L'horizon de la crise est loin de se dégager pour les ménages. Après le violent plongeon de l'économie française en 2020, la reprise se traduit par une hausse considérable des prix de l'énergie. Selon la dernière note de conjoncture de l'Insee dévoilée ce mardi 14 décembre, la facture est particulièrement salée pour les Français. Le surcroît de dépenses lié à la flambée des prix de l'énergie est évaluée à 40 euros en moyenne par famille au mois d'octobre 2021 par rapport à fin 2019. Les deux principaux postes concernent les carburants ( +21 % depuis le début de l'année) et le gaz (+40% sur la même période). Avec la chute des températures et l'arrivée de l'hiver dans quelques jours, la consommation d'énergie pourrait encore grimper pendant quelques mois.
En comparant au point bas de décembre 2020, la hausse est encore plus fulgurante. Les statisticiens évaluent ce surcoût à 64 euros. Il faut néanmoins rappeler que les prix de l'énergie à l'époque étaient particulièrement bas. Le rebond de l'activité en Chine et aux Etats-Unis a entraîné une forte demande d'énergie entraînant de grosses perturbations sur les chaînes d'approvisionnement. A ce stade, il est encore difficile de prévoir à quel niveau l'inflation va se maintenir tant que la situation sanitaire sera encore dégradée.
Un choc inégalement réparti
Sans surprise, ce bond des prix de l'énergie n'a pas les mêmes répercussions sur l'ensemble des ménages du territoire français. Sur ce point, l'enquête de l'Insee présente des disparités frappantes. Le budget consacré aux carburants pour un ménage francilien est d'environ 650 euros chaque année contre 1.550 euros pour une famille dans une commune rurale. La dépendance à la voiture pour se rendre au travail ou aller faire des courses est sur ce point un facteur qui peut engendrer de profondes inégalités territoriales. "Cette hausse de 40 euros est une moyenne. Elle masque des disparités géographiques notamment. Le surcroît diffère selon la géographie des ménages. Elle est moindre pour les ménages dans les grandes villes, notamment dans la région parisienne. Dans les zones rurales, cette hausse est bien plus importante. Elle est liée à des déplacements plus importants", a déclaré le statisticien Olivier Simon, lors d'un point presse.
En outre, les factures liées à l'énergie (logement, transport) font partie des dépenses pré-engagées. Les ménages n'ont pas forcément beaucoup de marges de manœuvre pour les réduire. Elles ne font pas partie des dépenses arbitrables. Ce qui peut alimenter le mécontentement social. En novembre 2018, le bond des prix des carburants et la taxe carbone avaient mis le feu au poudre autour des ronds-points en France.
La riposte du gouvernement est-elle suffisante ?
Chèque énergie, chèque inflation, bouclier tarifaire... Depuis plusieurs semaines, le gouvernement a dévoilé un arsenal de mesures destiné à limiter l'impact de cette fièvre de l'énergie sur les ménages. A ce stade, il est encore difficile de savoir si niveau des prix de l'énergie va se maintenir pendant encore longtemps. Certains économistes estiment que dans le contexte du réchauffement climatique, le coût des énergies fossiles pourrait rester à un niveau élevé pendant des années. D'autres tablent sur un retour à la normale de l'économie. Les prochains mois seront déterminants.