Les chefs d'entreprise attentistes sur les perspectives

L'optimisme des chefs d'entreprise a chuté de 21 points au mois d'avril pour s'établir à 73 points, selon la dernière Grande consultation des entrepreneurs réalisée par OpinionWay pour La Tribune, LCI et CCI France. Par ailleurs, il jugent assez durement les mesures prises pour le troisième confinement : 69% affirment que la fermeture des commerces non essentiels était trop forte.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

L'horizon s'éclaircit légèrement. Après un premier trimestre au ralenti, la levée progressive des mesures de restriction devrait permettre à l'économie française de repartir dans les semaines à venir. Selon le dernier baromètre réalisé par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI, 63% des chefs d'entreprise affirment que la stratégie de leur entreprise sera avant tout "stable". Ils comptent poursuivre leur activité sans faire d'investissement trop important. Cet attentisme peut s'expliquer par les nombreuses incertitudes et aléas qui demeurent sur le plan sanitaire. Un chef d'entreprise sur cinq déclare qu'il va adopter une stratégie "défensive" pour maintenir la pérennité de son activité. Enfin, 17% prévoient d'être "offensifs" en accélérant les opportunités de développement.

La feuille de route du déconfinement dessinée par le chef de l'Etat au 31 mars dernier est de moins en moins claire pour les milieux économiques. Si la limite des 10 kilomètres autour du domicile devrait bien être levée à partir du 3 mai à l'échelle nationale, l'ouverture des terrasses, des lieux de culture et d'une partie des commerces devrait être soumise à des jauges territoriales, en fonction de la circulation du virus. Surtout, le niveau de circulation et le taux d'incidence dans de nombreux départements demeurent élevés. Bien qu'une part de plus en plus importante de la population française soit vaccinée, les objectifs de vaccination annoncés par le Président de la République pour le mois de septembre ne devraient pas être tenus.

Le troisième confinement a miné le moral des chefs d'entreprise

Le renforcement des mesures d'endiguement décidées à la fin du mois de mars a eu des répercussions néfastes sur le moral des patrons interrogés dans le cadre de cette enquête. L'indicateur qui mesure l'optimisme dans les milieux dirigeants a perdu plus de 21 points entre mars et avril pour passer de 94 à 73 points. Il retrouve un niveau proche de celui d'octobre 2020. La chute est particulièrement spectaculaire dans les entreprises de moins de 10 salariés (-21 points) et moins brutale dans les établissements de plus de 10 salariés (-7 points). Dans les plus grandes entreprises, le renforcement des mesures prophylactiques semblent avoir été mieux anticipées.

La proportion de répondants qui se disent confiants est en baisse de 4 points entre mars et avril pour passer de 42% à 38%. Les sentiments d'inquiétude et d'angoisse sont également en hausse (respectivement + 6 points et + 9 points) pour atteindre 34%. Enfin, 27% déclarent être attentistes. C'est 8 points de plus que lors de la dernière enquête réalisée au mois de mars. Si les mesures de ce troisième confinement ont été souvent moins drastiques que lors du premier confinement au printemps 2020, certaines décisions ont été jugées "excessives". Ainsi, 69% des répondants affirment que la fermeture des commerces non essentiels était trop forte alors que 25% la trouvaient "adaptée". En revanche, 78% ont estimé que l'incitation a télétravailler systématiquement était une mesure adaptée et seuls 16% jugent cette mesure excessive.

Les dirigeants moins confiants dans l'avenir

Le prolongement de la crise sanitaire et l'allongement répétée des mesures de restriction ont assombri les perspectives économiques pour un grand nombre de chefs d'entreprise. La plupart des indicateurs de confiance sont au rouge. Les résultats de l'enquête révèlent que seuls 22% (-20 points par rapport à mars) des dirigeants ont confiance dans les perspectives de l'économie française dans les 12 prochains mois. A l'échelle mondiale, 28% (-16%) sont confiants dans l'avenir de l'économie mondiale. Enfin, 64% (-5%) sont optimistes dans le futur de leur entreprise. Le prolongement de la crise sanitaire a d'ailleurs amené la plupart des instituts de prévision à réviser à la baisse leurs projections de croissance pour l'année 2021.

Sept chefs d'entreprise sur dix souhaitent un prolongement des aides

Dans ce climat d'incertitude, 69% des chefs d'entreprise interrogés souhaitent un prolongement des aides jusqu'au 31 décembre 2021 et deux tiers considèrent qu'il faudrait même en créer des nouvelles pour mieux répondre aux conséquences dramatiques de la pandémie. En revanche, 82% estiment qu'il faut modifier les critères d'éligibilité. Avec la réouverture de l'économie, un débranchement trop brutal des aides pourrait faire des dégâts considérables sur le tissu productif.

Le gouvernement a déjà annoncé qu'il allait réduire la prise en charge de l'activité partielle par l'Etat et l'Unedic et que les mesures d'urgence pourraient principalement se concentrer sur les secteurs les plus meurtris par la crise. Selon un récent bilan établi par le comité de suivi et d'évaluation des aides, environ 200 milliards d'euros ont été mobilisés en faveur des entreprises. Sur ce total, 130 milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat ont été accordés aux entreprises. S'agissant du fonds de solidarité, cette mesure qui concernait plutôt les indépendants au début est venue soutenir les secteurs les plus exposés aux fermetures administratives.

 > Lire aussi : Aides aux entreprises : plus de 200 milliards d'euros mobilisés depuis un an

(*)Méthode :  Étude réalisée auprès d'un échantillon de 610 dirigeants d'entreprise. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation. L'échantillon a été interrogé par téléphone du 13 au 23 avril 2021.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 30/04/2021 à 11:29
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Ils attendent de savoir si macron pourra toujours utiliser la dette pour refinancer les banques et les entreprises amis! la pensée de descarté étant le constat par oppostion a l'anticipation, les donneurs d'ordres de multinationales étant tous des...

à écrit le 30/04/2021 à 9:42
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Je crains que les perspectives de reprise soient durement freinées par l'absence de matériaux et d'équipement comme je le constate actuellement.

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