Présidentielle : les entreprises à impact interpellent les candidats à l'Elysée pour préparer "l'économie de demain"

Le mouvement Impact France a présenté ce jeudi 3 février son Manifeste pour l'économie de demain. Objectif : interpeller les candidats à l'élection présidentielle pour qu'ils intègrent ces propositions écologiques et sociales à leurs programmes.
(Crédits : Quentin Chevrie)

Quoi de mieux que Grande Galerie de l'Évolution du Muséum national d'Histoire naturelle pour alerter sur le danger climatique et la sixième extinction ? C'est dans une salle jouxtant les squelettes de dinosaures que les entrepreneurs engagés d'Impact France, qui se présente comme « une alternative écologique et sociale au Medef », sont venus présenter leur Manifeste pour l'économie de demain.

« Malgré les rapports du GIEC, l'économie peine à se transformer. Nous sommes encore dans l'incitation et l'engagement a minima. Et ce n'est pas suffisant », rappelle Eva Sadoun, coprésidente d'Impact France. La cofondatrice de Lita.co publie d'ailleurs ce mois-ci un livre, "Une économie à nous. Changer de regard pour redéfinir les règles du jeu" chez Actes Sud.

« Les grands groupes se sont cantonnés à une logique de compensation, en créant des directions RSE ou des fondations. C'était bien il y vingt ans. Aujourd'hui, ce n'est plus possible », ajoute Jean Moreau, l'autre coprésident.

Impact France, mouvement « politique, mais apartisan », propose aux candidats (sauf ceux du Rassemblement national et de Reconquête, « car nous considérons que leur vision est en totale opposition avec ce que l'on défend » selon Eva Sadoun) d'adopter quatre grandes mesures pour changer les règles du jeu économiques.

La première, c'est la création d'un index d'impact social et écologique, un référentiel composé d'indicateurs environnementaux, sociaux, de gouvernance, de partage de la valeur et de recherche d'impact positif. Cet Impact Score « permettra d'évaluer réellement l'impact écologique et social de l'entreprise », selon Eva Sadoun.

Un statut d'entreprise à impact

Deuxième mesure : la création d'un statut d'entreprise à impact, une sorte de prolongement des entreprises à mission de la loi Pacte inspiré de l'ESS (économie sociale et solidaire) et de l'agrément ESUS, qui facilite l'accès au financement de l'épargne solidaire.

Encourager l'innovation écologique et sociale autant que l'innovation technologique constitue la troisième proposition. « J'ai pu constater avec le succès de la French Tech appuyée par la Bpifrance qu'un volontarisme politique fort pouvait faire émerger en quelques années un écosystème de startups, dont 26 licornes, qui ont créé des centaines de milliers d'emplois », explique Jean Moreau.

Le Manifeste propose de soutenir les entreprises à impact grâce à un crédit d'impôt recherche et innovation sociale et écologique, un statut similaire à celui des Jeunes entreprises innovantes (exonération de cotisations sociales patronales pendant leurs 5 premières années d'existence), et une « éco-conditionnalité » pour bénéficier des Programmes d'investissement d'avenir (PIA).

Le quatrième pilier est celui de la fiscalité, avec trois idées fortes : une TVA réduite (taux de 5,5%) pour les produits responsables, un chèque transition pour soutenir la transformation sociale et écologique des entreprises, et une modulation de l'impôt sur les sociétés en fonction du degré d'engagement. « Pour nous, la fiscalité doit être conditionnée. Le CICE (avantage fiscal pour les rémunérations inférieures à 2,5 Smic) a montré que si elle ne l'est pas, on n'atteint pas les effets escomptés », rappelle Eva Sadoun. Impact France veut former une communauté d'entreprises pionnières qui seront avantagées - sur la commande publique, par la fiscalité - par rapport à celles qui n'auront pas intégré ces enjeux écologiques et sociaux.

Des indicateurs de la vulnérabilité des entreprises

Plusieurs acteurs du changement sont venus apporter leur soutien à cette initiative. Pour Matthieu Auzanneau, directeur de The Shift Project, qui va présenter son plan de transformation de l'économie française lundi 7 février, « favoriser une avant-garde, c'est bien. Mais cela nécessite un cadre cohérent, une direction vers laquelle on veut emmener la nation. Or, le premier pays qui saura faire une norme pour combattre cette évolution inexorable aura un avantage concurrentiel et marquera l'histoire ».

La paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe n°1 du GIEC, a rappelé quatre points essentiels pour maîtriser le réchauffement climatique.

  • Un : arriver le plus vite possible à zéro émission nette de CO2 due aux activités humaines.
  • Deux : réduire les émissions de méthane, « qui est un gaz à effet de serre et un polluant néfaste pour la santé humaine et la croissance des plantes ».
  • Trois : faire baisser la pression sur les terres. « L'enjeu est considérable. Il faut se doter d'indicateurs précis, sur la déforestation ou la biodiversité par exemple », précise la scientifique.
  • Quatre : donner la possibilité aux entreprises de diagnostiquer leur vulnérabilité aux risques physiques et d'agir pour la réduire. « Cette capacité d'adaptation est un parent pauvre de l'action des entreprises », regrette Valérie Masson-Delmotte.

Les équipes des candidats à la magistrature suprême sont-elles réceptives à ces propositions d'Impact France ? « Nous discutons avec les partis depuis trois mois. Notre sujet peut être vu sous plusieurs angles selon la couleur politique : souveraineté, justice sociale, transition écologique, etc. Nous allons publier d'ici trois semaines un décryptage des programmes pour analyser ce qui va dans notre sens et ce qui pourrait s'y opposer ». Verdict en avril prochain.

Commentaires 3
à écrit le 04/02/2022 à 16:32
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Eva Sadoun d'Impact France ne peut pas se prétendre "apartisane" et en même temps, dans le cadre d'élections démocratiques, écarter des candidats en ayant préjugé arbitrairement que tous les membres du mouvement seraient en totale opposition avec eux...

à écrit le 04/02/2022 à 14:03
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Tout doit être mis sur le compte d'une adaptation a une sortie de la "politique de l'offre" en cours et des éternelles publicités!

à écrit le 04/02/2022 à 10:59
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Oui mais sans s'attaquer aux méthodes cataclysmiques agro-industrielles ça ne sert à rien, d'ailleurs les trois premières recommandations le concernent directement mais comme d'habitude il fait semblant de ne pas écouter, enfin, l'encéphalogramme pla...

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