le plus vulnérable est président de la république car on vous évalue sur des faits réel et plus sur de la tchatche.

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