Grèves contre la réforme des retraites : le mouvement peut-il tenir ?

Ce mardi 7 mars, la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites promet d'être une nouvelle fois très suivie. Les syndicats veulent mettre la France à l'arrêt. Les leaders doivent se retrouver mardi soir pour décider de la suite à donner au mouvement. Entre grèves reconductibles, blocages, discussions avec les partis politiques... la conduite à tenir n'est pas toujours partagée au sein de l'intersyndicale. Et la question se pose des moyens de la contestation. En face, le gouvernement tient sa ligne, et le texte continue à être examiné par les parlementaires, notamment au Sénat.
Fanny Guinochet
Laurent Berger ( CFDT) et Philippe Martinez ( CGT) se préparent à la mobilisation de ce mardi 7 mars.
Laurent Berger ( CFDT) et Philippe Martinez ( CGT) se préparent à la mobilisation de ce mardi 7 mars. (Crédits : Reuters)

Écoles et services publics fermés, métros et trains fortement perturbés, avions cloués au sol, raffineries en grève ... la journée de ce mardi 7 mars promet d'être particulièrement difficile pour les usagers. D'autant plus que les routiers sont entrés dans la danse, et organisent des blocages et barrages filtrants depuis dimanche soir.

Plus de 200 rassemblements sont prévus dans l'Hexagone ce mardi. A Paris, le cortège ira de Sèvres Babylone à la place d'Italie. Les syndicats, unis en intersyndicale, jettent toutes leurs forces dans la bataille contre la réforme des retraites, en appelant à "mettre la France à l'arrêt".

L'intersyndicale tient bon...

Pour l'heure, l'entente entre tous les syndicats ne s'est pas fissurée, contrairement au pari que faisait, en coulisses, le gouvernement au début du conflit. Entre une CFDT habituée à la négociation, et une CGT réputée jusqu'au-boutiste, l'exécutif ne pensait pas que l'entente entre Laurent Berger et Philippe Martinez tiendrait.

Mauvais calcul : les deux chefs de file syndicaux restent unis dans leur combat contre la réforme, les deux hommes se respectent et n'ont pas de mal à se mettre d'accord et à trouver des compromis.

Après avoir manifesté ensemble une nouvelle fois ce mardi, ils devraient d'ailleurs se réunir avec les dirigeants des autres centrales pour acter une nouvelle journée d'action, probablement, le samedi 11 mars. « Histoire de clôturer la semaine », selon l'un d'eux. Mais surtout pour permettre à des indépendants, salariés du privé, des familles, de descendre dans la rue, pour exprimer leur opposition, comme il y a un mois, le samedi 11 février.

... pour le moment

Il n'empêche. Plus l'on se rapproche du Congrès de la CGT prévu fin mars à Clermont-Ferrand, et plus les positions des ultras du syndicat (fédérations de l'énergie, des transports etc ..) se radicalisent, avec des appels à durcir encore un peu plus le mouvement. Parfois en se mettant en marge de la légalité, ce que contestent les syndicats réformistes. Exemple : ce week-end, le représentant de la fédération Chimie a appelé les grévistes à mettre « la France à genoux ». Des propos qui n'ont guère été appréciés du côté de la CFDT. Mais qui traduisent bien les difficultés de Philippe Martinez, le secrétaire général sortant de la centrale de Montreuil, à maintenir la cohésion de ses troupes. Il en va peut-être de l'unité syndicale. Si des dérapages ont lieu, l'intersyndicale pourrait en effet connaître des turbulences.

Des divisions peuvent également apparaître dans la stratégie à adopter vis-à -vis des parlementaires qui examinent le projet de réforme. Laurent Berger ne cesse de rencontrer les dirigeants des différents partis politiques (à l'exception du Rassemblement national), pour espérer peser sur le texte. Ce mercredi, il échangera avec les Républicains. Une façon de faire que ne partage pas la CGT, hostile aux discussions avec les élus opposés à leur point de vue. Et si la tentation existe d'un rapprochement avec des membres de la NUPES, la CFDT ne veut pas en entendre parler, au nom de la séparation entre la démocratie sociale et la démocratie politique.

L'inflation, frein ou moteur de la grève

Les syndicats se préparent depuis longtemps à ces journées de mars. Ces dernières semaines, ils ont mis en place des caisses de grève pour aider ceux qui cesseront le travail. Les montants de ces caisses ne sont pas divulgués mais ils représentent plusieurs milliers d'euros.

Les centrales savent que l'inflation, notamment alimentaire, risque de limiter les velléités des salariés à débrayer. Au contraire, le gouvernement espère qu'elle freinera la durée du mouvement.

Reste que selon Frédéric Souillot, le secrétaire général de Force Ouvrière, « si les gens descendent dans la rue contre la réforme des retraites, c'est parce que c'est un catalyseur aussi des problèmes de salaire et de niveau de vie des travailleurs. » Cet argument peut donc aussi fonctionner comme un moteur de la contestation.

L'opinion, en soutien ... mais jusqu'à quand ?

Aujourd'hui, la majorité des Français se dit contre le passage de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Pour le moment, l'opinion publique est plutôt favorable aux grévistes, estimant que l'exécutif reste sourd à des manifestations pacifiques qui rassemblent jusqu'à un million de personnes.

Mais l'opinion sera-t-elle aussi clémente quand elle devra patienter des heures pour faire le plein, ou gérer les enfants parce que les écoles restent fermées ? C'est la grande inconnue tant du côté du gouvernement que des syndicats.

L'exécutif fait, toutefois, le pari qu'après une semaine de galère, les Français se désolidariseront vite de la contestation. Gabriel Attal, le ministre des comptes publics, expliquait ce week-end que les Français qui triment seraient vite exaspérés par les blocages. En attendant, le texte suit son chemin parlementaire et est examiné au Sénat cette semaine. L'article 7, très controversé du passage de l'âge de 62 à 64 ans, devrait être voté au plus tard ce mercredi.

De leur côté, les centrales affirment bénéficier du soutien très large de la population, qui dans son ensemble se trouve concernée par ce projet de loi. Elles espèrent aussi profiter des difficultés de communication du gouvernement autour de cette réforme. Notamment des cafouillages autour des 1.200 euros pour les petites pensions, ou de la retraite des mères de famille...

Une chose est sûre : l'opinion sera certainement très vite, le véritable juge de paix de la suite de la contestation.

Fanny Guinochet
Commentaires 26
à écrit le 07/03/2023 à 23:14
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Bravo Jean Luc, la republique c est toi. L empire c est moi.

à écrit le 07/03/2023 à 21:43
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je soutenais plutot ce mouvement, mais voila à Cahors des imbeciles d EDF nous ont coupés l electricité pendant six heures d une maniere illegale et lache , dans l anonimyat ... une personne agée aurait pu rester coincer dans l' ascenceur pendant tou...

à écrit le 07/03/2023 à 18:48
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Avez-vous écouté sur France Inter mardi 07 février entre 08 et 09h cette intervention qui évoquait l’imbécillité de la suppression (démagogie électorale de Macron) de la taxe d'habitation (-20 milliards d'euros de recettes pour L’État et les communes...

à écrit le 07/03/2023 à 17:55
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croisons les doigts pour qu'il n'y est pas de casse physique dans les manifes blesses ou pire c'est deja malheureusement arrive il y a quelques annees tout retomberait sur le dos du gouvernement et ne ferait qu'agraver la situation je ne suis pa...

à écrit le 07/03/2023 à 12:52
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Si 100% des gens étaient dans la rue en demandant que les autres paient pour eux cela serait très drôle, mais là c'est juste ceux qui en ont l'habitude. En fait ils manifestent pour que les jeunes paient plus de cotisations retraites dans le futur et...

le 07/03/2023 à 16:25
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C'est quoi cette analyse politique de comptoir ? Vous n'avez pas compris le système par répartition (et par capitalisation non plus), ON ne paie pas pour les autres, tous le monde cotise pour tous le monde dans un système par répartition et oui, il s...

le 07/03/2023 à 18:49
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Avez-vous écouté sur France Inter mardi 07 février entre 08 et 09h cette intervention qui évoquait l’imbécillité de la suppression (démagogie électorale de Macron) de la taxe d'habitation (-20 milliards d'euros de recettes pour L’État et les communes...

à écrit le 07/03/2023 à 11:17
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Il est évidemment "naturel" de contester une réforme mal perçue. Mais au delà des réactions d'humeur ou de calcul des uns et des autres, il faudrait quand même s'interroger sur la nature du problème. Dans un nombre très majoritaire de pays européens ...

le 07/03/2023 à 11:39
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+1

le 07/03/2023 à 13:27
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Dans ce cas la réforme doit être équilibrée. Départ à 63 ans + on augmente le prélèvement social de 17, 2% à 25% et on demande un effort aux retraités. Voir l'article : la retraite à 64 ans une arnaque intergénérationnelle. Avec une réforme déséqui...

le 07/03/2023 à 16:22
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@Aymé La France est suffisament peu compétitive et a un déficit commercial suffisament élevé pour ne pas en rajouter. Nous n'avons pas le droit de decourager encore plus les entreprises françaises et les français un peu moins pauvres que la moyenne...

le 07/03/2023 à 16:31
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Le nivellement par le bas, en voilà une riche idée. Ce système n'a d’imperfection que dans un système libérale car il échappe bien à la logique de marché et de profit. Ce qui est amusant, c'est l'argument de la dette publique, qui est toujours invoqu...

à écrit le 07/03/2023 à 11:01
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En france savent pas y faire les syndicats, vont épuiser leurs troupes, lasser le français de base et au final quand ce sera voté, ils rentreront chez eux la queue entre les jambes comme d'hab. Pour faire une greve utile faut faire une greve visible ...

à écrit le 07/03/2023 à 10:59
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La grève pour les retraites est juste et indispensable ; tout aussi indispensable de maintenir la grève jusqu'à ce que l'inflation sans justification réelle soit stoppée au niveau d'avant covid ; SOYONS RASSURés, pour l'inflation le mouvement ENCORE ...

à écrit le 07/03/2023 à 9:06
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Bref : les syndicats font tout pour que rien ne change. De fait, a) ils protègent les privilégiés actuels, surtout ceux qui sont partis bien jeunes avec de grosses retraites, et il y en a un paquet (d'où éventuellement le problème), b) travaillent d...

à écrit le 07/03/2023 à 9:05
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La colère, elle, va tenir et s'exprimera lors des prochaines élections. Ce gouvernement n'est pas crédible, il ne travaille que dans l'intérêt des marchés et des puissants.

le 07/03/2023 à 11:03
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Un autre gouvernement LFI ou RN ferait un miracle ? N'importe quel autre gouvernement ne pourrait échapper à la réalité.

à écrit le 07/03/2023 à 8:58
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On veut nous faire croire a l'existence d'un 'ruissellement' assis derrière un ordinateur, pendant que d'autre sont convaincue qu'il faut sortir dans la rue pour en avoir quelques gouttes ! ;-)

à écrit le 07/03/2023 à 7:51
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La fuite en avant désespérée de syndicats qui ne représentent plus que quelques professions protégées qui elles-mêmes profitent de la faiblesse de nos dirigeants... L'abus de droit érigé en système de gouvernance est de mauvais conseil et va finir pa...

à écrit le 06/03/2023 à 23:09
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Faudrait le gouvernement prenne la peine d'analyser les besoins de la population

à écrit le 06/03/2023 à 22:24
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En tout cas s il elle passe pour moi 2027 c est le pen histoire de foutre en l air tous ceux qui signent cette réforme : Édouard Philippe, retailleaugueulederatetpetitjesus, L’archer faisant penser aux caricatures des » poires « … Macron réussira à ...

à écrit le 06/03/2023 à 22:24
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En tout cas s il elle passe pour moi 2027 c est le pen histoire de foutre en l air tous ceux qui signent cette réforme : Édouard Philippe, retailleaugueulederatetpetitjesus, L’archer faisant penser aux caricatures des » poires « … Macron réussira à ...

le 07/03/2023 à 11:05
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Même si MLP serait élue, elle ne modifierait pas cette réforme.

à écrit le 06/03/2023 à 20:51
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"Mettre la France a genoux,"...certains se gargarisent avec des formules choc qui ne donnent pas envie de les suivre sur ce terrain.

le 07/03/2023 à 8:42
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D'autant que tu es déjà à plat ventre.

le 07/03/2023 à 9:24
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@la chose On est mieux à plat ventre que sur les genoux. Beaucoup plus confortable....La question n'est pas là. Mettre la France à genoux révèle le caractère guerrier, mafieux des auteurs de ces propos. On met quelqu'un à genoux pour l'humilier, f...

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