PGE : face à la crise, la moitié des entreprises françaises réclament un allongement des délais de remboursement

Dans le commerce (55%) et les services (54%), plus de la moitié des dirigeants réclament un allongement des délais de remboursement pour les prêts garantis par l'Etat (PGE), selon le dernier baromètre de la Grande consultation des entrepreneurs réalisé par OpinionWay pour La Tribune, CCI France et LCI. Le brutal coup de frein de l'activité et l'inflation galopante assombrissent les perspectives économiques pour certains secteurs.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Le gouvernement va-t-il devoir encore une fois de plus réajuster le tir ? Après les deux longues années de pandémie, certains secteurs se retrouvent à nouveau en première ligne face à cette avalanche de chocs. Entre la guerre en Ukraine, l'inflation galopante, la pagaille dans les chaînes d'approvisionnement, les pénuries de composants et de matières premières, beaucoup d'entreprises doivent augmenter leurs coûts de production. Dans ce contexte, la plupart des instituts de statistiques ont noirci leurs prévisions économiques. Dernièrement, l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a dégradé son chiffre de croissance pour 2022 passant de 4,2% à 2,7% alors que la guerre en Ukraine a éclaté il y a seulement trois mois. « C'est une révision très rapide liée d'abord à l'impact Omicron, la remontée des taux, les difficultés d'approvisionnement, les incertitudes liées aux tensions géopolitiques et le choc énergétique », a déclaré Mathieu Plane, économiste à l'OFCE lors d'un récent point presse.

Dans ce contexte tourmenté, plus de la moitié (52%) des entreprises interrogées dans le cadre de la Grande consultation des entrepreneurs (GCE) estiment que le délai de remboursement des prêts garantis par l'Etat doit être allongé. Pour rappel, 700.000 entreprises ont eu recours au PGE depuis le début de la pandémie pour un montant emprunté de plus de 140 milliards d'euros. A ce jour, 16% de ces 700.000 entreprises ont totalement remboursé leur prêt, selon le ministère de l'Economie et la Fédération bancaire française (FBF). Après toutes les vagues d'infection, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait proposé au mois d'avril un étalement jusqu'à 10 ans des délais de remboursement.

 Le commerce et les services réclament cet allongement

Derrière cette moyenne (52%), quelques disparités existent entre les secteurs. Les dirigeants dans le commerce (55%) et les services (54%) sont favorables à l'allongement des délais de remboursement. Chez les industriels, ils sont environ 49%. Enfin, dans la construction, 42% des patrons interrogés y sont également favorables.

Après le début de la guerre en Ukraine, le gouvernement a prévu un renforcement des prêts garantis par l'Etat dans le cadre du plan de résilience. Il sera ainsi possible pour les entreprises, sous certaines conditions, à partir du premier juillet prochain, d'emprunter jusqu'à 15% de leur chiffre d'affaires grâce au "PGE Résilience", tandis que le PGE lancé pour faire face à la crise sanitaire ne sera plus disponible.

Le moral des dirigeants se redresse timidement

Après avoir enregistré une chute abyssale entre février et mars, le moral chez les chefs d'entreprise repart à la hausse. L'indicateur qui mesure l'optimisme à l'égard de l'économie est passé de 66 en mars) (son point bas) à 73 en mai. Il est cependant très loin d'avoir retrouvé sa moyenne de long terme (100) et son niveau de décembre dernier (103). «L'impact de la guerre en Ukraine sur le commerce mondial et la croissance nulle en France au premier trimestre pourraient être des éléments explicatifs de ce regain d'optimisme très mitigé», souligne l'institut de sondages.

Concernant les perspectives économiques mondiales et nationales, les chefs d'entreprise sont légèrement plus confiants. Les indicateurs mesurant ce degré d'optimisme sont en légère hausse. Quant à l'avenir de leurs entreprises, ils sont 68% à l'envisager positivement. A ce stade, il est encore difficile d'évaluer toutes les conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Tout va dépendre de la durée du conflit et de la capacité des Etats et des banques centrales à limiter les dégâts.

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(*) Méthode : étude réalisée auprès d'un échantillon de 613 dirigeants d'entreprise. L'échantillon a été interrogé par téléphone. Les interviews ont eu lieu du 13 au 20 mai 2022. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 31/05/2022 à 8:27
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Comme le dit l'adage, le temps c'est de l'argent et les dirigeants d'entreprises zombies ne le savent que trop bien en ponctionnant à mort le cash flow via une rémunération pharaonique pour des entreprises à responsabilité limitée qui ne paieront ...

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