
Les inquiétudes se propagent dans les entreprises en France. Après la mise à l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires pour des problèmes de corrosion et la perspective de potentielles coupures d'énergie de janvier, les dirigeants d'industrie, de PME et des millions de salariés redoutent des prochains mois difficiles. Les cris d'alarme se multiplient chez les organisations patronales et les lobbies de l'industrie tricolore. « Après la pandémie, nous butons aujourd'hui sur l'escalade des prix de l'énergie et des matières premières. A ces crises, s'ajoute le risque de coupure énergétique. Les tensions sont fortes sur le marché de l'énergie. Le mois de janvier s'annonce comme un test pour la résilience du réseau électrique et celui du gaz », a déclaré Bénédicte Caron, vice-présidente de la CPME, lors d'un séminaire ce mercredi 14 décembre consacré au délestage en France.
Du côté du gouvernement, le chef de l'Etat Emmanuel Macron et plusieurs ministres appellent à « ne pas céder à la panique ». Dans les milieux dirigeants, il est important d'anticiper ces possibles coupures. « Les entreprises doivent se préparer au délestage même si le président de la République a dit qu'il ne fallait pas "céder à la panique". Chacun doit faire le point sur sa propre entreprise », a ajouté Bénédicte Caron.
Gaz : pas de coupure brutale pour les 3.900 entreprises les plus énergivores
Les différents représentants des géants de l'énergie (Enedis, GRDF) présents lors de cette réunion ont assuré qu'il n'y aurait pas de coupure brutale des clients. Concernant le gaz, les délestages seront programmés et les différentes entreprises seront en principe prévenues. « Sur demande des gestionnaires de réseau, les grands consommateurs seront sollicités pour réduire, voire arrêter leur consommation. Ce n'est pas une coupure directe mais les clients seront contactés par téléphone, SMS ou mail. C'est une incitation forte à baisser la consommation sous deux heures. Cette demande devrait intervenir en cas de stockage très bas ou de températures très basses », a expliqué Alexandre Morcel de GRDF(Gaz Réseau Distribution France).
Ces coupures devraient concerner « les entreprises qui consomment plus de 5 gigawatts par an ». Au total, 3.900 entreprises pourraient être concernées par ces délestages. Si ces consignes ne sont pas respectées, des sanctions financières sont prévues dans un décret.
Electricité : « fort risque de délestage » selon Enedis
L'approvisionnement en énergie électrique se transforme en chemin de croix pour l'exécutif. Entre les problèmes massifs de corrosion sur le parc nucléaire hexagonal et les difficultés d'EDF à assurer la fourniture d'électricité en temps et en heure, les déboires s'accumulent. « Nous sommes dans un fort risque de délestage [...] Il nous manque aujourd'hui environ 10 gigawatts », a affirmé Thierry Vachon, directeur Clients Entreprises d'Enedis. Pour l'instant, le spécialiste a rappelé que le mois de novembre a été doux. « Nous avons eu de la chance [...] En revanche, nous avons moins de chances avec un mois de décembre très froid », a-t-il ajouté.
Le prolongement de ces températures hivernales pourrait précipiter beaucoup de secteurs dans de profondes difficultés. « Plus il y aura de déficit de production pour la consommation, plus les plages de délestage seront importantes. Le plus probable est qu'il y aura un déficit léger. Les délestages peuvent arriver en France continentale. La Corse et les DOM ne sont pas concernés », a-t-il rappelé. Sur le sujet sensible des entreprises concernées, « tous les clients seront affectés sauf les sites prioritaires représentant 38% de la puissance. Il s'agit des hôpitaux, des sites de Défense ou de sécurité nationale définis par les préfectures », a-t-il complété.
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