Les entreprises françaises sur la corde raide en 2023, selon la Banque de France

Les prix de l'énergie et le coup de frein de l'économie pèsent sur la trésorerie dans certaines entreprises des services et surtout l'industrie selon la Banque de France.
Grégoire Normand
Au total, il y a eu entre 30.000 et 35.000 restructurations de PGE.
Au total, il y a eu entre 30.000 et 35.000 restructurations de PGE. (Crédits : Reuters)

L'économie française démarre l'année 2023 dans un épais brouillard. Entre le prolongement de la guerre en Ukraine, la crise énergétique, l'inflation et le ralentissement de l'activité, beaucoup d'entreprises peinent à voir le bout du tunnel. La plupart des instituts de prévision ont révisé à la baisse leurs chiffres de croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2023. La croissance du PIB reste engluée à 0,1% au premier trimestre 2023 après un dernier trimestre 2022 décevant (0,1%).

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Dans ce contexte morose, la Banque de France a insisté sur quelques points de vigilance sur les entreprises lors d'un point presse ce lundi 30 janvier. Le médiateur du Crédit Frédéric Visnovsky a attiré l'attention sur « les tensions de trésorerie, les comportements de paiement entre les entreprises et les incertitudes sur la capacité des entreprises à faire face aux remboursements des dettes bancaires, fiscales et sociales, » a-t-il déclaré.

Des tensions sur les délais de paiement, les grandes entreprises dans le viseur

Après avoir baissé en 2021 au moment de la reprise post-Covid, les délais de paiement sont repartis à la hausse en 2022. « Les petites et moyennes entreprises (PME) restent les bons élèves alors que seulement 40% des grandes entreprises règlent dans les délais, » a pointé Emilie Quema, directrice des entreprises à la Banque de France. Face au manque de respect des délais, la Banque de France a serré la vis en baissant la cotation de 10% des entreprises ciblées, soit une centaine d'entreprises.

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Pour rappel, la banque centrale procède à des cotations chaque année pour évaluer la santé financière des entreprises et peut dégrader la note en cas d'abus sur les délais de paiement. Selon le service de statistiques de la Banque de France, « les grandes entreprises captent quatre jours de chiffre d'affaires de trésorerie indue, » soit 16 milliards d'euros.

Défaillances : vers une poursuite de la normalisation

Sans surprise, la hausse des faillites d'entreprises devrait se poursuivre dans les mois à venir. « En 2022, les défaillances ont beaucoup augmenté par rapport à 2021 », a rappelé Emilie Quema. Les aides publiques, les changements de fonctionnement des tribunaux de commerce avaient entraîné une baisse des défaillances en 2020 et 2021, » a-t-elle poursuivi.

Mais le débranchement progressif du « quoi qu'il en coûte » pour des mesures plus ciblées et le coup de frein de l'économie l'année dernière ont changé la donne. « A la fin de l'année 2022, les défaillances demeurent inférieures à 2019 malgré une forte hausse », souligne Emilie Quema. S'agissant de 2023, « on s'attend à une poursuite de la normalisation », a-t-elle ajouté.

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PGE : des milliers d'entreprises pourraient avoir des difficultés de remboursement

Lancés au printemps 2020, les prêts garantis par l'Etat (PGE) ont permis à un grand nombre d'entreprises de passer les premières années de la pandémie. Près de trois années après leur mise en oeuvre, le médiateur du crédit a affirmé que « 95% des PGE sont remboursés sans difficulté. Sur les 143 milliards d'euros empruntés, 40 milliards d'euros ont déjà été remboursés ».

En cas de problèmes, les entreprises peuvent faire des demandes de restructuration des PGE. L'année dernière, seulement 598 demandes ont été adressées aux services de la Banque de France. « On a été très peu sollicités, » a expliqué Frédéric Visnovski. Sur ce total, on a obtenu « 262 accords et 110 échecs.  »

Ces derniers s'expliquent principalement par l'absence de besoin avéré ou le refus des banques de renégocier les autres prêts bancaires. Au total, il y a eu entre 30.000 et 35.000 restructurations de PGE. Au début de l'année 2022, « on tablait entre 20.000 et 25.000 restructurations lors de la mise en place du dispositif de restructurations. Au total, cela peut représenter 3 milliards d'euros de pertes pour les finances de l'Etat. C'est un bon investissement au regard des milliards d'aides accordées aux entreprises, » a précisé Frédéric Visnovsky. « La construction est le secteur qui a le plus demandé de restructurations de PGE. Il concentre les problèmes d'approvisionnement, de recrutement, de hausse des prix, » complète-t-il.

La semaine dernière, le ministère de l'Economie a annoncé la prolongation jusqu'à fin 2023 d'un accord permettant aux entreprises les plus en difficulté d'étaler le remboursement des Prêts garantis par l'Etat (PGE) souscrits pendant la crise sanitaire.

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 31/01/2023 à 3:55
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Avec le rencherissement des energies, ca va etre comme a la fete forain. Un casse-pipe.

à écrit le 30/01/2023 à 18:42
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Et oui, l'argent ne se mange pas. Après deux ans de "quoi qu'il en coûte", c'est à dire de n'importe quoi sur le plan économique sous le prétexte fallacieux de la covid-19, on revient à la réalité économique du pays

le 31/01/2023 à 10:01
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En parlant de Covid : C'est un scandale révélé par le projet journalistique international "#followthedoses" auquel participe le journal Le Monde. Comme son nom l'indique en anglais, il s'agit de suivre, "tracer" les doses de vaccin contre le Covid...

à écrit le 30/01/2023 à 17:14
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La hausse de l'Energie n'est certainement pas justifiée et pourquoi EDF doit vendre à perte ,? il y a une grosse magouille politique derrière cela !!!!!!

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