Après une accalmie cet été, la recrudescence de l'épidémie depuis septembre oblige l'exécutif a bousculé son agenda des réformes. La précipitation de l'économie française dans une profonde récession a fait basculer beaucoup de travailleurs au chômage. Si la mise en oeuvre de l'activité partielle a permis de préserver une grande partie des revenus de la population active, l'arrivée de la seconde vague assombrit grandement les perspectives d'un rebond rapide de l'économie. Le durcissement des mesures sanitaires et l'application du couvre-feu dans 54 départements devraient une nouvelle fois peser sur le tourisme, la restauration, l'hôtellerie ou la culture déjà meurtris par un printemps cataclysmique. Face à cette nouvelle montée des risques, Jean Castex avait convoqué les partenaires sociaux ce lundi 26 octobre pour une conférence sur le dialogue social. Etaient également conviés le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, et le secrétaire d'Etat en charge des retraites Laurent Pietraszewski.
La réforme de l'assurance-chômage repoussée de trois mois
L'application de la délicate réforme de l'assurance chômage va être à nouveau reportée de trois mois, soit jusqu'au 1er avril 2021, ont annoncé lundi les partenaires sociaux à l'issue d'une conférence sociale à Matignon. "La réforme de l'assurance chômage, qui était suspendue jusqu'au 1er janvier, sera suspendue trois mois de plus" au vu de la crise sanitaire du Covid-19," a indiqué le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, le premier à s'exprimer à l'issue de la rencontre de près de trois heures. Le président de la Confédération des PME, François Asselin, a confirmé dans la foulée que la réforme était "décalée au 1er avril" d'après des propos rapportés par l'Agence France Presse. Dans l'entourage du chef du gouvernement, on assure "qu' on n'avait pas imaginé un tel contexte lors de la première réunion sur le dialogue social en juillet dernier". A l'issue de cette première réunion, le gouvernement avait prévu de repousser cette réforme au premier janvier prochain.
Les syndicats s'inquiètent des conséquences de l'état d'urgence
La prorogation de l'état d'urgence jusqu'au 21 février 2021 inquiète particulièrement les syndicats. Dans un communiqué, Force ouvrière a tiré la sonnette d'alarme ce lundi matin.
"L'organisation conteste [...] que la prorogation de l'Etat d'urgence sanitaire, jusqu'au 16 février 2021, reprenne les dispositions autorisant le gouvernement à prendre par ordonnances toute mesure permettant de rétablir la possibilité de déroger, de façon unilatérale de la part des employeurs, en matière de jours de repos, de durée du travail, de repos hebdomadaire, de travail dominical. FO rappelle qu'elle s'était déjà exprimée contre ces mesures figurant dans la loi du 23 mars dernier et dont on ne voit pas en quoi elles répondent à des impératifs sanitaire."
En limitant le nombre de personnes autorisées à se réunir, il estime que des mesures de l'état d'urgence entravent la liberté d'exercer des activités syndicales telles que des réunions ou des manifestations. Dans une missive adressée au Premier ministre le 14 octobre dernier, cinq organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC) s'inquiétaient de la dégradation du dialogue social alors que les destructions de postes et les restructurations se multiplient. Ils demandent en outre une annulation de cette réforme explosive. De son côté, Matignon assure que plus que jamais, "le dialogue social est indispensable. Il n'y a pas de renoncement mais d'autres priorités. Le dialogue social est le meilleur antidote à la crise". Apparemment, cette réforme a provoqué des "échanges nourris" selon les servies du Premier ministre. En attendant, l'exécutif veut maintenir le cap.