L'automne s'annonce particulièrement houleux. Après un été caniculaire marqué par des épisodes de fortes chaleurs et des sécheresses à répétition, la rentrée sociale promet d'être brûlante. L'ancien candidat LFI à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a annoncé une marche contre la vie chère à la fin du mois de septembre. En face, la majorité présidentielle veut éviter un embrasement sur le front social alors que la crise énergétique ravive le spectre d'une récession à l'approche de l'hiver.
Malgré tous ces nuages, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire ne veut pas sombrer dans ce pessimisme ambiant. Invité à la Rencontre des entrepreneurs de France (2022), Bruno le Maire a affirmé devant un parterre de chefs d'entreprise ce mardi 30 août que « nous sommes encore en été. Je regarde les chiffres et j'écoute les chefs d'entreprise. Je vois une croissance qui résiste, je vois des entreprises qui investissent, je vois le taux d'emploi qui est le plus haut depuis un demi siècle. L'économie française résiste. Les chiffres sont solides. »
Pourtant, la plupart des instituts de prévision ont révisé à la baisse leurs chiffres de croissance pour 2022. En 2023, l'activité pourrait encore largement souffrir des répercussions néfastes de la guerre en Ukraine. En effet, l'enlisement du conflit aux portes de l'Europe a plongé l'économie du Vieux continent dans un épais brouillard. Une coupure totale de gaz russe d'ici quelques semaines précipiterait brutalement l'économie vers un hiver douloureux.
Résultat, beaucoup de salariés ont enregistré une perte de leur niveau de vie depuis l'éclatement du conflit à la fin du mois de février. Et la situation ne devrait pas s'arranger. Après avoir atteint 6,1% au mois de juillet, l'inflation devrait continuer de grimper au cours des prochaines semaines.
Face à cette explosion des prix, Bruno Le Maire a appelé « les entreprises qui le peuvent à augmenter les salaires. Elles doivent se saisir de la prime défiscalisée, verser de l'intéressement. » Dans le paquet pouvoir d'achat voté au cœur de l'été, de nombreuses mesures dont la prime de la valeur ajoutée ont été votées. Elle vient remplacer la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat (Pepa), dite « Prime Macron » mise en oeuvre en 2018 au lendemain de la crise des Gilets jaunes. Ce dispositif doit permettre aux entreprises de verser des primes à leurs salariés dont la rémunération est inférieure à trois SMIC en bénéficiant de certaines exonérations. Elle peut être versée jusqu'à 3.000 euros sans conditions et 6.000 euros sous conditions.
Le Medef favorable à une baisse de cotisations sur les hauts salaires
De son côté, l'organisation patronale espère réduire le montant des cotisations sur les hauts salaires. Lors de son intervention lundi 29 août, Geoffroy Roux de Bézieux a déclaré que « les deux prochaines batailles seront les impôts de production et les charges sur les hauts salaires. » Sur la question brûlante des cotisations, le patronat avait déjà obtenu en partie satisfaction avec le pacte de responsabilité mis en œuvre sous le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault. Par la suite, le gouvernement d'Edouard Philippe avait transformé le Crédit d'impôt sur la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisse pérenne de cotisation.
Cette décision a permis aux entreprises de bénéficier d'une diminution des prélèvements obligatoires jusqu'à 2,5 SMIC. Ces mesures ont suscité de nombreuses questions au regard des différentes évaluations établies ces dernières années. Dans un rapport synthétique, France Stratégie, organisme rattaché à Matignon expliquait que le CICE avait permis de créer ou sauvegarder 100.000 emplois chaque année environ. « Ce qui est faible, rapporté au coût du CICE - de l'ordre de 18 milliards d'euros en 2016 », souligne France Stratégie.
Sur le plan fiscal, « le patron des patrons » a également insisté sur la fiscalité de production. Après de longs débats, le gouvernement de Jean Castex avait intégré la baisse de la fiscalité de production dans le plan de relance avant de la pérenniser. En début de semaine, la première ministre a confirmé qu'elle allait poursuivre cette baisse. « C'est pourquoi nous avons pris un engagement ferme : pas de hausses d'impôts. Cet engagement, nous nous y tenons, sans céder aux sirènes du populisme. Au contraire, comme vous l'appeliez de vos vœux, nous allons continuer les baisses massives sur les impôts de production et supprimer la CVAE », a-t-elle déclaré.