L'embellie économique se confirme de jour en jour. Après les révisions à la hausse de l'Insee et celles de la Commission européenne, c'est au tour de la Banque de France de prévoir une accélération plus forte qu'anticipé de l'économie tricolore au mois de juin. Avec la levée progressive des mesures de restriction, les économistes de la Banque centrale dans leur dernière note de conjoncture dévoilée mercredi 7 juillet anticipent une croissance de 1% au deuxième trimestre contre 0,5% début juin. "Le mois de juin est meilleur que ce qui était attendu par les entreprises. Notre estimation est de -2% par rapport au niveau normal contre -3% lors de la dernière enquête. Le mois d'avril a également été meilleur que prévu. Compte tenu de ces informations, la hausse du PIB serait de 1% contre 0,5% sur le second trimestre. C'est une révision trimestrielle assez sensible. Le troisième confinement a eu moins d'impact économique que les précédents" a expliqué le directeur des études Olivier Garnier lors d'une réunion avec des journalistes.
En dépit de cette révision à la hausse, l'institution bancaire n'a pas revu ses projections macroéconomiques pour l'ensemble de l'année 2021. "Ces résultats confortent notre prévision de croissance du PIB de 5,7% en 2021. Cette prévision est plutôt résiliente par rapport à une possible nouvelle vague. Cette prévision est plutôt prudente [...] La vaccination est un grand changement par rapport aux précédentes vagues. Les mesures de confinement seraient sans doute moins prononcées que lors des vagues précédentes" a indiqué l'économiste.
Les services retrouvent des couleurs
Longtemps restés empêtrés dans une fermeture à rallonge, beaucoup de secteurs dans les services (hôtels, restaurants, culture, événementiel) ont pu commencer à lever leurs rideaux à l'approche de l'été. "Le rebond plus fort qu'attendu provient essentiellement des services en lien avec l'allégement des restrictions sanitaires. Dans l'hébergement, le niveau d'activité est à 53% alors que les entreprises anticipaient 45% lors de la dernière enquête. Au mois de juillet, l'activité continuerait d'augmenter" a affirmé Olivier Garnier. Du côté de la restauration, le niveau d'activité est à 70% du niveau jugé normal contre 25% auparavant. La saison estivale devrait permettre à de nombreux établissements de se refaire une santé économique.
Dans l'industrie, le sentiment des chefs d'entreprise est plus mitigé avec un taux d'utilisation des capacités de production qui se situent à 79% de son niveau d'avant-crise. "Les taux d'utilisation des capacités de production dans l'automobile et l'aéronautique sont très en deça du niveau moyen des autres branches. Dans l'automobile, les difficultés d'approvisionnement continuent de peser alors que des changements structurels affectent l'aéronautique" a déclaré Olivier Garnier. Enfin dans le bâtiment, le niveau de l'activité est supérieur à celui d'avant-crise.
Des difficultés de recrutement
La levée des restrictions et la reprise de l'économie tricolore a provoqué des tensions sur le front de l'emploi. Après plusieurs mois de chômage partiel et de fermetures administratives, beaucoup de travailleurs ont parfois changé de secteur ou de métier. D'autres ont perdu leurs postes et ont déménagé pour retrouver du travail dans une autre région. Résultat, les chefs d'entreprise signalent une forte hausse des tensions sur les recrutements. "Pour l'ensemble des secteurs, les difficultés de recrutement augmentent. Les principales difficultés sont dans les services ou le bâtiment" a précisé Olivier Garnier.
Sans surprise, l'hébergement et la restauration sont en première ligne face à ces difficultés alors que la saison touristique a bien commencé. Enfin, le travail temporaire doit également faire face à d'immenses obstacles. "Le secteur du travail temporaire est celui signalant les plus grosses difficultés, avec 85% (contre 65% le mois dernier) des entreprises dans cette situation" expliquent les auteurs du point de conjoncture.