Retraites : « L’obstruction, c’est une connerie », déplore Laurent Berger en visant LFI

Avec une quatrième journée d'action contre la réforme des retraites organisée un samedi, les syndicats ont réussi leur pari et maintiennent leur pression sur l'exécutif, en se disant prêts à « mettre la France à l'arrêt » le 7 mars. Ils espèrent aussi que les députés puissent voter l'article 7, qui porte la mesure d'âge mais rien n'est moins sûr compte tenu des milliers d'amendements déposés en grand partie par La France Insoumise, une « obstruction » condamnée par la CFDT.
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, déplore le « spectacle lamentable » à l'Assemblée, qui n'a « rien à voir avec la dignité du mouvement de la rue ».
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, déplore le « spectacle lamentable » à l'Assemblée, qui n'a « rien à voir avec la dignité du mouvement de la rue ». (Crédits : Reuters)

Les débats sur la réforme de la retraite reprennent ce lundi après-midi, à 16h00 à l'Assemblée nationale alors que les syndicats ont appelé samedi, à la suite de la journée de manifestation, à une cinquième journée de mobilisation le 16 février et menacé « mettre le pays à l'arrêt le 7 mars » si le gouvernement et le Parlement « restent sourds » aux mobilisations.

Au-delà de cet appel, les syndicats réclament qu'à l'Assemblée, l'article 7, qui porte la mesure d'âge, puisse faire l'objet d'un vote. Mais rien n'est moins sûr, alors que les députés de la Nupes ont déposé des milliers d'amendements, débattus dans une ambiance tumultueuse et que le texte doit être voté avant la fin de la semaine avant d'être examiné au Sénat. « On veut voir qui va effectivement se prononcer pour ou contre » la mesure d'âge, a déclaré le patron de CGT, indiquant que les syndicats comptent « interpeller dès aujourd'hui » les parlementaires de l'arc républicain pour qu'ils mesurent « leur responsabilité ».

La CFDT déplore la « connerie » de l'obstruction

Dimanche, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a dénoncé sur RTL la « connerie » de l'obstruction, visant La France insoumise à l'origine de la grande majorité des amendements déposés. Il a aussi déploré le « spectacle lamentable » à l'Assemblée, qui n'a « rien à voir avec la dignité du mouvement de la rue ».

 Au Palais Bourbon, sur les retraites, chacun campe sur ses positions. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a répété la ligne de l'exécutif dimanche : « nécessité » du report de l'âge légal à 64 ans et « écoute » pour renforcer le dispositif « index senior » durant les débats parlementaires, afin de pousser les entreprises à garder les plus de 55 ans dans l'emploi.

L'emploi des salariés âgés au menu des débats de l'Assemblée nationale

C'est justement sur l'emploi des salariés âgés que les députés reprendront leurs travaux lundi, avec une rafale d'amendements dans tous les camps.

La coalition Nupes compte défendre ses pistes de « financements alternatifs » pour les retraites, avec un nouvel appel à taxer les « superprofits » des plus grandes entreprises, un débat récurrent à l'Assemblée depuis l'été.

Le camp présidentiel ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée, mais les premiers votes ont plutôt rassuré les soutiens d'Elisabeth Borne sur les forces en présence dans l'hémicycle. Néanmoins, des inquiétudes se font jour : « la gauche bordélise et le RN reste sur sa ligne de gendre idéal », le risque que Marine Le Pen en profite et gagne des points dans la perspective de 2027 « terrorise pas mal de monde », relève une source parlementaire Renaissance.

(Avec AFP)

« Echauffer l'esprit public »: la stratégie décriée des Insoumis

Tweet provocateur, menace voilée contre des députés, amendements par milliers : en première ligne contre la réforme des retraites les Insoumis assument d'« échauffer l'esprit public », suscitant l'indignation de la majorité, voire des réprobations à gauche et jusqu'au sein de LFI. Avec son tweet polémique, le montrant, jeudi, le pied posé sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt, le député LFI Thomas Portes, jusque-là méconnu du grand public, défraie la chronique, indigne les macronistes et jusqu'à droite. La polémique a rebondi vendredi à l'Assemblée. Prié de s'excuser, l'Insoumis a refusé de le faire et n'a pu défendre un amendement face au tumulte. La séance a été suspendue, le bureau de l'institution s'est réuni et l'Assemblée a exclu 15 jours Thomas Portes, la peine disciplinaire la plus sévère pour les députés. Si le leader LFI Jean-Luc Mélenchon relativise en évoquant un « jeu de chamboule-tout », sa « stratégie est moins bien tenue par la maison LFI », observe Pierre Lefébure, maître de conférences à l'université Sorbonne Paris-Nord et spécialiste de communication politique, alors que l'ancien chef des députés LFI n'est plus au Palais-Bourbon et que le groupe est passé de 17 à 75 députés,

Plusieurs figures « ne sont pas de purs produits de La France insoumise », relève l'expert. Thomas Portes, ancien syndicaliste cheminot passé par le PCF et Générations, mais aussi Louis Boyard, qui tire sa légitimité de son lien avec la jeunesse, ou encore François Ruffin, fondateur du journal Fakir. Autant de personnes « qui ont vécu des expériences militantes leur donnant une autonomie », souligne Pierre Lefébure.

La France insoumise ne subit pas cette liberté, mais en joue au contraire. Elle privilégie ces « cartouches » individuelles à la « cohérence » d' « éléments de langage » restreints, poursuit le politiste : « On leur dit Allez-y chacun, marquez les trois points, on a besoin d'être dans la lutte permanente ». Les milliers d'amendements déposés contre la réforme des retraites participent aussi de cette stratégie jusqu'au-boutiste.

Elle place en tout cas l'exécutif dans une position inconfortable. Coincé dans un face-à-face avec LFI, « le gouvernement ne peut plus parler aux Français », relève le maître de conférences. Et La France insoumise bénéficie d'un climat favorable, puisque, comme elle, une majorité de Français est opposée à la réforme, d'après les sondages.

Mais plusieurs voix, également vent debout contre le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, se montrent critiques sur la tactique.

Outre Laurent Berger, des critiques font jour au sein de la Nupes, comme celles d'Eva Sas qui a estimé que « le tweet de Thomas Portes était inapproprié et qu'il faut revenir aux débats sur le fond dans l'hémicycle » Le premier secrétaire du PS Olivier Faure s'est lui aussi interrogé : « Quel intérêt d'offrir au pouvoir une polémique alors même que nous gagnons la bataille de l'opinion? » Même chez certains Insoumis l'agacement pointe, rapporte une figure du groupe en privé : «

« Ca correspond à la logique de radicalisation voulue en haut lieu. Je ne comprends pas, on veut être la grande force alternative qui gouverne, mais on se marginalise nous-même ».

(AFP)

Commentaires 3
à écrit le 13/02/2023 à 10:27
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On ne peut guère attendre un peu d'intelligence de la part des cadres de la NUPES contaminés par les outrances d'un Melanchon aigri et recuit qui a depuis longtemps vite mégalo...! Cela profite t il au FN/RN de (Jordan Bardella !) rien n'est moins s...

à écrit le 13/02/2023 à 9:01
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Une LFI complètement décribilisée (pas vraiment une surprise au vu des énergumènes) , qui "bordélise" effectivement l'assemblée. Des syndicats étonnament responsables ( pour une fois) avec Berger et Martinez en tête, vraiment impeccables sur la ...

à écrit le 13/02/2023 à 8:31
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Le problème c'est que ceux qui désirent la réforme ne la subirons pas et ceux qui protestent en seront les victimes ! C'est encore une affaire de classes sociales !

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