Bridgestone, Renault, Air France, Bosch, PSA...la liste des plans sociaux et des coupes sèches dans les effectifs ne cesse ne s'allonger depuis le début de la crise sanitaire il y a un an. Des centaines de milliers de postes ont été détruits et si la hausse du chômage a été relativement limitée jusque là, beaucoup d'économistes tablent sur une flambée du nombre de demandeurs d'emploi dans les mois à venir au moment où les aides vont diminuer. Dans ce contexte morose, une étude de l'Insee dévoilée ce mercredi 31 mars indique que la perte d'emploi est un événement qui a les plus fortes répercussions sur l'équilibre financier d'un ménage. Ainsi, entre 2011 et 2015, 11% des personnes qui avaient perdu un emploi sont passées sous le seuil de pauvreté fixé à 60% du revenu médian en France, soit environ 1.015 euro par mois. Avec cette crise sanitaire et économique à rallonge, cette situation risque de se répandre comme une traînée de poudre sur tout le territoire français. En effet, si les stabilisateurs automatiques et les mécanismes de protection sociale permettent d'amortir le choc, certaines réformes comme celle de l'assurance-chômage et l'absence de perspectives à court terme sur le marché du travail risquent de peser lourdement sur les personnes sans emploi.
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Les personnes seules, bien plus vulnérables
Les auteurs de l'étude qui ont passé en revue les trajectoires professionnelles et leurs répercussions montrent que la perte d'un emploi est l'un des événement les plus marquants sur le plan financier. En moyenne, le niveau de vie des personnes qui perdent un emploi recule de 4% dans l'année qui suit et ces individus sont loin de retrouver un niveau comparables les années suivantes. « Il rebondit les deux années suivantes, mais ne retrouve pas son niveau antérieur » expliquent les statisticiens.
La situation conjugale ou familiale des personnes peut avoir un impact très important sur l'évolution du niveau de vie au moment d'une perte d'emploi ou de changement professionnel. L'institut de statistiques signale que les personnes seules enregistrent une perte de niveau de vie de 15% dans l'année où elles perdent leur job et 24% passent sous le seuil de pauvreté. Dans le même temps, les personnes qui sont en couple et sans enfant subissent une diminution de leur niveau de vie inférieure à 5%. Les familles monoparentales peuvent également se retrouver en grande difficulté financière au moment de la séparation. Le niveau de vie s'infléchit d'environ 7%.
Une perte de niveau importante pour les cadres
Si les cadres sont bien moins concernés par le chômage que les autres catégories socioprofessionnelles, ils restent néanmoins vulnérables. En effet, la perte de niveau de vie est estimée à 9% au moment d'un licenciement ou d'une rupture de contrat, soit une baisse plus de deux fois supérieure à la moyenne. Cela est en partie lié à leur niveau de vie élevée avant de connaître le chômage. A titre de comparaison, les employés (-3%) et ouvriers (-4%) subissent de moins lourdes pertes. En revanche, ces deux dernières catégories ont plus de chances de se retrouver dans des situations de pauvreté en cas de chômage. Ce phénomène est également plus visible chez les plus âgés. Si ces derniers connaissent une inflexion du niveau de vie plus importante au moment de perdre leur contrat en CDI par exemple, ils ont moins de chance de se retrouver pauvres.