Que Bruno Le Maire reste en poste, « ce n'est pas un scoop » a ainsi réagi ce lundi 4 juillet le ministre de l'Economie à France Inter. En revanche, il reçoit l'appui d'une équipe renforcée.
Aux côtés de Bruno Le Maire : trois hommes et une femme
En plus de Gabriel Attal, déjà présent en tant que ministre délégué à ses côtés dans le premier gouvernement d'Elisabeth Borne, pour gérer les comptes publics, Bruno Le Maire bénéficie de l'arrivée, sous sa coupe, de trois ministres délégués.
La première, Olivia Gregoire fait, en réalité, un retour à Bercy pour s'occuper des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme. Cette quadra, diplômée de l'Essec et de Sciences Po Paris, quitte le poste de porte-parole où elle a œuvré ces dernières semaines, pour revenir sous la coupe de Bruno Le Maire. En effet, elle occupait le poste de chargé à l'économie sociale, solidaire, et responsable lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron. Olivia Grégoire est considérée comme une fidèle d'Emmanuel Macron. Connue pour son franc-parler, son goût du terrain, celle qui avait créé sa structure dans la communication aura pour rôle d'accompagner les petites entreprises dans leur transformation, mais aussi pour certaines d'entre elles de venir à leur appui, alors que l'économie ralentit. Elle connaît bien les milieux patronaux, car elle est beaucoup intervenue sur la loi Pacte. Auparavant, elle avait fait ses armes sous des ministres de droite comme Xavier Bertrand, ou Philippe Bas, et est donc réputée plutôt libérale.
Jean-Noël Barrot est aussi très pointu en économie. Professeur assistant depuis 2013 au département du Massachusetts Institute of technologie, - actuellement en disponibilité - il est entré en politique d'abord comme conseiller départemental de Haute-Loire avant d'être élu député en 2017 des Yvelines. L'occasion pour ce Modem d'être vice-président de la commission des Finances. Autant dire que celui qui a été réélu cette année député est rompu aux problématiques financières et budgétaires. Même si à 39 ans, il se retrouve en charge de la transition numérique et des télécommunications. Il succède ainsi à Cédric O'. Son profil devrait rassurer les acteurs de la filière, les startups, l'environnement de la French tech.
Enfin, à l'Industrie, Emmanuel Macron nomme un poids lourd et un fidèle. Député des Français de l'étranger - réélu cette année -, Roland Lescure, est un cadre et l'un des principaux porte-paroles de la République en marche. Après avoir tenté sa chance à l'Assemblée nationale pour le perchoir, - gagné par Yaël Braun Pivet- il se voit donc promu ministre. Sa connaissance du parlement sera sans doute un atout au moment du passage de textes importants, comme la loi « pouvoir d'achat ».
Roland Lescure hérite du portefeuille « l'industrie », vacant depuis mai dernier, alors que ce secteur crucial pour l'économie française va être confronté à un ralentissement de sa croissance tout en devant négocier le virage de la transition économique. Les industriels seront rassurés de voir un ministre dédié arriver, et notamment un bon connaisseur de l'entreprise, proche d'Emmanuel Macron. Après des décennies de désindustrialisation, le chantier est gigantesque.
Laurence Boone, un rôle important pour l'économie française en Europe
Enfin, il est une autre nomination, celle de Laurence Boone qui d'un point de vue économique est importante. Même si elle ne dépend pas directement de Bercy, cette économiste, en charge des questions européennes (en remplacement de Clément Beaune, nommé aux transports) a de fortes chances d'être un maillon indispensable pour défendre la politique économique de la France à Bruxelles. En effet, à 53 ans, Laurence Boone a été conseillère économique de François Hollande, puis directrice à l'OCDE - l'Organisation de coopération et de développement économique -.
Par exemple, elle connaît bien les problématiques liées à la dette - elle a travaillé notamment sur le dossier grec-. Ce qui promet d'être utile alors que dans le contexte d'inflation, les taux d'intérêt remontent et qu'il faudra négocier avec la commission et nos créanciers. Proche de l'actuel directeur du Trésor, Emmanuel Moulin, Laurence Boone connaît aussi très bien Emmanuel Macron avec qui elle a travaillé à l'Elysée du temps de François Hollande.
Cet ensemble de nominations a pour objectif d'affronter une rentrée que beaucoup prévoient difficile sur le front économique. Le premier crash test sera sans doute la loi pouvoir d'achat, que le gouvernement présentera cette semaine.