Réforme de la fonction publique : un début de concertation "sous tension"

Les syndicats de fonctionnaires ont dénoncé, lundi 9 avril, une méthode de concertation "sans dialogue" de la part du gouvernement après une première rencontre sur la réforme de la fonction publique. Cette dernière prévoit notamment la fusion de certaines instances de représentation du personnel (les CHSCT et CT) et la réduction du nombre de fonctionnaires via un plan de départs volontaires.
L'ancien socialiste Olivier Dussopt est chargé de réformer la fonction publique.
L'ancien socialiste Olivier Dussopt est chargé de réformer la fonction publique. (Crédits : Gonzalo Fuentes)

Les syndicats de fonctionnaires sont ressortis "dépités" de la réunion qui s'est tenue, hier, avec le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics, Olivier Dussopt, pour traiter du premier chantier de la réforme du secteur public. Ni plus ni moins, ils dénoncent aujourd'hui une méthode de concertation "sans dialogue" de la part du gouvernement. Sur la table, la fusion de certaines instances de représentation du personnel (les CHSCT et les comités techniques) - dont le nombre s'élève à 22.000 actuellement -, et la simplification des commissions administratives paritaires (CAP) qui traitent des carrières individuelles.

Un "passage en force"

Pour la présidente de la Fédération des services publics de la CFE-CGC, Nathalie Makarski, les choses commencent "très très mal".

"On a tous indiqué qu'on ne partageait pas les principes du document d'orientation. Il y a un forcing (passage en force, ndlr) quand on part de ce document pour ouvrir la négociation", a-t-elle déclaré à Reuters.

Le président d'UNSA Fonction publique, Luc Farré, estime qu'"à ce stade, cette concertation sur le dialogue social débute sans dialogue". Et pour la FSU, c'est un "monologue de sourds". Le ton est donné.

L'intersyndicale composée de la CFE-CGC, CFTC, CGT, FAFP, FO, FSU et Solidaires qui avait organisé la manifestation nationale des fonctionnaires, le 22 mars dernier, critique la réforme depuis la présentation de ses grandes lignes par le gouvernement. Parmi les points de friction, en plus de la modification des instances représentatives du personnel : l'élargissement du recours aux contractuels, l'introduction de la rémunération au mérite et la mise en place d'un plan de départs volontaires afin de réduire les effectifs.

Le projet - qui s'inscrit dans le cadre du plan de réforme baptisé "Action publique 2022" - prévoit en effet la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires, d'ici la fin du quinquennat. L'ambition est de réaliser 4,5 milliards d'économies par an, à partir de 2020.

Vers une fusion des CHSCT et CT

Actuellement, les représentants du personnel siègent dans des commissions administratives paritaires (CAP) pour les sujets relatifs aux carrières individuelles, dans des comités techniques (CT) pour discuter de l'organisation du travail, et dans des comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

Le gouvernement souhaite travailler à une "nouvelle instance issue des CT et des CHSCT", dont les compétences sont parfois "redondantes" selon lui. Les représentants du personnel sont très souvent "les mêmes" dans les deux instances dans les petites communes, avait argumenté M. Dussopt.

Deuxième projet de l'exécutif : "concentrer" le rôle des CAP "sur l'examen des décisions ayant un impact négatif sur la carrière des agents". L'examen aujourd'hui "a priori", par exemple en cas de mutation, est selon le gouvernement "un facteur de ralentissement des processus de mobilité".

"L'arbitraire dans la gestion des agents ne manquera pas de se développer", fustige Solidaires (6e), pour qui ces instances seront réduites "au seul rôle de recours, sur la base d'une saisine par un agent mécontent de son sort".

Quid de la suite ?

Trois groupes de travail en multilatérale et une réunion de conclusion sont programmés sur le dialogue social en mai et juin. Des "bilatérales" auront également lieu avec chaque organisation, précise-t-on à Bercy.

Les trois autres chantiers seront abordés respectivement à partir de la fin avril, fin mai puis juin : recours accru aux contractuels, rémunération plus individualisée et accompagnement renforcé des évolutions de carrière.

Quant à la perspective d'un nouveau temps fort d'actions syndicales mi-mai, il est encore trop tôt pour se prononcer selon la CFDT Fonctions publiques.

"Nous, le sujet est de savoir si le gouvernement va se donner les moyens de retenir les demandes qu'on va porter. On verra donc à l'arrivée", a déclaré sa secrétaire générale, Mylène Jacquot, ajoutant ne pas faire preuve non plus de "naïveté".

Les sept organisations syndicales ont prévu de se rencontrer ce mardi en fin d'après-midi pour décider des mouvements à venir.

(Avec AFP et Agences)

Commentaires 29
à écrit le 13/04/2018 à 15:49
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Esprit d’Etat ou état d’esprit ? Tout cela laisse perplexe et je me demande si l’on traite le fond du problème, si la méthode est la bonne, si… ? Cela peut mener loin, ce qui prouve la complexité du problème. Alors qu'il aurait suffi de quelques ...

à écrit le 11/04/2018 à 6:46
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Je ne suis pas certain qu'un plan de départs volontaires (vers le privé ?) soit de nature à résorber le sureffectif de la fonction publique. Car bien entendu ce sont les fonctionnaires les plus performants qui trouveront avantage à passer dans le pr...

le 11/04/2018 à 22:40
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C'est ce qu'ils ont fait pour les militaires. On voit le resultat, comme vous dites les plus mauvais reste... Et aussi et surtout tous les patrons qui restent les plus couteux et sont ceux que nous n'avons pas reelement besoin... A quoi ca sert d'avo...

à écrit le 10/04/2018 à 22:19
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ni de gauche. ni de droite = monarchie de la politique libérale privée

à écrit le 10/04/2018 à 21:17
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Je suis fonctionnaire.je suis contribuable, je suis citoyen. Si le service public coûte trop cher, si les avantages des fonctionnaires plombent l économie. Supprimons le service public. Le marché le fera tout aussi bien. Mais supprimons aussi taxe...

à écrit le 10/04/2018 à 20:19
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beaucoup de mal à comprendre tous ces socialisses vendus comme cataner, dussopt; griveaux, ferrand et tous les gouvernants quasiment tirer à boulets rouges sur la fonction publique, cheminots alors que ils étaient cul et chemise avec ceux là avant d...

le 11/04/2018 à 11:19
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Achetez le dernier livre de Hollande:il vous réconciliera avec les valeurs authentiques du socialisme.Un livre vrai,sincère et passionnant ,vous verrez.Le socialisme ,ce n'est pas cet ersatz fiscal libéral opéré par le gouvernement Macron.

à écrit le 10/04/2018 à 17:18
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Les fonctionnaires sont en grande partie responsables de la faillite de ce pays. Il est temps de passer à table. Le privé ne peut plus être l unique vache à lait.

à écrit le 10/04/2018 à 16:15
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En dictature il faut se taire, en France c'est cause toujours...

à écrit le 10/04/2018 à 15:00
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Après tant de restructuration et de réforme dans le privé, il était et serait temps de réformer en profondeur et durement la fonction publique et sa caste de corporatiste individualiste égoïste que sont les 6 millions de fonctionnaires qui n'ont que ...

le 10/04/2018 à 16:16
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Difficile de faire plus caricatural. La haine parvient même à confondre salariés publics de l'Etat (2,4 millions et non 6) avec l'ensemble des fonctions publiques. Quant on ne sait déjà pas dénombrer, peut-on demander une analyse objective et serein...

le 10/04/2018 à 17:42
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Magistrale démonstration... de bêtise et d'ignorance. La fonction publique, repaire de privilégiés, de nantis et de caste responsable du déficit budgétaire, c'est celle à laquelle vous faites appel pour vos soins en hôpital, votre sécurité face aux ...

le 10/04/2018 à 22:29
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C EST MARRANT JE NE VOUS TROUVE PAS DIFFERENT DE CEUX QUE VOUD DECRIVEZ : egoisme, caste, vous oubliez que le gaspillage vient de nos politiques élus depuis 40 ans . comme le déclare régulièrement la cour des comptes...les fonctionnaires ils obei...

à écrit le 10/04/2018 à 13:56
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Nous avons sur ce thème de la réforme de la fonction publique les mêmes ingrédients que sur celui portant sur la SNCF : Faux dialogue, tentatives de passage en force et prise à témoin de l'opinion publique. Cette démarche peut-elle aboutir ? Pour ma...

à écrit le 10/04/2018 à 13:38
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MARION , NOTRE SAUVEUR .

à écrit le 10/04/2018 à 11:47
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Méfiez-vous, avec Dussopt ça finit toujours par pt.

à écrit le 10/04/2018 à 11:21
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Dans les années 70 le service public représentait 19 % des emplois, produisait 25 % de la richesse nationale et la dette était nulle vers 1965. Actuellement ces deux postes sont de l’ordre de 5 % et plus on privatise plus la dette s’accroît. Au lieu ...

le 10/04/2018 à 13:05
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Je suis d'accord. Mais dans les années 70, on assurait l'indépendance technologique et financière du pays. Il n'y avait pas la mondialisation (imposée par les multinationales et des dirigeants nationaux corrompus)qui a fait fondre notre industrie et ...

à écrit le 10/04/2018 à 10:39
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fonctionnaires, soyez logiques .Vous ne pouvez continuer à dire Nous n'avons aucun privilege et refuser le changement de statut!!!!!

le 10/04/2018 à 12:43
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Gros problème de logique. Un statut défavorable peut-être dégradé.

à écrit le 10/04/2018 à 9:57
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cette politique tout libéral destructrice est rejetée par la grande majorité des français- les casseroles de certains ministres les suivent malgré tout

à écrit le 10/04/2018 à 9:55
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On peut au moins leur accorder qu'ils se tiennent à leur feuille de route de Bruxelles. Leur zèle me laisse d'ailleurs admiratif de la décadence de nos "élites". Pour en revenir au sujet, à tous les détracteurs de la Fonction Publique : Avant d...

le 10/04/2018 à 10:26
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Je ne comprend pas très bien votre argumentation, si çà coutera plus cher à cause des primes que toucheraient les personnels, pourquoi les fonctionnaires s'opposent à une privatisation.

le 10/04/2018 à 10:58
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Si on veut développer la réflexion, il faut nuancer "fonctionnaires" Dans le cas de la DGFIP, c'est parce que la majorité est encore composée de la vieille garde qui est fière de son travail et a des exigences de qualité de service. Chose que les ...

à écrit le 10/04/2018 à 9:55
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D'un côté les serviteurs des riches que nous avons comme gouvernants n'arrêtent pas d'affirmer dans les médias de masse qu'ils ne cèderont rien qu'ils iront jusqu'au bout de l'injonction de l’orthodoxie néolibérale européenne parce qu'ils sont courag...

à écrit le 10/04/2018 à 9:54
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Manifestement la discussion est aussi mal engagée qu'avec la réforme de la SNCF et on arrivera aux mêmes effets. Dussopt va, à l'instar de Borne, sauter comme un cabri en criant "négociation, négociation !", mais en coulisse les textes de loi son...

le 10/04/2018 à 10:48
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Eh oui, c'est la France de l'immobilisme, un petit emploi pépère rémunéré avec les impôts des autres et des revendications perpétuelles... Des efforts ?? Vous n'y pensez pas, on est un service public !! Pas beaucoup de service, et bien peu pour le p...

le 10/04/2018 à 13:38
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@maduf Vous verrez quand ils auront externaliser les missions de service public au privé la qualité du service rendu! On le constate déjà avec l'URSSAF, les organismes de retraite, la CAF, la sécurité sociale.....Pas d'interlocuteur! Pourquoi fait-...

le 11/04/2018 à 6:34
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Le secteur privé moins cher et plus performant ? Au lecteur d'en juger. Voici une petite histoire entièrement véridique dont j'ai pu constater par moi même tous les aspects. Avant que le sieur Sarkozy ne privatise beaucoup de domaines avec un né...

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