C'était en 2017, à Davos, dans un discours historique, Xi Jinping, leader du parti communiste faisait l'éloge du libre-échange et de la mondialisation. Quatre ans plus tard, à la fin de l'ère Trump - pendant laquelle il n'avait tenu de discours -, la deuxième puissance économique mondiale change de ton. Pour cette édition virtuelle du Forum économique de Davos qui réunit chaque année le G20 (dix-neuf des plus grandes économies et l'Union européenne), le président de la République Populaire de Chine a mis en garde ses homologues contre le manque de coopération qui ébranlerait l'équilibre mondial déjà fragilisé. Cette seconde intervention arrive en plein dans la crise du Covid-19 dont le Chine est le pays d'origine.
Xi Jinping, défenseur du multilatéralisme
Lors de cette intervention de vingt-cinq minutes environ, le chef de l'Etat chinois a défendu le multilatéralisme, qu'il a présenté comme le moyen de répondre aux défis du moment.
"Nous devons bâtir une économie mondiale ouverte (...) laisser de côté les normes, les règles et les systèmes discriminatoires et excluants, et faire tomber les barrières au commerce, à l'investissement et aux échanges technologiques", a-t-il dit.
Le G20 doit être renforcé pour devenir le "principal forum de gouvernance économique mondiale", a ajouté Xi Jinping, estimant que le monde devait aller vers "une coordination plus étroite des politiques macroéconomiques".
La communauté internationale doit être régie par des règles et un consensus acceptés par tous les pays et non par les ordres données par un seul ou quelques uns, a-t-il poursuivi sans désigner aucun pays.
De nouvelles alliances face à aux États-Unis
Rivaux sur de nombreux sujets avec les Etats-Unis - qu'il n'a jamais nommé dans son discours -, l'homme fort de Pékin a pourtant évoqué les risques de guerre commerciale et technologique, tel un coup de semonce après la politique des années Trump vis-à-vis de la Chine.
"Bâtir des clans ou déclencher une nouvelle guerre froide, rejeter, menacer ou intimider les autres, imposer le découplage, le bouleversement des chaînes d'approvisionnement ou des sanctions afin de provoquer l'isolement ne fera que pousser le monde dans la division et même la confrontation", a averti Xi Jinping. "Et la confrontation nous emmènera dans une impasse".
Sous Donald Trump, outre une guerre commerciale lancée contre la Chine, les sujets de friction bilatéraux se sont accumulés: Taïwan, Hong Kong, traitement des musulmans ouïghours, rivalité technologique... Puis l'ex-président américain avait également reproché à la Chine, où le virus a été repéré fin 2019, d'être responsable de la pandémie.
Alors que ce dernier avait fait de la Chine son rival numéro un, le président chinois met aujourd'hui en garde Joe Biden contre la poursuite d'une telle politique. Sa ligne de défense est d'appelle à une coopération internationale accrue. Et pour cause. Le régime communiste redoute que Joe Biden veuille ressouder les Occidentaux face à lui.
Un avant-goût du monde d'après ?
Pour y faire face, la Chine veut nouer de nouvelles alliances. Moins d'un mois après l'annonce d'un accord entre l'Union européenne et l'Empire du Milieu, censé garantir l'équilibre dans leurs relations commerciales, Xi Jinping a réaffirmé sa volonté d'investir aux côtés d'autres pays, et notamment sur le plan technologique.
"La science, la technologie et l'innovation sont un moteur essentiel du progrès humain... La Chine créera un environnement scientifique ouvert, juste, équitable et non discriminatoire qui sera bénéfique à tous", a -t-il déclaré.
Comme un avant-goût du monde d'après Covid ? Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial, a par ailleurs remercié la Chine pour sa participation active aux efforts mondiaux de lutte contre la Covid-19.
Xi Jinping, le géant vert
En parallèle d'une coopération internationale accrue et de politiques d'investissement fortes, Xi Jinping a lancé un appel à promouvoir une croissance équilibrée et inclusive de l'économie mondiale.
Il a notamment réitéré l'engagement de la Chine à mettre en œuvre l'Agenda 2030 pour le développement durable et à promouvoir des modes de vie et de production plus verts et à faible émission de carbone, pour atteindre la neutralité carbone avant 2060.
"La terre est notre seule et unique maison. L'intensification des efforts pour lutter contre le changement climatique et promouvoir le développement durable a une incidence sur l'avenir de l'humanité", a-t-il rappelé en fin de discours pour clôturer son intervention.