Boris Johnson veut précipiter un accord commercial avec les USA

Le ministre britannique du Commerce international, Liam Fox, reproche au futur Premier ministre Boris Johnson de vouloir approuver à la hâte un accord commercial avec Donald Trump, ce qui enfreindrait le droit européen. Un article de notre partenaire Euractiv.
Boris Johnson.
Boris Johnson. (Crédits : Dylan Martinez)

« Nous ne pouvons rien négocier avec les États-Unis tant que nous n'avons pas quitté l'UE », a déclaré Liam Fox sur la BBC le 16 juillet. « En faisant cela, nous enfreindrions le droit européen. » Le Royaume-Uni n'a en effet pas le droit de conclure des négociations sur les nouveaux accords commerciaux tant qu'il est encore membre de l'UE. Boris Johnson, qui sortira très certainement victorieux de la course à la présidence du parti conservateur le 23 juillet prochain et remplacera donc Theresa May, a laissé entendre que le Royaume-Uni annoncerait la première partie d'un accord commercial avec les États-Unis une fois le Brexit officialisé après le 31 octobre. Le candidat favori a mis la priorité sur les relations politiques et commerciales avec l'administration Trump après le Brexit.

Boris Johnson a toutefois fait l'objet de critiques après n'avoir pas su défendre Kim Darroch, ambassadeur britannique aux États-Unis, forcé à la démission après la réponse colérique de Donald Trump concernant les mémos dans lesquels le diplomate décrivait l'administration américaine d'incompétente et dysfonctionnelle. Il a également soutenu que tout accord commercial avec les États-Unis devrait maintenir les normes agricoles britanniques, une position similaire à celle de l'UE.

Les normes alimentaires comme point de divergence

« Je ne veux pas conclure un accord avec les États-Unis qui pourrait mettre en péril nos normes de bien-être animal ou nos normes d'hygiène alimentaire. La qualité alimentaire dans ce pays doit être protégée et nous devons insister sur le fait que si les Américains veulent commercer avec nous, ils devront obéir à nos standards », a-t-il martelé lors d'un événement de campagne, la semaine dernière.

Les normes alimentaires représentent un point très controversée qui a mené à l'échec des discussions entre l'UE et Washington sur un accord commercial. Boris Johnson a promis de renégocier des parties de l'accord de retrait du Royaume-Uni avec l'UE, en se concentrant notamment sur le filet de sécurité irlandais. Reste pour lui l'option de quitter le bloc sans accord après le 31 octobre si les négociateurs européens, dirigés par Michel Barnier, refusent de céder.

Liam Fox a aussi prévenu que la situation du cycle politique américain - avec des élections de mi-mandat au Congrès et les élections de gouverneurs - n'était pas propice à un accord entre les deux pays. « Nous approchons très près de l'année pré-électorale aux États-Unis pendant laquelle il sera très difficile d'obtenir quelque chose du Congrès. Donc même si un accord est rapidement négocié, il sera difficile de le faire ratifier », a-t-il expliqué. Boris Johnson, ou son rival à la succession de Theresa May, Jeremy Hunt, risque de se retrouver dans une course contre la montre pour reproduire les accords commerciaux de l'UE avec des pays tiers avant la fin du mois d'octobre pour éviter toute perturbation du commerce.

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Par Benjamin Fox, Euractiv.fr (traduit par Marion Candau)

(Article publié le mercredi 17 juillet 2019 à 09:55

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Commentaires 9
à écrit le 21/07/2019 à 19:58
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Qu'est ce que Boris n'a pas compris dans "l’Amérique d'abord" de trump ? Il va devoir plier les genoux devant les puissant lobbies américains. Et contrairement a l'UE, il n'y a aucun député anglais au sénat américain pour défendre les intérêts de la ...

à écrit le 18/07/2019 à 8:18
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Encore du cinoche puisque le contrat commercial entre les USA et le RU est tacite.

à écrit le 17/07/2019 à 22:00
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Donnez lui sa chance : il est peut-être moins c... qu'il en a l'air. Et le brexit "hard" sans deal ne sera vraisemblablement pas si cata que ça : tout le monde a eu le temps de s'y préparer. Un peu comme le passage à l'An 2000, qui était une belle a...

à écrit le 17/07/2019 à 21:12
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"si les Américains veulent commercer avec nous, ils devront obéir à nos standards". c'est à mourir de rire :-). Je pensais (naïvement il est vrai) qu'il ne mentait qu'à propos de l'UE. Il ment sur tout. Et il oublie le volet, "si on on veut commercer...

à écrit le 17/07/2019 à 20:39
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Non seulement la ratification d'accords avec les USA n'est pas légale en l'état tant que le RU n'a pas quitté l'UE formellement mais en plus le contenu de ces accords pourrait bien rendre impossible les accords post brexit entre la GB et l'UE. Il ...

à écrit le 17/07/2019 à 20:15
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Le passage de BoJo au 10, Downing Street, risque d'être éclair vu les désastres (pour le Royaume-Uni) qu'il risque de provoquer. Le plus raisonnable serait qu'il obtienne la ratification par le Parlement de l'accord négocié par T. May.

le 17/07/2019 à 21:31
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Ca sera dur mon bruno, ça sera dur, ils veulent se barrer du gros bazarre permanent qui ruine les peuples et la démocratie et vous étranger au sujet voulez qu' ils restent! Comme qqes eurolâtres ...

le 17/07/2019 à 22:29
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j'ai pense la meme chose de hollande en france, et il est reste...5 ans et hollande a montre que tout ce qu'on pensait inimaginable etait possible ' quelque soit le prix' ( oui, y compris les lois retroactives, mais pas que) j'attend de voir!

à écrit le 17/07/2019 à 19:33
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"ils devront obéir à nos standards" bigre, c'est pas comme ça que ça fonctionne, Great America décide pour son propre bien, les affaires sont les affaires, ce que les américains consomment les britanniques peuvent en faire de même, ils sont cousins. ...

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