Pouvoir d'achat : le gouvernement est prêt à relever le plafond des tickets restaurant à 25 euros

Face à la flambée de l'inflation, Bercy envisage d'élargir son arsenal en faveur du pouvoir d'achat des Français en relevant le plafond journalier des tickets restaurant, de 19 à 25 euros.

Souhaité par les acteurs du secteur, et plébiscité par les clients, le gouvernement pourrait bien relever de nouveau le plafond des tickets restaurant. Dans le cadre des dispositifs visant à favoriser le pouvoir d'achat des Français, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, s'est dit « prêt » à rehausser le plafond quotidien des titres restaurant, distribués par les entreprises à leurs salariés, dont 4 millions en bénéficient. Actuellement fixé à 19 euros depuis le 1er juillet, ce plafond pourrait passer à 25 euros.

« Je suis prêt à augmenter la valeur (utilisable par jour) des tickets restaurant de 19 à 25 euros », a affirmé Bruno Le Maire vendredi matin sur RMC/BFMTV, estimant que c'est une « bonne proposition, faite par des députés aussi bien Les Républicains, que socialistes ou écologistes, je trouve que c'est une bonne proposition » issue de l'opposition dans le cadre du projet de loi de finances rectificatives en cours d'examen au Parlement. « Je la prends », a-t-il souligné.

38 euros pendant la crise Covid

Durant la crise sanitaire, à l'issue du premier confinement en 2020, le gouvernement avait fixé ce plafond à 38 euros, et il était également possible de régler ses courses avec des titres restaurant les week-ends et jours fériés. Le dispositif avait été reconduit plusieurs fois, dont la dernière en février, jusqu'au 30 juin. L'objectif de cette mesure pour Bercy était de « relancer la consommation dans les restaurants », impactés par les restrictions sanitaires, et « d'accélérer l'utilisation des tickets épargnés par les salariés ». Mais une fois le stock de tickets écoulé, et avec la fin des restrictions sanitaires, le ministère avait jugé que cette mesure n'avait plus lieu d'être.

Initialement le ministre de l'Economie n'était pas favorable à un nouveau geste sur les titres restaurants. Mais face au ralentissement économique et à la hausse actuelle des prix, le gouvernement semble revoir sa copie. Sans aller jusqu'au doublement du plafond des titres restaurant, c'est donc une réévaluation de 6 euros qui se profile. Cette fois-ci en tant que nouveau coup de pouce au portefeuille des salariés, qui souvent, utilisent leurs tickets restaurant pour faire leurs courses alimentaires. Des dépenses qui augmentent ces derniers mois du fait de l'inflation.

Une très bonne nouvelle pour les restaurateurs

Les représentants du secteur de la restauration saluent cette mesure. « C'est une très bonne nouvelle pour les salariés et les restaurateurs. Cela va permettre aux clients d'ajouter un dessert ou une entrée. Une telle mesure fait partie de ces avantages accordés aux salariés, sans charges sociales pour les employés et employeurs » se réjouit Franck Trouet, porte-parole du syndicat GNI, groupement national des indépendants de l'hôtellerie-restauration, joint par La Tribune. Ce syndicat, deuxième organisation représentative du secteur, et qui regroupe 12.000 établissements, n'était pas favorable au retour du plafond à 19 euros. « Avec la hausse du plafonnement à 38 euros, les clients consommaient plus : le ticket moyen avait augmenté de 30%, ce qui représentait 4 à 9 euros en plus sur l'addition. Ce n'était pas rien.»

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Les opérateurs de tickets restaurant voient eux aussi ce relèvement du plafond d'un bon œil. « Le ticket restaurant, c'est du pouvoir d'achat pour les Français qui les utilisent, de l'argent fléché vers les restaurateurs, mais c'est aussi bon pour l'Etat, car cet argent dépensé rapidement dans l'économie locale crée plus de valeur que le coût de la défiscalisation pour l'Etat. Sur un an, ce sont 7 milliards d'euros qui sont dépensés en tickets restaurant en France », soulignait Bertrand Dumazy, PDG du groupe Edenred, numéro un du marché, lors des Rencontres d'Aix-en-Provence, du 8 au 10 juillet.

Edenred (Ticket Restaurant) est le numéro un du marché du titre restaurant en France, devant Groupe Up (Chèque Déjeuner), Sodexo (Pass Restaurant, anciennement Chèque Restaurant) et Bimpli, l'offre du groupe BPCE. Avec la dématérialisation des titres restaurant traditionnels en papier, possible depuis 2014, de nouveaux acteurs, proposant des solutions par carte à puce ou téléphone portable, se sont positionnés, comme la licorne Swile, ou Resto Flash, venant bousculer les opérateurs historiques.

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Un marché à 6 milliards

En revanche, le syndicat des restaurateurs et hôteliers attend aussi du gouvernement qu'il accompagne cette hausse du plafond des titres d'une mesure forte pour que les opérateurs baissent leurs commissions. « Les gros gagnants sont aussi les émetteurs de titres restaurants dont les commissions s'élèvent de 4 à 6%. Alors que les commissions sur les cartes bancaires classiques sont inférieures à 1%. C'est scandaleux », juge le GNI.

Ces sociétés, qui se partagent un marché de 6 milliards d'euros par an, ont été condamnées par l'Autorité de la concurrence à 415 millions d'amende au total pour pratiques anticoncurrentielles. Elles ont fait appel, et la décision est attendue le 24 novembre 2022. Elles contestent s'être entendues depuis 2002 pour restreindre l'entrée de nouveaux acteurs, limiter la concurrence entre elles et freiner l'essor de titres dématérialisés.

Commentaires 5
à écrit le 25/07/2022 à 18:18
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encore un cadeau pour les restaureurs en compensation il serait bon de remettre la TVA a 20 % pour les menus au dessus de 15 €

à écrit le 25/07/2022 à 13:44
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Nos politiques ont choisi la consommation (TVA oblige) à la production (l'industrie est sale).Le quoi qu'il en coûte a de beaux jours devant lui et sera réactivé dès qu'un 1/2 gilet jaune apparaîtra à l'horizon d'un rond-point. Idem des PGE aussitôt ...

à écrit le 25/07/2022 à 7:57
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Quelle bande d'amateurs. Ils auraient dû laisser le plafond de 38 euros mis en place après le covid. De toute façon, de quel droit l'Etat décide du montant maximum qu'un salarié peut dépenser pour déjeuner?

à écrit le 25/07/2022 à 7:48
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Super! Après les avoirs baissé de moitié, ils les augmente d'un quart! C'est un métier de convaincre!;-)

à écrit le 22/07/2022 à 15:24
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Je me demande si ces problèmes ne sont pas plutôt du ressort des centrales syndicales plutôt que des partis: les syndicats défendent les intérêts des travailleurs; les instances politiques doivent veiller à ce que le Char de l'Etat chemine sans cahot...

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