Salaires : seules 14% des entreprises envisagent des augmentations

Par Grégoire Normand  |   |  740  mots
Sur les 14% de dirigeants qui envisagent une hausse de salaire pour leurs employés, 7% prévoient une augmentation pour seulement une partie d'entre eux.
Interrogés en mars par OpinionWay pour CCI France/La Tribune/ Europe1 dans le cadre de "La grande consultation", les chefs d'entreprise sont plutôt confiants dans les perspectives économiques de la France. Malgré un moral au beau fixe et une conjoncture favorable, seule une minorité de dirigeants prévoit d'augmenter les salaires de leurs employés.

La confiance des entrepreneurs français s'inscrit dans la durée. Après un mois de février au plus haut, l'indicateur qui mesure la confiance des chefs d'entreprise demeure au même niveau pour le mois de mars. "Jamais autant de chefs d'entreprise ne se sont déclarés 'optimistes' (49%, +14 points) et 'confiants' (45%, +3 points) [..] L'indicateur de l'optimisme reste d'ailleurs à 123 points (stable), son deuxième meilleur score depuis la création du baromètre", souligne l'institut de sondages OpinionWay. Malgré cet optimisme, une grande majorité des dirigeants (86%) n'ont pas prévu de hausse de salaires dans les mois à venir.

Confiants sur l'économie française

Interrogés sur leurs perspectives des 12 prochains mois, 77% des répondants se déclarent confiants. Ce moral des chefs d'entreprise repose notamment sur une meilleure conjoncture économique avec une croissance qui a retrouvé les 2% en 2017 et un chômage qui baisse régulièrement. "65% des chefs d'entreprise se disent confiants pour les perspectives de l'économie française (+10 points) ce qui constitue également un plus haut historique de cet indicateur."

En revanche, les différentes annonces du président Trump relatives au renforcement des barrières douanières sur l'importation de l'acier et de l'aluminium suscitent des inquiétudes sur l'activité mondiale.

"Les craintes d'une guerre commerciale entre les Etats-Unis et ses partenaires font toutefois chuter la confiance envers les perspectives pour l'économie mondiale : 55% ont confiance dans ces perspectives (-15 points)", explique l'organisme de sondage.

Et même si le chef d'Etat américain évoque des exemptions notamment pour l'Union européenne, ses changements de position intempestifs sur la politique commerciale de la première puissance économique mondiale ne tendent pas à rassurer les entrepreneurs français et les marchés.

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Prudents sur leurs plans de développement

En dépit de cet optimisme, les patrons interrogés se montrent prudents dans leurs plans de développement dans les mois à venir. Si personne n'a prévu de réduire le nombre de salariés, 95% des répondants ont prévu de maintenir leurs effectifs et seulement 5% envisagent des embauches. Par ailleurs, cette prudence est également visible sur les projections de hausses de salaires. "14% des chefs d'entreprise ont augmenté ou envisagent d'augmenter les salaires de leurs employés", selon l'institut de sondages.  En ce qui concerne la remontée durable des taux d'intérêt, les chefs d'entreprise (52%) se déclarent en majorité peu inquiets.

Des mesures gouvernementales bien accueillies mais pas toujours connues

Les résultats de l'enquête révèlent que les mesures de l'exécutif sont bien accueillies par les chefs d'entreprise. Ainsi, 46% d'entre elles sont déjà prêtes à appliquer le règlement général sur la protection des données (RGPD), "et 17% ne le sont pas encore aujourd'hui mais le seront en mai 2018, portant à 63% le nombre de dirigeants déclarant qu'ils seront en conformité avec cette mesure lors de son entrée en vigueur".

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En revanche, la simplification du dispositif de soutien à l'exportation pour booster le commerce extérieur français est relativement peu connue : "17% en ont entendu parler et seuls 11% voient bien de quoi il s'agit." Ces taux ne sont pas très rassurants pour l'économie française qui accuse un déficit commercial persistant.

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Enfin, la mise en place d'un logiciel dans les entreprises pour évaluer les inégalités entre les femmes et les hommes est plutôt bien accueillie. "81% des chefs d'entreprise voient en cet outil une bonne chose, et 65% considèrent que ce dispositif sera efficace".  En revanche, une bonne partie des répondants émettent néanmoins des réserves.

"46% des personnes interrogées jugent qu'elle sera trop complexe à mettre en œuvre, et 40% qu'elle ne laissera pas suffisamment de temps aux entreprises pour se mettre en conformité."

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Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillon de 603 dirigeants d'entreprise. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation. Les interviews ont été réalisées par téléphone du 15 au 21 mars 2018.