Présidentielle : Retraites, impôts, RSA, dette...le candidat Macron droit dans ses bottes

Le chef de l'Etat a prévu de commencer les négociations sur la réforme des retraites au lendemain de l'élection présidentielle s'il remporte le scrutin et souhaite présenter un texte au parlement avant la fin de l'été.
Grégoire Normand
Emmanuel Macron a présenté son programme présidentiel devant un parterre de plus de 300 journalistes en fin de journée jeudi à Aubervilliers.
Emmanuel Macron a présenté son programme présidentiel devant un parterre de plus de 300 journalistes en fin de journée jeudi à Aubervilliers. (Crédits : Reuters)

Le président-candidat Emmanuel Macron a déroulé son programme de réformes économiques et sociales pour les cinq prochaines années devant un parterre de plus de 300 journalistes jeudi en fin de journée à Aubervilliers. Après cinq années de mandat percutées par de multiples crises ("gilets jaunes", pandémie, guerre en Ukraine), le chef de l'Etat sortant a mis la protection, la souveraineté et "la confiance dans le progrès" en avant dans son propos liminaire.

Entre les baisses d'impôts, la retraite, la réforme du RSA et le plein emploi, Emmanuel Macron chantre en 2017 du "en même temps" a été accusé par la candidate Valérie Pécresse de "piller les idées de la droite". Il a répondu qu'il s'en "fichait royalement, totalement, présidentiellement. Ce qui compte, c'est ce qui fonctionne pour le pays, ce qui est juste, ce qui le rend plus fort, ce qui permet aux Françaises et aux Français de vivre mieux".

Une baisse de 15 milliards d'euros d'impôt sur les entreprises et les ménages

Le président, qui a officiellement déclaré sa candidature le 4 mars dernier dans une lettre aux Français, a annoncé 15 milliards d'euros de baisses d'impôts réparties équitablement entre les ménages et les entreprises. S'agissant des entreprises, la principale baisse concerne la CVAE (la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) pour 7,5 milliards d'euros. Cette diminution réclamée par une partie du patronat s'inscrit dans la continuité de la baisse des impôts de production décidée en 2020 (10 milliards d'euros par an) et de celle de l'impôt sur les sociétés durant tout le quinquennat dont le taux est passé de 33% à 25%.

Avec cette annonce, le candidat Macron poursuit la politique de l'offre à l'oeuvre depuis 2012, avec des gestes en faveur des entreprises (CICE, pacte de responsabilité, transformation du CICE en baisse pérenne de cotisation, ISF). Du côté des ménages, cette baisse devrait passer par la suppression contestée de la redevance TV (138 euros), des diminutions de prélèvements sur le travail. Il a également annoncé un relèvement de l'abattement sur les droits de succession passant de 100.000 euros à 150.000 euros pour les droits en ligne directe (enfants).

Rembourser la dette à partir de 2026 et revenir sous les 3% à partir de 2027

Le candidat Macron a également promis de commencer à rembourser la dette française à partir de 2026 et repasser sous la barre des 3% l'année suivante. Dans son discours, il a fait notamment référence au rapport de l'ancien ministre de l'Economie Jean Arthuis qui préconisait un rétablissement des finances publiques après la pandémie. Sans surprise, Emmanuel Macron a fait allusion au "sérieux budgétaire" sans cesse répété par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire depuis que "la fin du quoi qu'il en coûte" a été annoncé à la fin de l'été 2021.

En parallèle, le chef de l'Etat a annoncé 50 milliards d'euros d'investissement qui prend en compte les 15 milliards d'euros d'économies précitées. Il vise notamment des secteurs prioritaires comme "la transition écologique, l'éducation et la
jeunesse, la santé et l'autonomie, l'accompagnement de nos familles". Il a indiqué qu'il allait financer cette enveloppe par une hausse de la croissance et une baisse du chômage (15 milliards d'euros) et des économies issues de la réforme explosive de l'assurance-chômage, "15 milliards à travers les réformes de fond et
d'optimisation de gestion, et 20 milliards à travers les réformes de coûts de
fonctionnement", comme "la e-prescription, la e-carte Vitale, la régulation des
prestations sociales et leur bonne attribution, la facturation électronique, l'IS
minimal, la lutte contre la fraude et l'optimisation."

Réforme des retraites : travailler jusqu'à 65 ans pour ceux nés après 1969

Emmanuel Macron pendant son intervention a affirmé qu'il avait échoué à faire la réforme des retraites en raison de la pandémie, tout en omettant de rappeler les importants mouvements sociaux de l'hiver 2019 et l'article du 49-3 mis en oeuvre pour faire passer sa proposition à l'Assemblée nationale en février 2020. Face à cet échec d'une réforme systémique à points, Emmanuel Macron a finalement trancher pour un départ à 65 ans contre 62 ans actuellement.

Dans son programme, le candidat prévoit un allongement de la durée de cotisation et une montée en charge progressive. La réforme serait pleinement appliquée à partir de la génération née en 1969. Il a également annoncé un âge de départ anticipé pour prendre en compte les spécificités de certains métiers et la pénibilité. En contrepartie, le quadragénaire a avancé un niveau de pension minimum pour une carrière complète de 1.100 euros, soit l'équivalent du seuil de pauvreté fixé à 60% du niveau de vie médian de la population française. Sur le calendrier, Emmanuel Macron veut mener cette réforme explosive au pas de charge. Il a affirmé qu'il voulait entamer des concertations avec les partenaires sociaux dès son élection et présenter rapidement un texte de loi au parlement à la fin de l'été.

Atteindre le plein emploi en 2027

L'ancien ministre de l'Economie sous François Hollande a fait du plein emploi une priorité à atteindre pour 2027. Après avoir atteint 7,4% en fin d'année 2021 dans le contexte de la forte reprise, la baisse du chômage pourrait marquer le pas en raison de l'impact de la guerre sur la croissance tricolore.

En effet, beaucoup d'incertitudes planent encore au dessus de l'économie française sur les répercussions de ce conflit aux portes de l'Union européenne. Pour atteindre le plein emploi situé à environ 5%, la croissance devra encore accélérer dans les mois à venir. Or la plupart des économistes ont déjà largement révisé à la baisse leurs prévisions macroéconomiques pour 2022 alors que le conflit a débuté il y a seulement trois semaines.

Lire aussi 9 mnLa Banque de France prévoit moins de croissance et plus d'inflation à cause de la guerre en Ukraine

Conditionner le RSA à 15 à 20 heures de travail par semaine

L'autre réforme inflammable annoncée par le président de la République est une transformation du revenu de solidarité active en conditionnant cette aide à des heures d'activité. "Je propose un travail, une formation, une insertion parce que je ne considère pas que les bénéficiaires du RSA sont comme des prisonniers", a déclaré le chef de l'Etat. Le revenu de solidarité active (RSA) assure aux personnes sans ressources un niveau minimum de revenu qui varie selon la composition du foyer. Le RSA est ouvert, sous certaines conditions, aux personnes d'au moins 25 ans, ainsi qu'aux jeunes actifs de 18 à 24 ans s'ils sont parents isolés ou justifient d'une certaine durée d'activité professionnelle.

Fin septembre 2021, le nombre de bénéficiaires du RSA était estimé à 1,91 million de foyers. Le montant total engagé était de près de 2,90 milliards d'euros au troisième trimestre 2021, poursuivant la diminution amorcée à la fin de l'année 2020, selon la Caisse nationale d'allocations familiales. Cette proposition a déjà provoqué une levée de boucliers chez les syndicats et des associations.

Grégoire Normand
Commentaires 10
à écrit le 19/03/2022 à 21:50
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Le président des classes supérieures et premiers de cordée ? On se demande pourquoi tous les médias ont pris fait et cause pour ce candidat, n'hésitant même plus à nous faire croire à une avance énorme sur les autres concurrents. Ainsi étrangement la...

à écrit le 19/03/2022 à 15:25
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Si seulement quelqu'un pouvait lui mettre cette botte au cul... Espérons qu'il continu a bien "emmerder" Poutine que celui ci nous en débarrasse pour de bon...

à écrit le 19/03/2022 à 14:32
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Cette élection présidentielle est d'une rare médiocrité ! Comment peut -on s'enflammer pour l'un des candidats tous plus affligeants les uns que les autres ?! La nouveauté ? Un juif antisémite qui hait les arabes alors que ses parents étaient de nati...

à écrit le 18/03/2022 à 15:54
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"Le chef de l’État a prévu de commencer les négociations sur la réforme des retraites au lendemain de l'élection présidentielle" Dont une grosse partie de ces syndicats aura appeler à voter pour lui au deuxième tour pour ...sauver la démocratie.

le 19/03/2022 à 8:27
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des bottes de tres grande taille pour realiser un demi tour a l'interieur deja le nombre de veste use par les retournements heureux il a trouve que les chaussants pouvez aussi etre utilise

à écrit le 18/03/2022 à 11:43
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Cet agent a des commanditaires. Comme Lagardère il est sous commandite : comment ? vous dites ?

le 18/03/2022 à 13:46
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royauté fondée sur l injustice ne dure pas ) le sens commun n existe pas !

à écrit le 18/03/2022 à 11:05
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Après les généreuses augmentations salariales pour les fonctionnaires de Police, CHU, Gardiens de Prison, Enseignants du public sans contre partie sans réforme et maintenant le dégel de l'indice en maintenant les privilèges de la fonction publique et...

à écrit le 18/03/2022 à 10:23
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Bref! Quand on parle de "réforme" c'est que l'on est en plein "dogme" et non dans une adaptation!

à écrit le 18/03/2022 à 10:13
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"Ce qui compte, c'est ce qui fonctionne pour le pays, ce qui est juste, ce qui le rend plus fort, ce qui permet aux Françaises et aux Français de vivre mieux" Après le pire mandat de toute l'histoire de la 5 ème république c'est rigolo. Le mec a dépe...

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