ESS, hôpital, restauration... Les secteurs qui en attendent plus de l'État face à la crise

Bien que le gouvernement ait décidé de consacrer 100 milliards d'euros pour relancer l'économie, les professionnels de certains secteurs comme l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) et l'hôpital considèrent ces aides insuffisantes. Pour les restaurateurs, les mesures prévues pour compenser les pertes lies au couvre-feu doivent aller plus loin et concerner les loyers et congés payés.
(Crédits : Reuters)

100 milliards d'euros pour l'écologie, la compétitivité et la cohésion dans le plan France Relance, élargissement du fonds de solidarité pour les entreprises touchées par le couvre-feu, prolongation du PGE... Les annonces de l'État pour soutenir l'économie s'enchaînent, sans forcément toujours convaincre.

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De 400 millions à un milliard pour l'ESS

C'est le cas de l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire (Udes). Cette dernière a demandé ce mardi 20 octobre par communiqué l'élargissement du fonds d'investissement utilisé pour financer les mesures d'aide du secteur.

« Dans les annonces du plan France Relance, il y a un fléchage prévu concernant le développement des entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS) dans les territoires, d'une part auprès de la Caisse des dépôts à hauteur de 300 millions et d'autre part auprès de BPIFrance pour 100 millions d'euros », a développé Hugues Vidor, le président de l'Udes.

« Ce qu'on souhaite, c'est que ces 400 millions d'euros puissent être élargis à un milliard, de façon notamment à accroître le soutien aux entreprises de l'ESS les plus en difficulté », a-t-il ajouté, précisant que ce fonds d'investissement soit entièrement piloté par la Caisse des dépôts.

Selon Hugues Vidor, les études réalisés en septembre décrivent actuellement un « climat mortifère », tout particulièrement dans les entreprises associatives qui emploient 1,8 des 2,4 millions de salariés de l'ESS. Selon l'Udes, « 33% des entreprises associatives craignent de ne pas pouvoir maintenir leur effectif salarié » et « 4.000 associations risquent le dépôt de bilan ». Les acteurs des milieux événementiels, culturels et sportifs, ainsi que médico-social font figure d'acteurs les plus fragiles.

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En parallèle, L'Udes, qui souhaite la prise en charge de l'activité partielle au-delà du 31 décembre et la suppression des charges sociales jusqu'en juin 2021, milite pour la création d'un « crédit d'impôt à l'innovation sociale ». Celui-ci pourrait atteindre, selon Hugues Vidor, « 1% des 20 milliards de baisses d'impôts de production » acceptées par le gouvernement pour relocaliser l'industrie.

L'Udes pousse enfin pour accorder un « soutien accru » au secteur médico-social et aux professionnels de l'accompagnement à domicile, grands oubliés au printemps du Ségur de la Santé, afin de répondre aux besoins de la population estimés à 6 milliards d'euros d'ici 2024 et 9 milliards d'euros d'ici 2030. Elle évalue à 600 millions d'euros « minimum » le plan de revalorisation des salaires de ces acteurs contre les 200.000 euros que le gouvernement a annoncé en année pleine la semaine dernière.

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Plus de salaire et de lits pour l'hôpital

Les professionnels de l'ESS ne sont pas les seuls mécontents. À l'hôpital aussi les mesures annoncées à l'issue du Ségur de la Santé, en juillet dernier, ne convainquent pas entièrement. Il est ainsi prévu que 8,2 milliards d'euros seront alloués par le gouvernement pour des augmentations de salaires et la création de 15.000 postes supplémentaires, 6 milliards pour l'investissement dans le système de santé et 13 milliards pour de la reprise de dette des hôpitaux par l'État.

Si les syndicats - CFDT, FO et Unsa - ont signé cet accord, il ne fait pas l'unanimité. Notamment concernant la revalorisation salariale. Une première augmentation générale des salaires (hors médecins) de 90 euros net a été octroyée le 1er octobre avec effet rétroactif au 1er septembre. Une seconde de 93 euros net devrait être versée « avant la fin de l'année » d'après une annonce de Jean Castex le 15 octobre dernier (elle était initialement prévue pour mars 2021). Soit au total 183 euros net.

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Une augmentation « très loin du rattrapage par rapport au niveau des salaires de l'OCDE », a estimé sur franceinfo le cardiologue Olivier Milleron, membre du collectif Inter-Hôpitaux. Les syndicats demandent en effet depuis 2019 une hausse de 300 euros, revendication qui avait d'ailleurs déjà nourri la mobilisation des hôpitaux. Une augmentation qui ne concerne d'ailleurs pas les professionnels du secteur médico-social, du social et du handicap qui se sentent ainsi laissés de côté.

Insuffisant aussi, le nombre de lits ouverts depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le ministre de la Santé Olivier Véran avait promis 4.000 ouvertures à la suite du Ségur de la Santé. Des lits qui ne sont toujours pas arrivés.

La Fédération hospitalière de France (FHF) estime également qu'il manque « a minima » 500 millions d'euros cette année et 700 millions en 2021 dans le projet de budget prévu pour les hôpitaux.

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Les loyers et congés payés à prendre en compte pour les restaurateurs

Le 15 octobre dernier, le Premier ministre Jean Castex annonçait l'élargissement du fonds de solidarité pour les entreprises de moins de 50 salariés de tous secteurs, situées dans les neuf zones touchées par le couvre-feu, sous certaines conditions. En parallèle, Bruno Le Maire avait indiqué que le dispositif de Prêt garanti par l'État (PGE) était prolongé du 31 décembre 2020 jusqu'au 30 juin 2021.

En plus de ces annonces, le secteur de l'hôtellerie-restauration veut que la réduction des charges restantes aux professionnelles soient mises sur la table. « Lorsqu'un établissement est fermé, il y a un reste à charge d'environ 25% de notre chiffre d'affaires » d'une année normale, selon Laurent Fréchet, restaurateur et membre du syndicat des indépendants (GNI) de l'hôtellerie-restauration.

Pour les restaurateurs, deux difficultés ne sont pas encore prises en compte dans les aides : les loyers, dont les montants dépassent souvent les 10.000 euros auxquels les restaurateurs ont droit au titre du fonds de solidarité, et les congés payés. « Les congés payés sont une bombe à retardement car on ne les avait pas anticipés », s'est ainsi alarmé Didier Chenet, président du GNI. Ils représentent, selon lui, 10% de la masse salariale et ont dû être payés ou provisionnés, y compris durant les mois de fermeture où le chiffre d'affaires a été nul.

(Avec AFP)

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