Dette argentine : un accord avec les créanciers après des mois de bras de fer ?

"J'espère qu'ils comprendront que nous ne leur demandons pas de perdre, nous leur demandons de gagner un peu moins", a déclaré le président argentin Alberto Fernandez à l'attention des créanciers, qualifiant son offre de "dernier effort", tandis que la réponse à la proposition du gouvernement doit tomber ce mardi.
Après plus de trois mois de discussions particulièrement tendues, trois groupes de créanciers ont annoncé la semaine dernière qu'ils refusaient l'offre de l'Argentine.
Après plus de trois mois de discussions particulièrement tendues, trois groupes de créanciers ont annoncé la semaine dernière qu'ils refusaient l'offre de l'Argentine. (Crédits : Agustin Marcarian)

Le bras de fer va-t-il prendre fin après des mois de négociations ? Les créanciers de l'Argentine doivent dire ce mardi s'ils acceptent ou non la dernière proposition du gouvernement du président Alberto Fernandez pour la restructuration de 66 milliards de dollars de dette.

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La date limite des négociations a été fixée à 17H00, heure de New York (21H00 GMT).

Après plus de trois mois de discussions particulièrement tendues, trois groupes de créanciers ont annoncé la semaine dernière qu'ils refusaient l'offre de l'Argentine.

Ils ont menacé d'exercer leur droit de veto, assurant représenter plus de la moitié des détenteurs d'obligations émises sous législation étrangère.

Mais le gouvernement du président de centre gauche n'a pas relâché la pression et réaffirmé que son offre représentait "le dernier effort" auquel son pays pouvait consentir.

Lundi soir, la Bourse argentine exprimait toutefois son optimisme sur un possible accord avec une hausse de 6,6% à la clôture.

Les discussions, en cours depuis le 20 avril, concernent des obligations datant de 2005 et 2010, produits d'une restructuration précédente, ainsi que de nouveaux titres émis à partir de 2016.

Buenos Aires propose notamment de payer 53,5 dollars de recouvrement pour chaque tranche de 100 dollars de la valeur nominale des obligations. Les créanciers exigent 56,5 dollars.

"Il y a une position très dure de certains fonds, incompréhensiblement dure, obstinément dure. Ils savent déjà que notre offre était la dernière, que nous ne pouvons plus faire d'efforts. J'espère qu'ils comprendront que nous ne leur demandons pas de perdre, nous leur demandons de gagner un peu moins", a déclaré M. Fernandez.

Dans les conditions actuelles, sans l'adhésion de 50% des créanciers, la date-butoir pour la fin des négociations ne sera plus repoussée, ont indiqué des sources gouvernementales à l'AFP. Elle l'a déjà été à cinq reprises depuis le début des pourparlers.

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Trois dollars

Pour certains analystes et des membres de l'opposition, l'Argentine devrait toutefois faire un effort supplémentaire, d'autant que les positions se sont rapprochées depuis le début des discussions. Mais le gouvernement estime que le pays ne peut pas s'engager à payer davantage.

"Il faut comprendre ce que signifient ces trois dollars" de différence entre la proposition argentine et la demande des créanciers : "Nous parlons de milliards de dollars dans une situation de fragilité et de très fortes restrictions", a déclaré le ministre de l'Économie, Martin Guzman, interrogé sur la possibilité d'un prolongement des négociations, dans un entretien publié dimanche dans le journal Página 12.

L'Argentine est en mauvaise posture : l'économie est en récession depuis 2018 et souffrira encore davantage cette année en raison de la pandémie de Covid-19, avec une contraction annoncée de 9,9 % du Produit intérieur brut, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international.

"Si nous n'atteignons pas le minimum de 50% d'adhésion, l'offre sera retirée et après une analyse de la viabilité de la dette, peut-être beaucoup plus tard et avec encore moins de capacité de paiement, il y aura une offre probablement bien pire", mettait récemment en garde dans un entretien à l'AFP Sergio Chodos, le représentant de l'Argentine auprès du FMI.

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"La décision d'Alberto Fernandez de ne pas prolonger le délai augmente considérablement le risque que les créanciers engagent une action en justice, ce qui serait le pire résultat pour le pays", estime Alexander Schober, analyste principal pour l'Amérique latine de la société de conseil DuckerFrontier.

L'Argentine est en défaut de paiement depuis le 22 mai, date à laquelle était dû le paiement d'intérêts de 500 millions de dollars sur trois des obligations faisant l'objet des discussions. Malgré le défaut, les négociations ont continué.

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La semaine dernière, le pays sud-américain n'a pas honoré le paiement de 600 millions de dollars d'intérêts supplémentaires sur deux autres obligations en cours de restructuration.

Le pays doit également négocier un nouveau programme avec le FMI auprès duquel il a souscrit un prêt de 57 milliards de dollars, dont 44 millions ont effectivement été décaissés.

Autre dossier épineux, la dette émise sous législation nationale de 41,7 milliards de dollars, dont les paiements ont été pour l'heure différés au 31 décembre 2021.

La dette totale de l'Argentine s'élève à 324 milliards de dollars, soit 90% du PIB.

Commentaires 4
à écrit le 04/08/2020 à 16:05
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Argentine, Grèce, Liban... Nous avons des démonstations évidentes de ce qu'il advient quand un pays s'enfonce dans l'endettement pour financer les dépenses courantes. Avec tous les aspects sociaux liés. Pourtant, nos partis politiques et la populatio...

à écrit le 04/08/2020 à 14:07
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La enieme défaillance...mais il y en a toujours pour continuer à prêter . La perte de capital est un risque (on nous le rappelle assez quand on fait un investissement privé)

à écrit le 04/08/2020 à 12:44
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a la place de 100 dollars, ils recoivent 53 au lieu de 56, donc ils gagnent moins que prevu.........on dirait hollande dont le deficit baisse vu qu'il augmente moins vite que prevu......... a ce tarif on espere au moins que les fonds ont obtenu ces ...

à écrit le 04/08/2020 à 10:43
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Merci beaucoup pour cet article, ça c'est de l'information ! Qui fait tellement de bien parmi toutes celles que l'on nous martèle sans arrêt. "J'espère qu'ils comprendront que nous ne leur demandons pas de perdre, nous leur demandons de gagner un...

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