PODCAST Ça bouillonne dans le chaudron nucléaire en France

HISTOIRES ECONOMIQUES. Un projet de loi « d'accélération du nucléaire » est discuté cette semaine par les députés. Avec pour horizon au moins six nouveaux réacteurs d'ici à 2035. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : Reuters)

6 ou 8, voire 14 nouveaux réacteurs dits EPR2, pour les distinguer de l'EPR1 de Flamanville, c'est l'objectif fixé l'an dernier à Belfort par Emmanuel Macron. Sachant que Flamanville devrait être mis en route à la fin de l'année avec dix ans de retard.

L'énergie, c'est le grand défi des prochaines décennies : se doter de nouvelles capacités de production pour disposer d'une énergie décarbonée, abondante et la moins chère possible, c'est indispensable pour notre compétitivité. Car la France consommera 50% d'électricité en plus en 2050.

Pour s'y préparer, Macron fait clairement le choix, à nouveau, du nucléaire. Comme dans les années 70 avec le plan Messmer, qui a assuré à la France une relative indépendance énergétique et lui a donné un vrai avantage dans la compétition mondiale jusqu'à la fin de la dernière décennie.

La loi enterre d'ailleurs l'objectif de 50% de part du nucléaire dans notre mix énergétique, fixé lors de l'alliance entre le PS et les Verts sous Hollande.

Cette relance du nucléaire se fait sur fond de sérieux débats sur la sécurité

Aller plus vite ne doit pas se faire au détriment de la sûreté. Toute à sa volonté de simplifier les procédures et les recours, la ministre de l'énergie, Agnès Pannier Runacher, défend un amendement qui fait polémique : il s'agit de fusionner l'ASN, l'Autorité de sûreté nucléaire avec l'IRSN, un institut public d'expertise créé il y a vingt ans pour tirer les leçons de Tchernobyl.

L'objectif du gouvernement est de « fluidifier » les relations entre les deux organismes. Mais les syndicats de l'IRSN dénoncent un risque de désorganisation et une menace pour leur indépendance et pour la transparence sur les risques de l'atome. Le sujet est sensible à l'heure où des fissures multiples mettent en évidence le vieillissement de certaines centrales, comme celle de Penly, et fragilisent la production nucléaire.

Combien va coûter ce programme nucléaire ?

EDF parle de 52 milliards d'euros pour les six premiers EPR2, mais au vu des surcoûts de Flamanville, on peut craindre que cela ne soit revu à la hausse. En vérité, le principal défi est avant tout industriel : la France est-elle en capacité de reconstruire la filière nucléaire qui a fait sa fierté, et dont une commission d'enquête parlementaire qui se déroule en parallèle raconte les déboires ?

Le chantier démarre. Il y a de bonnes nouvelles pour les territoires et pour l'emploi, comme l'investissement de Framatome au Creusot pour construire les chaudières des nouvelles centrales. On sait aussi que plusieurs sites, comme Penly et Gravelines sont prêts à accueillir les 4 premiers EPR2.

Avis à toutes celles et ceux que les métiers d'ingénieur nucléaire, de soudeur de précision passionnent : les premières coulées de béton d'EDF pour les nouveaux réacteurs sont prévues pour 2027, et les premières mises en service entre 2035 et 2037. Un secteur où il y a du travail garanti au moins pour les quinze prochaines années, il n'y en a pas tant que cela.


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Philippe Mabille
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