La Tribune - L'Assemblée nationale vient d'adopter le projet de loi Santé porté par Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, en dépit de l'opposition de la médecine libérale. Quelle est votre réaction ?
Le combat continue. Nous n'avons pas dit notre dernier mot.
De nouvelles journées sans médecin sont-elles envisageables ?
Les professionnels sont las. Mais la mobilisation reste vive. Pour continuer à mettre la pression sur les parlementaires, nous allons afficher la liste des députés qui ont voté ce texte dans tous les cabinets de médecins. Ainsi, nos patients, les citoyens, sauront qui sont les responsables des tracas administratifs supplémentaires que ce texte engendrera, mais aussi de la bascule de notre santé, de la solidarité dans le monde du business.
Pouvez-vous encore vous opposer au tiers-payant, la mesure phare de ce texte ?
Bien entendu. Nous ne pratiquerons pas le tiers payant imposé par la Ministre qui va
complètement déstructurer le monde de la santé que nous connaissons.
Pour quelles raisons ?
D'une part, ce dispositif complique un quotidien administratif déjà très chargé et les
praticiens n'ont pas envie de perdre près de cinq minutes par patient pour connaitre
le nom de leur caisse, de leur complémentaire, de vérifier leurs droit avec la déclaration du médecin traitant et l'acceptation du prélèvement bancaire par la caisse
sur leur compte. Les médecins ont mieux à faire : soigner leurs patients. D'autre part, il fait la part belle aux complémentaires qui vont tenter de prendre la main sur l'organisation de la santé de leurs adhérents leur faisant perdre leur liberté de choix de leurs soignants.
Ne craignez-vous pas les sanctions ?
Le texte n'en prévoit pas encore. Elles risquent par contre d'être bientôt programmées, compte tenu de l'opposition forte des médecins à ce dispositif.
Pour quelles raisons estimez-vous que le gouvernement est passé en force dans ce dossier ?
Le gouvernement avait promis la publication en octobre d'un rapport d'expert sur les
avantages et les conséquences du tiers-payant. Nous l'attendons toujours. Contrairement à ce qu'il nous avait promis, le texte est revenu au Parlement sans que ce rapport n'ait été dévoilé. Nous avions proposé de décaler à mars la présentation de ce texte à l'Assemblée nationale, ce qui était un moyen pour le gouvernement de sortir par le haut de cette crise. Mais il ne nous a pas entendu. En plus, en plein " état d'urgence" nous ne pouvions nous exprimer contre ce vote. C'est la raison pour laquelle nous considérons que ce gouvernement est passé en force.
Quelles sont vos propositions pour réformer le système de santé, chroniquement déficitaire ?
Il ne faut pas réformer le système, il faut le repenser intégralement et le faire évoluer pour répondre aux besoins de demain.
Comment ?
Prenons par exemple le sujet de la revalorisation des médecins généralistes qui est
depuis longtemps une source de conflits entre la Sécurité sociale et les professionnels. Relever d'une poignée d'euros la rémunération des médecins ne serait pas réellement satisfaisante, même si j'entends bien qu'elle serait la bienvenue pour un certain nombre de professionnels. Il faudrait plutôt repenser les actes des médecins et leurs tarifs en faisant la différence entre les pathologies et inventer des cotations différentes selon la difficulté de l'acte et le temps investi. En médecine générale, nous pourrions imaginer une tarification progressive, de 7 euros à 23 puis 40 euros en fonction de la nature des actes. On pourrait imaginer que les consultations courtes soient tarifées 7 euros lorsqu'elles sont faites par
téléphone ou par Internet dans une organisation libérale de territoire nouvelle. Cela permettrait l'introduction des nouvelles technologies dans la médecine pour répondre
à une demande de soin qui augmente, et appuyer le maintien à domicile de nos patients. Il s'agirait avant tout de rassurer des patients sans leur imposer un déplacement qui est parfois compliqué, de permettre aux professionnels de santé de se consacrer aux consultations complexes dans leur cabinet, et, in fine, de réaliser des économies sur le remboursement des consultations.
Pour les spécialités, il faut enfin créer une nouvelle tarification portant sur la classification commune des actes médicaux cliniques mais aussi des actes techniques qui n'a pas été réévaluée depuis sa création. Par ailleurs, il faut renforcer l'ambulatoire en France, qui se classe actuellement parmi les modèles des plus efficaces en rapport coût/efficacité. C'est en ce sens que nous souhaitons répondre aux besoins nouveaux, en repensant l'approche du système de soin traditionnel et, en accordant une confiance et des moyens aux
médecins libéraux qui sont le premier recours des français. La nouvelle convention doit aller dans ce sens.
Comment lutter contre les déserts médicaux ?
Je ne crois pas à l'efficacité des maisons de santé, aux centres pluridisplinaires que
le gouvernement a mis en place. Je crois d'avantage à la mobilité médicale qu'il faut
valoriser, et à la coordination entre professionnels de santé. Si personne ne veut s'installer dans des zones déficitaires, il faut alors inciter les "médecins volants" à aller y travailler. Il faut aussi créer sur ces territoires des associations libérales de proximité qui relient les généralistes, les spécialistes et les autres professionnels de santé qui irriguent les territoires pour assurer la permanence des soins de nuit et la continuité des soins de jour. Faisons confiance aux acteurs libéraux, les expériences qu'ils ont montées, comme à Belle île en mer en 2012, prouvent leur capacité à réorganiser les territoires.
Les autorités régionales de santé (ARS) sont-elles efficaces ?
Elles devraient nous faciliter la vie. Pour l'instant, elles tentent de nous diriger sans avoir la connaissance du terrain. Quand les agents des ARS terminent leur journée à 16H00 ou 17h00 nous restons encore de longues heures dans nos cabinets. C'est encore nous les élus syndiqués des régions (URPS) qui le soir allons à la rencontre des médecins en difficulté.
La campagne avant les élections aux Unions régionales des professionnels de
santé (URPS) a été très agressive. Existe-t-il une union syndicale ?
Au SML depuis un an, nous avons appelé à cette union et elle existe en médical comme en interprofessionnel. Les résultats des élections des médecins sont maintenant connues et au SML, nous veillerons à ce que toutes les parties soient représentées dans tous les bureaux régionaux des URPS. Quant à l'agressivité de la campagne, elle a été plutôt bon enfant. Nous nous connaissons tous et l'ambiance est très rugby. Tous amis avant le match mais une fois le ballon lâché chacun joue sa partie. Le match des élections étant terminé, nous refaisons le pack contre la loi.
"Nous allons afficher la liste des députés qui ont voté la loi Santé chez les médecins"
pharma17
à écrit le 04/12/2015 à 18:27
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Excellente idée a proposer aux pharmaciens qui ont assez de vitrine pour exposer à la vindicte populaire les députés qui détruisent la sécurité sociale et instaurent une médecine a l'américaine par les assurances privées.
René MONTI
à écrit le 04/12/2015 à 15:54
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Il faut afficher la liste des médecins contre le tiers payant et afficher leurs revenus, cela sera plus simple. Les français pourront mieux apprécier...
Réponse de Tierpé
le 05/12/2015 à 10:15
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Et pourquoi pas afficher le salaire/revenu des patients qui demandent le Tiers payant?
ahlouf
à écrit le 04/12/2015 à 14:42
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Ben en voilà des notables qui ne veulent pas de progrès au motif que leurs habitudes seraient changées et qu'ils seraient un peu plus fliqués. Déjà que les 2/3 ne sont pas bons comme les médicaments qu'ils nous prescrivent et qu' apparemment ils n'on...
Ben en voilà des notables qui ne veulent pas de progrès au motif que leurs habitudes seraient changées et qu'ils seraient un peu plus fliqués. Déjà que les 2/3 ne sont pas bons comme les médicaments qu'ils nous prescrivent et qu' apparemment ils n'ont pas d'obligations de résultat ça promet un peu plus de bazar à la sécu, hein marifolle.
Réponse de Woualid
le 05/12/2015 à 10:22
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Pour vous le mieux est d'aller téléconsulter sur une pateforme de mutuelle. Vous aurez un bon médecin et tout sera pris en charge y compris le médicament générique fabriqué en Indes qui vous sera prescrit (vous savez celui de couleur blanche avec un ...
Pour vous le mieux est d'aller téléconsulter sur une pateforme de mutuelle. Vous aurez un bon médecin et tout sera pris en charge y compris le médicament générique fabriqué en Indes qui vous sera prescrit (vous savez celui de couleur blanche avec un nom à rallonge). Mais quand ça n'ira plus, surtout ne consultez pas votre médecin traitant pour ne pas enrichir ce nantis....
Corso
à écrit le 04/12/2015 à 13:51
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Les médecins seront obligés d'adopter la réforme ou ne pourront plus exercer. La véritable question est la modernisation de la santé. Sur ce point il faut accepter de dire des choses "lourdes" si l'on veut être franc : la privatisation de la sécurité...
Les médecins seront obligés d'adopter la réforme ou ne pourront plus exercer. La véritable question est la modernisation de la santé. Sur ce point il faut accepter de dire des choses "lourdes" si l'on veut être franc : la privatisation de la sécurité sociale et un contrôle plus sévère des prescriptions sont à l'ordre du jour. En effet devant l'avancée des "healths" américains, ces entreprises privées qui sont la sécurité sociale, nous ne pouvons pas poursuivre dans l'ancien schéma. Les médecins doivent avoir la conscience que s'ils n'évoluent pas ils seront broyés. L'évolution est donc leur sauvetage et non le contraire. Elle peut recouper des moments pénibles comme toute modification mais reste indispensable. Jusqu'à présent les honoraires ont été fixés dans leur masse au proportionnel des prescriptions, quoiqu'on en dise, ils ont progressé tandis que les prix des médicaments augmentaient et que les prescriptions inutiles voire dangereuses se multipliaient. Ceci au dépend des "charges" perçues sur les entreprises pour ce financement. Or, la mondialisation qu'ils souhaitent pourtant a des effets sur ces dernières qui augmentent en proportionnel puisque l'inflation, la croissance, les résultats financiers sont en baisse et que cependant il n'y a plus de molécule soignante nouvelle tandis que la tarification médicale ne diminue pas et que les pressions extérieures se font plus amples. L'ancienne équation n'est plus viable. Il s'agit donc d'accepter une réorganisation permettant pour leur sauvegarde de s'attacher toute la clientèle actuelle puis d'en conquérir d'autres dans d'autres pays. Les médecins doivent le comprendre et accepter la réforme qui est au programme de tous les partis.
Réponse de Bernadetteanne
le 06/12/2015 à 18:32
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Vous confondez médecine et commerce : le médecin a pour devoir principal de répondre à un besoin de soins dans des délais compatibles avec votre pathologie. Le commerce international ne fait pas partie de ses préoccupations. Le pointage du tiers paya...
Vous confondez médecine et commerce : le médecin a pour devoir principal de répondre à un besoin de soins dans des délais compatibles avec votre pathologie. Le commerce international ne fait pas partie de ses préoccupations. Le pointage du tiers payant et donc le travail comptable excessif et le travail de contrôle des assurances ne font pas partie de ses devoirs de soignant et empièteraient considérablement sur le temps de travail de soins, facile à comprendre ...
Amarante
à écrit le 04/12/2015 à 13:40
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Les médecins ne sont pas les seuls en France à avoir fait des études secondaires poussées. Leurs revenus sont assurés par la sécu et s'échelonnent selon l'Insee de 82000 euros par an pour un généraliste à 189770 euros pour certains spécialistes. Les ...
Les médecins ne sont pas les seuls en France à avoir fait des études secondaires poussées. Leurs revenus sont assurés par la sécu et s'échelonnent selon l'Insee de 82000 euros par an pour un généraliste à 189770 euros pour certains spécialistes. Les doctorants enseignant à l'université sont très loin de ces revenus. Un peu de décence que diable!
Réponse de bernadetteanne
le 06/12/2015 à 11:19
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Alors vous voulez des médecins payés au smic et formés en 2 ans d'études : c'est bien ça? si je comprends votre propos : allez jusqu'au bout de votre pensée ou alors réfléchissez 5 minutes avant d'écrire des considérations inutiles.
Réponse de @ Amarante
le 06/12/2015 à 13:09
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L'important c'est dans trouver un bon ( c'est comme un garagiste , un boulanger ou un banquier ...).
Après je ne regarderais pas sa feuille d'impôt pour m'avoir soigné , guéri ou sauver ...
Ceux travaillant dans les universités dites de recherche n'...
L'important c'est dans trouver un bon ( c'est comme un garagiste , un boulanger ou un banquier ...).
Après je ne regarderais pas sa feuille d'impôt pour m'avoir soigné , guéri ou sauver ...
Ceux travaillant dans les universités dites de recherche n'ont pas trouvé de travail dans le privé , d'ailleurs ils ne trouvent pas grand chose sauf l'argent de l'état pour les faire vivre ...( je ne parle pas du CNRS mais des universités ) .
Alors que leurs salaires soient considérer comme minable par rapport a un même degrés d'étude c'est un peu normal...Certains travaillent et d'autres ne font pas grand chose!!!
Réponse de Docgénéraliste
le 06/12/2015 à 16:26
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Ah les revenus des médecins : 5000 ou 6000 euros par mois pour 60 heures de travail par semaine, cela fait un revenu de 20 euros de l'heure pour un médecin : vous pensez que c'est trop, et avec cela, il faut encore payer les impots qui ne se privent ...
Ah les revenus des médecins : 5000 ou 6000 euros par mois pour 60 heures de travail par semaine, cela fait un revenu de 20 euros de l'heure pour un médecin : vous pensez que c'est trop, et avec cela, il faut encore payer les impots qui ne se privent pas de les taxer.
Le Ministre qui gagne 15000 euros par mois, avec logement, déplacements, tout au frais du contribuable, et à vie même si ses 5 ans de travail sont terminés, cela vous choque moins, de même que le footballeur qui a droit à 100 000 euros mensuels, c'est bien plus mérité que le labeur du médecin bien sûr...
jmh
à écrit le 04/12/2015 à 12:42
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Et nous la liste des médecins qui grugent la sécurité sociale
Réponse de bernadetteanne
le 06/12/2015 à 11:14
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Si vous détestez à ce point les médecins, n'y allez surtout pas, vous n'en avez pas besoin : laissez leur temps de consultation aux vrais malades qui apprécient la qualité des soins de leur médecin quand ils sont dans la détresse de leur maladie.
Si...
Si vous détestez à ce point les médecins, n'y allez surtout pas, vous n'en avez pas besoin : laissez leur temps de consultation aux vrais malades qui apprécient la qualité des soins de leur médecin quand ils sont dans la détresse de leur maladie.
Si vous voulez le tiers payant GENERALISE, il faut comprendre que cela représente 2 heures de travail administratif par jour : travail d'assureur de vérification et de contrôle des droits à l'assurance, et travail comptable de pointage des tiers payant pour les impôts, soit 2 heures de travail médical en moins pour les soignants : à l'heure où les gouvernements ont organisé la pénurie de soins et les déserts médicaux, les délais de rendez-vous vont s'allonger : vous devrez attendre au moins un mois de plus pour consulter, si c'est ce que vous voulez, alors d'accord....
kakech
à écrit le 04/12/2015 à 11:56
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les assurés sociaux cotisants à l'assurance maladie et aux complémentaires seront heureux d'apprendre que l'hôpital public facturera à l'assuré un forfait de 45 euro pour hospitalisation en chambre particulière, alors que les bénéficiaires de l'AME e...
les assurés sociaux cotisants à l'assurance maladie et aux complémentaires seront heureux d'apprendre que l'hôpital public facturera à l'assuré un forfait de 45 euro pour hospitalisation en chambre particulière, alors que les bénéficiaires de l'AME et CMU bénéficieront d'une chambre particulière gratuitement . C'est une disposition de la loi santé présentée par Marisol Touraine .
Réponse de Corso
le 04/12/2015 à 14:05
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Les chambres particulières vont devenir la norme puisque les chambres doubles seront interdites. Toutefois la réforme des hôpitaux ne permet pas encore, selon les cas, cette possibilité. C'est pour une période intermédiaire et encore une fois selon l...
Les chambres particulières vont devenir la norme puisque les chambres doubles seront interdites. Toutefois la réforme des hôpitaux ne permet pas encore, selon les cas, cette possibilité. C'est pour une période intermédiaire et encore une fois selon la disponibilité et la nécessité des cas, au jour le jour que cette facturation sera faite. La modernisation des hôpitaux a été le fait de l'inertie politique du global parti, des syndicats encore loin de l'idée du service à la clientèle comme des dérives des médecins. Elle se fait enfin, soyons satisfaits.
MIKE
à écrit le 04/12/2015 à 11:23
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On appelle ça, la transparence de l'ordonnance !
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