Les femmes toujours sous-représentées dans certaines filières d'études

Les femmes représentaient plus de la moitié (55%) des élèves de l'enseignement supérieur en 2018, révèle une enquête ministérielle parue en 2019. Mais ces chiffres cachent un paradoxe : si elles sont souvent plus diplômées que les hommes, elles sont encore absentes de certaines filières.
Les femmes ne représentaient que 16% des élèves de Polytechnique en 2018, d'après un rapport de l'Institut des Politiques Publiques.
Les femmes ne représentaient que 16% des élèves de Polytechnique en 2018, d'après un rapport de l'Institut des Politiques Publiques. (Crédits : <i>Photo Wikipédia</i>)

En 2018, les formations d'ingénieurs ne comptaient que 28% de femmes sur leurs bancs, soit à peine plus qu'en 2008, note l'étude annuelle « Vers l'égalité homme-femme » publiée par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en 2019. C'est bien moins que « l'objectif de 40% d'ici à 2020 » fixé par le gouvernement dans le plan en faveur de « l'égalité femmes-hommes » présenté en mars 2017. Alors qu'Emmanuel Macron en faisait la « grande cause du quinquennat » il y a quatre ans jour pour jour, la parité femme-hommes est toujours loin d'être vérifiée dans les formations de l'enseignement supérieur. Leur sous-représentation dans certaines filières, notamment les plus sélectives, reste encore importante.

Les femmes, toujours plus diplômées

Pourtant, elles ont tendance à faire plus d'études. Au lycée déjà, les femmes réussissent mieux leur baccalauréat : 86% contre 76% pour les hommes en 2018, et une hausse de 16 points par-rapport à 2010, souligne l'enquête ministérielle publiée en 2019. Ensuite, elles continuent leurs études plus longtemps : 51% des femmes âgées de 25 à 34 ans étaient diplômées de l'Enseignement supérieur en 2018, contre 42,5% des hommes de la même classe d'âge, selon cette même étude. Dans le détail, elles sont plus nombreuses à décrocher un diplôme bac +2 : en 2018, près de 37% des femmes de 25 à 34 ans en étaient titulaire, soit près de 11 points de plus qu'en 2008, révèle l'enquête. Pour la même classe d'âge, seulement 30% des hommes atteignent ce niveau de diplôme.

Lire aussi : Égalité hommes-femmes: Pénicaud dénonce les mauvais élèves

Des inégalités dès le lycée

Mais si elles font plus d'études supérieures, elles sont encore exclues de certaines filières majoritairement masculines. Cette inégalité éducative commence dès le lycée avec les choix de spécialisation : alors que la part des femmes dans la filière générale du baccalauréat dépasse de 10 points celle des hommes en 2018, elle devient inférieure de 4 points dans le cursus professionnel, pointe l'étude annuelle « Vers l'égalité homme-femme ». En fait, dès le lycée les jeunes filles sont davantage orientées vers les formations littéraires et économiques que les filières scientifiques. Selon des statistiques de l'Education nationale, près de 80% des élèves de terminales littéraires étaient des femmes en 2013.

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Dès le lycée, les disparités entre les hommes et les femmes se lisent dans les choix de filières, révèle l'étude menée par le ministère de l'Enseignement supérieur en 2019.

Et ces inégalités perdurent ensuite dans l'enseignement supérieur puisqu'elles représentent 72% des élèves ayant formulé le souhait d'intégrer une classe préparatoire littéraire en 2019, note le rapport du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. À l'inverse, elles ne comptent que pour 39% de ceux ayant exprimé le désir de rejoindre classe préparatoire scientifique en 2019.

Les formations d'ingénieur et les sciences

En effet, c'est bien dans les formations scientifiques, et en particulier celles d'ingénieurs, que les inégalités de parité ont la vie dure. Si la part des femmes dans les études d'ingénieurs a augmenté de 2,1 points entre 2008 et 2018, elles y restent encore largement minoritaires. À l'université aussi cette réalité existe : elles représentent moins de la moitié (47%) des élèves dans les cursus spécialisés en sciences, et cette part s'effondre à 28% dans les sciences fondamentales.

Mécaniquement, cette sous-représentation se répercute sur l'emploi et notamment les métiers de la recherche : en France, seulement 28% des chercheurs sont des chercheuses en 2017, souligne l'enquête « Vers l'égalité homme-femme ».

Les cursus sélectifs

En plus des filières scientifiques, les femmes sont surtout moins présentes dans les cursus sélectifs. En particulier, elles ne représentaient que 42% des étudiants en grandes écoles en 2016-2017, révèle un rapport de l'Institut des Politiques Publiques (IPP) intitulé « Quelle démocratisation des grandes écoles depuis les années 2000 » publié en janvier dernier. Ces disparités sont encore plus vraies dans les ENS qui n'en comptent que 39%.

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Si les écoles de commerces tendent à être paritaires, les femmes manquent beaucoup plus aux ENS et aux écoles d'ingénieurs, d'après une enquête de l'IPP.

En réalité, la présence des femmes dans les grandes écoles n'a fait que stagner : elles représentaient 16% des élèves de Polytechnique en 2018, comme en 2008, alerte le rapport de l'IPP. À l'ENS Ulm, elles sont mêmes moins nombreuses, passées de 46% en 2008 à 43% en 2018.

Les filières sportives et militaires

La dernière filière où les inégalités de genre se creusent concerne les études sportives et milliaires. Les cursus STAPS, sciences et techniques des activités physiques et sportives, étaient composés à 31% par des femmes en 2018-2019, pointe l'étude annuelle du ministère de l'Enseignement supérieur.

À l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr aussi elles sont rares. Ces différences se retrouvent ensuite dans l'armée française qui compte 15,5% de femmes d'après les données du ministère de la Défense.

De légers progrès

Depuis le discours du 8 mars 2017 d'Emmanuel Macron, les problèmes d'accès à certaines filières d'études par les femmes ne sont donc pas résolus, et les objectifs fixés par le gouvernement sont loin d'être atteints. Mais à un horizon plus long, des progrès sont à constater. Leur part dans les élèves titulaires d'un diplôme d'ingénieur a augmenté de 6 points entre 2000 et 2008, rappelle l'étude « Vers l'égalité homme-femme ». Par ailleurs, la proportion de jeunes filles choisissant un bac professionnel est passée de 10% à 20% entre 2001 et 2018.

Commentaires 2
à écrit le 08/03/2021 à 21:36
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Aucune inégalité quand pour intégrer il faut passer un concours ! Juste le mérite.

à écrit le 08/03/2021 à 13:28
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Les hommes représentaient 39 % des candidats aux ECN médecine en 2020.Tout simplement parce que moins d'hommes que de femmes aspirent à être médecin. Pourquoi en conclure qu'il y a une inégalité ?

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