En cas de coupures d'électricité, l'alimentaire figure dans les priorités du gouvernement

En visite au salon international de l'alimentation à Villepinte (93), le ministre de l'agriculture Marc Fesneau a promis de faire en sorte que les secteurs agricole et agroalimentaire soient « prioritaires » en cas de coupures d'électricité cet hiver.
(Crédits : Reuters)

Fin août, la première ministre Elisabeth Borne a prévenu : si coupure d'électricité il doit y avoir cet hiver, les entreprises seront affectées avant les ménages français. Parmi les industries les plus inquiétées par ce discours se trouve l'agroalimentaire, pour qui l'énergie est nécessaire à la production, mais aussi à la continuité de la chaîne du froid et donc au transport et à la conservation des produits.

Les grandes entreprises du secteur laitier, le géant Lactalis en tête, ont donc demandé des garanties au ministre de l'agriculture Marc Fesneau à l'occasion de l'inauguration du salon international de l'alimentation, samedi 15 octobre à Villepinte. Ce dernier a répondu aux attentes, sans entrer dans le détail : « nous avons veillé a faire en sorte que l'agriculture et l'agroalimentaire soient dans les sujets prioritaires ».

« Pas d'alternative possible »

« S'il n'y a plus de gaz, on ne peut pas faire tourner nos usines et nos produits ne seront plus en rayons », résumait dans La Tribune Christophe Piednoël, directeur général de la communication et des relations extérieures du groupe Lactalis, leader mondial des produits laitiers (marques Président, Bridel, Lactel...), qui exploite 66 laiteries et fromageries dans l'Hexagone. « Il n'y a pas d'alternative possible car pour pasteuriser le lait nous devons le chauffer », poursuivait-il

Une coupure d'électricité rendrait, elle, toute collecte de lait impossible. « Ce serait un énorme gâchis pour les agriculteurs producteurs », pointe Christophe Piednoël. « Il ne suffit pas d'appuyer sur un simple bouton pour redémarrer un process. Une coupure d'électricité implique une rupture de la chaîne du froid », souligne-t-il. Lactalis attendait donc impatiemment cette prise de position du gouvernement, tout en travaillant en parallèle à la mise à jour de son plan de continuité.

L'agroalimentaire face au casse-tête de la flambée des prix de l'énergie

Au-delà des risques de coupures, le secteur fait face à un véritable casse-tête sur les prix. Après avoir absorbé la flambée du coût de l'alimentation animale plus tôt dans l'année, l'industrie laitière doit désormais encaisser celle de l'énergie. Yvan Borgne, directeur commercial export de la coopérative laitière Laïta fait état de « factures de gazole en hausse de 20%, de gaz multipliées par quatre ».

Depuis plusieurs mois, les industriels bataillent donc avec la grande distribution pour obtenir des hausses de prix qui, in fine, conditionnent aussi le revenu des éleveurs. « Les hausses qu'on a fait passer sont de l'ordre de 15-20%, mais il va falloir redoubler encore l'an prochain », prévient Yvan Borgne, concédant le difficile compromis entre prix bas pour le consommateur et juste rémunération des agriculteurs.

Le ministre espère que les discussions européennes prévues la semaine prochaine à Prague apporteraient « de la visibilité », notamment sur une potentielle décorrélation des prix du gaz et de l'électricité. Il a assuré que l'Etat viendrait en aide aux « industries agroalimentaires énergo-intensives » pour tenter de réduire leur facture énergétique. Une partie de ces hausses devra toutefois, selon lui, être « absorbée par le coût ». Autrement dit, le prix de l'énergie devrait aussi être répercuté dans le prix d'achat des produits par les supermarchés, puis dans le panier du consommateur.

Par ailleurs, Marc Fesneau a fustigé le « zèle » des distributeurs à infliger des pénalités logistiques à leurs fournisseurs en cas de retard de livraison. Il a estimé que le législateur pourrait être amené à intervenir si les abus devenaient trop nombreux.

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Commentaire 1
à écrit le 16/10/2022 à 15:27
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C'est marrant, parce que ce ne sont pas les accords de libre échange avec la Nouvelle Zélande et l'Ukraine signé dernièrement laissent supposer. Les filières céréalières et avicoles doivent être heureuses de cette concurrence déloyale d'un pays au SM...

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