« Le temps du système universel est venu, celui des régimes spéciaux s'achève » (Édouard Philippe)

Par Ivan Capecchi  |   |  853  mots
Edouard Philippe a confirmé la suppression des régimes spéciaux, sans donner de calendrier précis. (Crédits : Reuters)
RÉFORME DES RETRAITES. Universalité, équité et responsabilité... Tels sont les trois principes mis en avant par le Premier ministre pour présenter la réforme des retraites, dont le détail a été dévoilé, ce mercredi, devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE). La Tribune revient sur les principales mesures annoncées.

« Le temps est venu de construire un système universel de retraite ». C'est en ces mots que le Premier ministre, Édouard Philippe, a introduit le projet de réforme des retraites, dont les détails ont été présentés, ce mercredi, devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

En ce septième jour de grève, le chef du gouvernement s'est d'abord voulu rassurant :

« Je le dis aux Français : nous sommes peut-être en désaccord sur certains points, mais l'ambition d'universalité est une ambition de justice sociale. Il n'y a pas d'agenda caché, nous ne cherchons pas de petites économies ici ou là. Nous ne voulons léser personne mais au contraire protéger le pouvoir d'achat des travailleurs et des retraités, aujourd'hui et demain. »

Le système de retraite voulu par le gouvernement sera un système à points. « Nous nous engagerons à ce que la valeur du point ne soit pas fixée à la sauvette, au gré des difficultés budgétaires et nous demanderons aux partenaires sociaux de fixer sa valeur et son évolution », a précisé Édouard Philippe.

Le projet de loi, que le gouvernement veut "universel, équitable et responsable", sera prêt à la fin de cette année et examiné par le Parlement à la fin du mois de février 2020. En attendant, voici les principales mesures annoncées.

Les jeunes dans le régime universel dès 2022

La réforme ne concernera pas les générations nées avant 1975, qui continueront donc de bénéficier de l'ancien système. Les personnes nées après 1975 verront leur retraite calculée jusqu'en 2025 selon le système actuel d'annuités, et passeront au nouveau système à points à partir de 2025. Enfin, « ceux qui entreront pour la première fois sur le marché du travail en 2022 intégreront directement le nouveau système de retraite », a précisé Édouard Philippe.

Les régimes spéciaux supprimés, sans agenda

Lors de son allocution, le Premier ministre a officialisé la suppression des régimes spéciaux. « Le temps du système universel est venu, celui des régimes spéciaux s'achève », a-t-il déclaré, tout en assurant que cette transition se ferait « sans brutalité ». Toutefois, la majorité n'a pas donné de calendrier quant à la suppression effective de ces régimes spéciaux, et notamment ceux de la SNCF et de la RATP.

Un âge d'équilibre fixé à 64 ans avec bonus-malus

« Pour garantir les pensions [...] sans augmenter les impôts, la seule solution est de travailler, progressivement, un peu plus longtemps », a insisté Édouard Philippe. En ce sens, le gouvernement prévoit d'instaurer, d'ici 2027, un âge d'équilibre à 64 ans avec un « système de bonus-malus », qui reste à définir. Pour autant, le gouvernement maintiendra l'âge minimal de départ à la retraite à 62 ans.

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« Protéger les plus fragiles », et notamment les femmes

Une large partie du discours a porté sur la volonté affichée par Édouard Philippe de « protéger les plus fragiles ». En ce sens, le gouvernement prévoit de garantir une pension minimale de 1000 euros net par mois, pour une carrière complète au SMIC.

« Les femmes seront les grandes gagnantes du système universel », a par ailleurs promis le chef du gouvernement, en rappelant ce constat : « aujourd'hui, les pensions des femmes sont inférieures de presque de moitié à celle des hommes ».

La revalorisation des pensions des femmes passera, notamment, par un « rattrapage des salaires ». « Il a été engagé, nous essayons de l'accélérer », a précisé Édouard Philippe. « 80 000 femmes sont contraintes d'attendre 67 ans pour liquider leur retraite, a-t-il rappelé. A terme, elles pourront toucher leur pension deux à trois ans plus tôt ».

Mais le gouvernement veut aussi « accorder des points supplémentaires à chaque enfant et ce, dès le premier enfant, et non à partir du troisième comme aujourd'hui. Cette majoration de 5% par enfant sera accordée à la mère, sauf choix contraires des parents. »

Une prise en compte de la pénibilité étendue

Les personnes exerçant des « métiers usants » auront la possibilité de partir deux ans plus tôt, y compris, grande nouveauté, pour les fonctionnaires.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé l'assouplissement des critères pour la prise en compte du travail de nuit. Enfin, pour les aides-soignantes spécifiquement, Édouard Philippe a annoncé la mise en place d'un « nouveau dispositif permettant le financement d'un temps partiel en fin de carrière pour [celles] qui le sollicitent ».

Philippe souhaite l'arrêt de la grève

« Il me semble, a expliqué le Premier ministre en guise de conclusion, que les garanties données aux populations les plus inquiètes justifie que le dialogue reprenne et que la grève, qui pénalise des millions de français, s'arrête. » Les annonces faites par Édouard Philippe ne semblent pourtant pas avoir apaisé la colère des syndicats. Ceux de la SNCF ont par exemple d'ores et déjà annoncé leur intention de renforcer la mobilisation.

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