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Pour sa dernière année à la tête de la première économie européenne, après seize ans de règne, Angela Merkel n'abandonne pas son sens du consensus, un marqueur depuis le début de sa carrière. « Il est pour moi encore plus clair qu'auparavant (...) que nous devons opter pour une voie multilatérale et que le protectionnisme ne résoudra pas les problèmes » sur la question de l'accès aux vaccins en particulier, a jugé Mme Merkel lors de son intervention annuelle au Forum digital de Davos mardi, dans la tradition germanique au multilatéralisme et à la coopération européenne.
Alors qu'un écart important se creuse entre les pays riches et les pays en voie de développement dans l'accès à la vaccination, Angela Merkel a incité ses homologues à assurer « une répartition équitable (...) en cette période de faible disponibilité » de l'offre pharmaceutique.
À ce jour, 39 millions de doses du vaccin contre le coronavirus ont déjà été administrées dans au moins 49 pays riches, contre seulement 25 « dans un des pays au revenu le plus bas », selon l'OMS. Ainsi, si les économies avancées se mènent une compétition intense dans la course au vaccin, les pays en développement, eux, redoutent de faire les frais de cette compétition en étant mis de côté par les pays industrialisés dans l'accès aux doses.
L'Allemagne deuxième pays de l'UE sur la vaccination, subit aussi des retards
En tant que pays développé, l'Allemagne ne fait d'ailleurs pas exception à la règle. Avec 2,13% de sa population vaccinée au 24 janvier, la République fédérale se place en deuxième position des pays de l'UE, derrière l'Italie (2,30%), selon les données du site Our World In Data.
L'Allemagne est d'ailleurs l'un des pays qui a mis au point avec le laboratoire américain BioNTech l'un des deux vaccins autorisés à ce jour par l'Union européenne, avec le vaccin produit par Moderna. Fin 2020, le gouvernement Merkel avait commandé près de 13 millions de doses.
Malgré cela, le pays doit faire face à des retards de livraison et un ralentissement de la campagne de vaccination. Résultat, la polémique enfle outre-Rhin. Le gouvernement Merkel est critiqué par l'opinion pour la lenteur de la campagne. Avec plus de 5.000 nouveaux cas par jour, les chiffres de l'épidémie restent toujours très hauts après le rebond inédit de décembre et ils soulignent en même temps la vulnérabilité de tous les pays face à la crise.
Le dilemme de l'UE
Entre l'appel à plus d'égalité dans l'accès aux vaccins et les risques de contestations nationales, le dilemme est majeur. Pour minimiser le risque intérieur, l'Union européenne entend d'ailleurs mieux contrôler la manière dont les vaccins produits sur son territoire sont exportés vers d'autres régions et pays.
Aussi, pour répondre à la lenteur et aux retards, la présidente de l'Union européenne, Ursula von der Leyen, qui participait aujourd'hui aussi au Forum de Davos digital, a notamment appelé les fabricants de vaccins anti-Covid, bénéficiaires d'investissements massifs de l'UE, à « honorer leurs obligations ».
(Avec AFP)