Retraites  : journée à haut risque pour le gouvernement

C'est aujourd'hui que va se réunir, dès 9h00, la commission paritaire (CMP) qui doit trouver un accord sur la réforme des retraites pour qu'il soit ensuite voté, jeudi, au Sénat puis à l'Assemblée nationale. Dans le même temps, l'intersyndicale appelle à nouvelle journée d'action et les mouvements de grève font de la résistance, essentiellement du côté des éboueurs parisiens et de l'énergie. Dans les raffineries et à la RATP, le mouvement s'essouffle.
Sénat et Assemblée nationale doivent voter demain sur le compromis qui doit être trouvé par la commission paritaire mixte sur la réforme des retraites.
Sénat et Assemblée nationale doivent voter demain sur le compromis qui doit être trouvé par la commission paritaire mixte sur la réforme des retraites. (Crédits : Reuters)

Commission mixte paritaire, manifestations, grèves plus ou moins suivies selon les secteurs d'activité, la journée s'annonce chargée sur le front de la réforme des retraites. Alors que plus de 600.000 manifestants sont attendus dans les rues à l'appel de l'intersyndicale et que des grévistes font de la résistance dans l'énergie ou dans le ramassage des poubelles (mais beaucoup moins dans les transports), sept députés et sept sénateurs vont se réunir à huis clos ce matin pour chercher un compromis sur la réforme des retraites.

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La commission paritaire (CMP) se réunit ce matin, un accord est en vue

La commission mixte paritaire (CMP) - sept députés, sept sénateurs, et autant de suppléants - se réunit à partir de 09H00 au Palais Bourbon. Une partie de la gauche a demandé, en vain, que les débats soient publics pour éviter, selon le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, « combines et magouilles ». La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, qui fait partie de cette CMP, a du coup promis de twitter les échanges et d'organiser des points presse hors de la salle. Le gouvernement compte sur cette commission pour trouver un compromis, mais sans toucher au cœur du texte, le recul de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans. Un accord est probable car les macronistes et la droite y sont majoritaires.

En cas de succès, le texte sera soumis jeudi matin au Sénat, dominé par la droite, qui le validera une dernière fois. Mais le suspense demeure sur le vote qui doit suivre dans l'après-midi à l'Assemblée nationale. Le groupe LR, pourvoyeur de voix indispensable pour le camp présidentiel, apparaît toujours aussi divisé sur ce projet de loi, donnant des sueurs froides au gouvernement.

Voter pour le texte n'est « pas un soutien au gouvernement », a lancé mardi à la droite la Première ministre, Elisabeth Borne. « Une majorité existe qui n'a pas peur des réformes, même impopulaires, quand elles sont nécessaires ». Mais, « jusqu'au dernier moment il y aura une incertitude », a reconnu à l'AFP une source gouvernementale. Ces doutes laissent planer la possibilité que le gouvernement déclenche l'article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption sans vote.

Dans les raffineries et à la RATP,  le mouvement s'essouffle

Les éboueurs parisiens

Quelque 7.000 tonnes d'ordures restaient non ramassées à Paris au neuvième jour du mouvement. Les secteurs les plus touchés sont les dix arrondissements dont la collecte est assurée par les agents de la mairie. Mais, même dans ceux gérés par des prestataires privés, la collecte est perturbée en raison des blocages des trois usines d'incinération d'Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen. Gérald Darmanin a donné mardi soir instruction au préfet de police de Paris de demander à la mairie de « réquisitionner » des moyens pour évacuer les milliers de tonnes d'ordures jonchant les trottoirs de la capitale, au neuvième jour de grève des éboueurs.

Le secteur de l'énergie

Des baisses de production sont toujours à l'ordre du jour dans le secteur de l'électricité, encore très mobilisé compte tenu de l'enjeu crucial pour les électriciens et gaziers, qui, outre le recul de l'âge légal, redoutent la suppression de leur régime spécial de retraite.

Le site d'EDF recensait mardi après-midi des baisses de production dans des centrales nucléaires tout comme dans des centrales thermiques. Dans l'hydraulique, le site d'EDF indiquait une « perte de puissance disponible en cours » de 6.650 MW.

Les électriciens procèdent également à des actions coup de poing : au siège social d'Enedis à Limoges, une dizaine de camions bleus d'intervention, venus de Haute-Vienne et de la Creuse, ont été garés mardi matin devant le site, nacelles déployées, pour en bloquer l'accès... durablement car les agents grévistes ont pris soin de ne pas laisser les clés de contact, expédiées par courrier à l'Elysée selon la CGT. Le courant a également été coupé temporairement sur le site.

Côté gaz, les quatre terminaux méthaniers français ont voté la reconduction de leur mouvement de grève jusqu'au début de la semaine prochaine et l'ensemble des stockages de gaz de Storengy étaient encore occupés et en grève mardi après-midi au moins jusqu'à la fin de la semaine, selon la CGT Energie, sans conséquences à ce stade pour les clients.

La plupart des raffineries françaises étaient encore en grève mardi, mais les grévistes étaient réticents à mettre les sites totalement à l'arrêt alors que les stocks sont quasiment pleins. Depuis plusieurs jours, les syndicats du pétrole proposent aux grévistes des raffineries de durcir le mouvement contre la réforme des retraites en arrêtant la production, mais ces derniers renâclent à entamer ces opérations techniquement délicates et longues.

Les transports

La RATP prévoit un trafic légèrement perturbé dans le métro parisien mercredi et très perturbé dans le RER. Côté SNCF, le trafic restera perturbé mercredi avec notamment 3 TGV sur 5 et des difficultés en Ile-de-France. Les circulations seront globalement similaires à celles de lundi et mardi, avec 3 TGV Inoui et Ouigo sur 5, 1 Intercités sur 3, aucun train de nuit et 2 TER sur 5 en moyenne nationale.

En région parisienne, le trafic restera dégradé sur les lignes D et R avec 2 trains sur 5 en moyenne - et notamment une interruption entre Châtelet-les-Halles et Gare de Lyon pour la D. Les trois quarts des trains doivent circuler sur les lignes E et P, deux tiers pour les lignes C, H, J et L, et la moitié du service habituel pour les RER A et B, ainsi que sur la ligne N. Le service sera normal sur les lignes K, U, T4, T11 et T13.

Dans les airs, la DGAC  a demandé aux compagnies aériennes d'annuler mercredi 20% de leurs vols à Paris-Orly en raison d'une grève des contrôleurs aériens.

Entre 650 et 850.000 manifestants attendus

Dans la rue, de source policière, les renseignements prévoient entre 650 et 850.000 manifestants, moins que le 7 mars, point d'orgue de la mobilisation (1,28 million). Le cortège parisien partira à 14H00 des Invalides pour terminer place d'Italie.

Samedi dernier, plus d'un million de personnes, selon la CGT, ont manifesté pour la septième journée de mobilisation, les autorités ont dénombré quant à elles 368.000 personnes dans les cortèges. Il s'agissait du chiffre le plus faible avancé par la centrale syndicale depuis le début du mouvement social, inférieur aux 1,3 million de manifestants du 16 février.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 15/03/2023 à 14:36
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Sauf changement surprise dernière minute les LR vont se soumettre...après moultes tractations....la 4ème république renaît de ses cendres...un député ça s'achète...et c'est une investissement parfois très rentable....dixit les dialogues d'Audiard dan...

à écrit le 15/03/2023 à 9:16
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le risque il est surtout pour les français qui subiront cette réforme , les politiques eux gardent leurs privilèges

le 15/03/2023 à 11:20
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Le risque est plus dans le status-quo qui garantit qu'avec 1,6 actifs pour un retraité on aura des retraites de misère. Il faut plus d'actif et moins de retraités et pour ça le premier levier est de travailler plus longtemps, tout le reste est illusi...

à écrit le 15/03/2023 à 9:05
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Tout le risque est pour nous si McKron continu à manipuler avec l'argent public !

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