Emploi : un marché du travail sous tension avec le durcissement des règles sanitaires

La baisse du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A au cours du troisième trimestre est loin de compenser les hausses du printemps au plus fort de la crise. Le durcissement des règles depuis cet automne amplifie les risques de montée du chômage pour le dernier trimestre.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

C'est une bonne nouvelle qui pourrait être de courte durée. Selon les dernières données de Pôle emploi publiées ce mardi 27 octobre, le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A a diminué de 11,5% entre le second et le troisième trimestre, soit une baisse de 475.000 inscrits dans cette catégorie. Cette baisse spectaculaire masque cependant la montée des difficultés pour beaucoup de demandeurs d'emploi plongés dans un épais brouillard depuis le confinement au printemps. Avec le tour de vis des mesures sanitaires pour limiter la propagation du virus, les perspectives d'emploi se réduisent de jour en jour pour les travailleurs de la restauration, l'hôtellerie, le tourisme et les activités culturelles.

Une baisse loin de compenser la hausse du printemps

La mise sous cloche de l'économie tricolore a entraîné une hausse impressionnante du nombre d'inscrits à Pôle emploi au cours du second trimestre. Selon les données communiquées par le service de statistiques du ministère du Travail, les inscrits en catégorie A sont passés de 3,57 millions à 4,4 millions entre janvier et juin, soit une hausse de 830.000. Ce qui signifie que la baisse enregistrée au troisième trimestre est bien loin de compenser cette soudaine hausse. En outre, il n'y a jamais eu autant d'inscrits à Pôle emploi en catégorie A durant le troisième trimestre depuis au moins 2010, hormis durant le second trimestre 2020.

Une hausse des catégories B et C

Si le nombre de demandeurs en catégorie A a baissé au cours du troisième trimestre, les catégories B et C ont en revanche enregistré une hausse. Le nombre de personnes ayant exercé un travail réduit sur une courte durée (B) a augmenté de 9,7% et celui concernant les personnes en activité réduite sur une longue durée (C) a bondi de 37,7% sur la même période. L'effectif des catégories A, B, et C incluant les demandeurs d'emploi en activité réduite atteint 5,783 millions (-0,5% par rapport au T2), en hausse de 4,7% sur un an.

Un chômage attendu à 10,2% à la fin de l'année

Avec le déconfinement, les embauches sont reparties à la hausse au cours de l'été. Beaucoup d'entreprises qui avaient gelé leur recrutement pendant la paralysie de l'économie ont retrouvé le moral durant quelques semaines. La recrudescence de l'épidémie et le renforcement des restrictions pour limiter la propagation du virus devraient assombrir les perspectives pour la fin de l'année. L'Unedic en charge des comptes de l'assurance-chômage anticipe un taux de chômage à 10,5% pour 2020. 420.000 demandeurs d'emploi supplémentaires pourraient être indemnisés.

> Lire aussi : L'Unédic prévoit un chômage à 10,5% pour 2020, ses comptes sont dans le rouge

Le halo du chômage : la grande inconnue

Les fichiers de Pôle emploi ne permettent pas vraiment d'avoir une photographie exhaustive du marché du travail. Les données brutes ne prennent pas en compte l'évolution de la population active et ne permettent pas de faire des comparaisons dans le temps et l'espace contrairement à la mesure du taux de chômage au sens du Bureau international du travail. Dans cette période de crise brutale, beaucoup de personnes se sont retrouvées sans emploi du jour au lendemain sans qu'elles prennent le temps et/ou qu'elles aient le courage de s'inscrire à Pôle emploi. Plusieurs d'entre elles passent à travers les radars des agences de l'emploi. Cette catégorie du halo aux contours flous a atteint des sommets avant la crise. Environ 1,6 million de personnes entraient dans le halo. Un chiffre qui devrait empirer avec la crise.

> Lire aussi : Chômage, sous-emploi, halo... une radiographie du marché du travail en 2019

Grégoire Normand
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