La situation à Paris vire à l'absurde. Alors que la grèves des éboueurs s'est installée depuis plus de dix jours, et qu'elle doit durer jusqu'au 20 mars au moins, la Ville de Paris avait sollicité la société privée Derichebourg pour désengorger certains lieux précis. Dans la capitale, la gestion de la propreté a en effet été partiellement privatisée. Certains arrondissements sont gérés en régie directe par les agents publics de la mairie. Une autre moitié a été confiée à des entreprises privées. Pour vider les montagnes de poubelles des quartiers sinistrés par la grève, la Mairie de Paris a ainsi fait appel à Derichebourg, l'un des prestataires privés.

Problème, celle-ci a annoncé avoir arrêté ses collectes supplémentaires exceptionnelles pour « risques sanitaires d'urgence » qu'elle effectuait à la demande de la mairie de Paris dans certains endroits. En cause, la pression reçue par les salariés grévistes de la fonction publique :

« Des salariés grévistes de la ville de Paris et du Syctom ont menacé de bloquer les entrées et sorties de notre site de Charenton si nous poursuivions la collecte pour risque sanitaire, pourtant légale et contractuelle », a expliqué mercredi à l'AFP Thomas Derichebourg, président de Derichebourg Environnement.

« Nous avions été amenés à intervenir partiellement dans des arrondissements en grève, à la demande de notre client la Ville de Paris, pour collecter les déchets dans certains endroits ciblés afin d'éviter tout risque pathogène, comme devant les crèches », a-t-il rappelé.

Au total, Derichebourg a effectué trois collectes de ce type, répondant à une demande de la mairie en fin de semaine dernière, a précisé le responsable.

Pas de grévistes chez Derichebourg

« Mais nous avons pris la décision de ne poursuivre que les collectes de déchets que nous assurons quotidiennement dans les 1er, 3e, 4e, 7e, 10e et 18e arrondissements », a indiqué M. Derichebourg. Soit les arrondissements où la privatisation est actée, expliquant pourquoi la situation est inégale dans la capitale.

« Aucun » des salariés de sa société n'est en grève, a-t-il ajouté.

« Il ne s'agissait pas d'une réquisition, ni d'un service minimum », mais d'une collecte des déchets empilés dans des points précis, « sensibles » pour la santé publique, et spécifiquement « désignés par la mairie », a-t-il précisé.

Derichebourg est le premier intervenant privé, couvrant les 1er, 3e, 4e, 7e, 10e et 18e arrondissements. Sépur couvre le 13e arrondissement, Urbasser les 11e et 19e et Pizzorno le 15e.

« J'espère que le mouvement va bientôt s'arrêter, 1.000 tonnes de déchets par jour sont déposées dans les rues de Paris, une expérience plus qu'inédite que je n'ai jamais connue », a ajouté M. Derichebourg.

(Avec AFP)