Grève des éboueurs : la situation continue d'empirer à Paris, de manière inégale entre les arrondissements

Alors que les rues de la capitale croulent sous les monceaux de déchets, huit jours après le début du mouvement contre la réforme des retraites, tous les arrondissements ne sont pas logés à la même enseigne. En cause, la privatisation de cette activité qui n'a pas été décidée par tous les maires d'arrondissement. Où la situation est-elle la plus critique pour les riverains ?
Face à la grèves des agents publics, tous les arrondissements ne sont pas logés à la même enseigne.
Face à la grèves des agents publics, tous les arrondissements ne sont pas logés à la même enseigne. (Crédits : Reuters)

La situation de la propreté à Paris ne cesse d'empirer. Au huitième jour après le début de la grève des éboueurs démarrée lundi 6 mars, les poubelles s'accumulent sur les trottoirs de la ville la plus visitée du monde. En cause, la réforme des retraites soutenue coûte que coûte par le gouvernement Macron. Mais les syndicats dont la CGT sont bien décidés à défendre la retraite à 57 ans des 5.000 éboueurs de la Ville (dont 2.340 en charge de la collecte et du nettoiement, selon les chiffres de la Mairie de Paris). Un âge repoussé à 59 ans en cas d'adoption de la réforme. Résultat, les Parisiens et les commerçants tentent de se frayer un chemin entre les détritus.

Selon la mairie, au septième jour de la grève des éboueurs contre la réforme des retraites, 5.400 tonnes de déchets restaient non ramassées dimanche. Mais selon l'institut Montaigne, la quantité de déchets rejetée par jour était de 3.000 tonnes en 2019. Par extrapolation, après sept jours de grèves, le poids pourrait donc avoisiner les 20.000 tonnes.

Aussi, trois usines d'incinération aux portes de la capitale, celles d'Ivry-sur-Seine, d'Issy-les-Moulineaux et de Saint-Ouen, sont à l'arrêt, expliquant ces poubelles débordantes dans certains quartiers, parfois alignées sur toute la largeur des trottoirs.

« On a eu de la chance, sur les huit jours de grève, ils sont tout de même venus collecter les poubelles vendredi, avant le week-end », confie à La Tribune une commerçante désemparée de la rue de Clichy (Paris IXe). « C'est terrible, y a des rats et des souris », relève Romain Gaia, pâtissier de 36 ans qui, comme d'autres commerçants du IIe arrondissement, a stocké près d'un square les poubelles qui s'accumulent sur plus d'un mètre de haut. « Cela ne fait pas sérieux, quand vous venez manger dans un restaurant », s'agace auprès de l'AFP Michaël, maître d'hôtel au restaurant Bouillon Chartier qui sert en moyenne 1.700 couverts par jour... et se retrouve avec une dizaine de mètres de poubelles non collectées sur son trottoir. Certains arrondissements de la capitale croulent ainsi sous des montagnes de poubelles, quand d'autres s'en sortent un peu mieux.

Les arrondissements les plus saturés

Cette évolution inégale et chaotique de la situation est rendue possible par une gestion peu lisible des déchets dans la capitale. Les agents (publics) de la mairie assurent en effet la collecte des déchets dans la moitié des arrondissements parisiens (IIe, Ve, VIe, VIIIe, IXe, XIIe, XIVe, XVIe, XVIIe et XXe), selon le principe de la régie directe. Et, depuis 2009 et le début de la privatisation du secteur, l'autre moitié des arrondissements est gérée par des opérateurs privés.

Dans le détail, les Ier, IIIe, IVe, VIIe, Xe et XVIIIe, sont le territoire de la société Derichebourg, indiquait l'institut Montaigne dans une note. Dans les XIe et XIXe, il s'agit de la société Veolia. Dans le XVe, la société Pizzorno Propolys et dans le XIIIe, la société Urbaser.

Une organisation complexe qui avait même donné l'occasion à la candidate Agnès Buzyn, lors des Municipales de 2020 - avant de se retirer, de proposer la délégation intégrale de la collecte des ordures ménagères au secteur privé pour optimiser les coûts pour la Ville.

Trois ans plus tard, dans les arrondissements gérés par le service public, les maires parisiens confrontés à la colère des citadins cherchent la parade. Le maire (LR) du XVIIe arrondissement Geoffroy Boulard a ainsi écrit à la maire PS Anne Hidalgo pour obtenir une collecte privée grâce à l'enveloppe promise aux maires d'arrondissement dans le « pacte parisien de proximité ».

Mais pour l'heure les syndicats veulent contribuer au blocage national. « La grande majorité des personnels de la direction de la propreté et de l'eau a une espérance de vie de 12 à 17 ans de moins que l'ensemble des salariés », assure la CGT, par ailleurs en pleine négociation sur le reclassement indiciaire et le déroulement de carrière des éboueurs.

Commentaires 7
à écrit le 15/03/2023 à 9:49
Signaler
Des réquisitions poubelles médecins des mesures

à écrit le 15/03/2023 à 9:49
Signaler
Des réquisitions poubelles médecins des mesures

à écrit le 14/03/2023 à 11:59
Signaler
"la privatisation de cette activité qui n'a pas été décidée par tous les maires d'arrondissement." Ils sont pour passer à 59 ans les salariés éboueurs du secteur privé ?

à écrit le 13/03/2023 à 23:13
Signaler
Ça sort d’où cette espérance de vie amputée des éboueurs ? De la CGT. Et vous nous le servez sans aucune vérification !

le 14/03/2023 à 10:56
Signaler
«Les tournées de collectes peuvent être éprouvantes: vous montez, vous descendez, vous courrez, vous remontez, vous redescendez du marchepied du camion, tout ça à une cadence élevée», décrit la sociologue qui est aussi maître de conférence à l'univer...

à écrit le 13/03/2023 à 20:07
Signaler
Paris préfère les Rats. Bienvenue aux Jeux Olympiques !

le 14/03/2023 à 12:53
Signaler
Réponse de Bon sens à Lachose : on est loin des 12 à 17 ans de moins évoqués par la CGT. Savez-vous que la profession la plus affectée par les suicides est celle de médecin. Et pourtant personne ne s'inquiète de leur surmenage et de ce qu'ils trava...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.