"Il est temps de dire Assez", a lancé Antonio Guterres devant environ 120 dirigeants de tous les continents et des milliers de délégués et d'observateurs. "Assez de brutaliser la biodiversité. Assez de nous tuer nous-mêmes avec le carbone. Assez de traiter la nature comme des toilettes. Assez de brûler et forer et extraire toujours plus profond. Nous creusons nos propres tombes", a-t-il martelé, dénonçant notre "addiction aux énergies fossiles". "L'humanité a longtemps joué la montre sur le climat. Il est minuit moins une sur l'horloge de l'apocalypse. Nous devons agir maintenant", a renchéri le Premier ministre britannique Boris Johnson, hôte du sommet, mettant en garde contre la colère "incontrôlable" que provoquerait un échec de cette COP26, six ans après l'Accord de Paris.
La crédibilité en jeu
Le G20 a bien réaffirmé à l'unisson l'objectif de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, ajoutant une ambition de neutralité carbone autour du milieu du siècle et la fin des subventions aux centrales à charbon à l'étranger. Mais cela n'a convaincu ni les ONG ni Antonio Guterres qui a fait part de ses "espoirs déçus".
Les Etats-Unis ont eux surtout pointé du doigt Pékin, se disant "déçus" par l'absence d'engagements de la Chine, le principal pollueur mondial, et de la Russie au G20. Les présidents russe et chinois figurent parmi les grands absents à la COP26, mais un message écrit de Xi Jinping doit être publié lundi.
Les enjeux de la COP26, qui doit durer deux semaines, sont nombreux, plus difficiles et explosifs les uns que les autres dans un contexte de pandémie mondiale qui a fragilisé les pays pauvres déjà vulnérables aux impacts du dérèglement climatique.
D'abord l'ambition. Les engagements actuels des quelque 200 signataires de l'Accord de Paris, s'ils étaient respectés, mèneraient à un réchauffement "catastrophique" de 2,7°C selon l'ONU.
Alors que certains rechignent à l'accélération de la transition qui nécessite des investissements massifs, Joe Biden a au contraire souligné l''opportunité incroyable" que cela représente pour l'économie mondiale, assurant que les Etats-Unis étaient prêts à "montrer l'exemple".
Macron appelle les plus gros émetteurs à réhausser leur ambition
Quant au président français Emmanuel Macron, il a appelé les "plus gros émetteurs" de gaz à effet de serre à "rehausser leur ambition dans les 15 jours" de la COP26, pour "recrédibiliser notre stratégie" de lutte contre le réchauffement, allusion notamment à la Russie et à la Chine.
Alors que Pékin vient de formellement déposer ses nouveaux engagements climat qui reprennent sans les renforcer les promesses faites par le président Xi Jinping, l'Inde, autre émetteur majeur, est désormais au centre des attentes.
Si le Premier ministre indien Narendra Modi fait des annonces lors de son discours lundi après-midi, cela "pourrait mettre plus de pression sur la Chine et d'autres", a commenté Alden Meyer, analyste au sein du centre de réflexion E3G.
(avec agences)