L'Argentine en "défaut de paiement virtuel", confirme son président à peine élu

"Ce n'est pas pareil qu'en 2001, mais oui ça y ressemble", a concédé le chef de l'État nouvellement élu, Alberto Fernandez.
Le président Alberto Fernandez (à dr.) souhaite décourager la dollarisation de l'économie.
Le président Alberto Fernandez (à dr.) souhaite décourager la dollarisation de l'économie. (Crédits : Reuters)

L'Argentine est en "défaut de paiement virtuel", a confirmé dimanche son président Alberto Fernandez, deux jours après que les agences d'évaluation financière Fitch et Standard and Poor's eurent estimé la même chose.

"Ce n'est pas pareil qu'en 2001, mais oui ça y ressemble", a affirmé le chef de l'État dans un entretien avec la chaîne América TV.

Cette année-là, le pays avait plongé dans la plus grave crise économique de son histoire après s'être déclaré en défaut de paiement sur sa dette publique.

"À ce moment-là, on avait 57% de taux de pauvreté, aujourd'hui 41%. On avait une dette sur laquelle nous faisions défaut, aujourd'hui c'est un défaut de paiement virtuel", a-t-il poursuivi.

Échec sur le plan économique

Vendredi, Buenos Aires avait différé au mois d'août le remboursement de 9 milliards de dollars de dette libellée en dollars. Standard and Poor's et Fitch avaient alors abaissé la note attribuée à "RD" ("défaut sélectif").

"C'est de ça que nous héritons. Nous ne pouvons pas faire face et payer les obligations qui tombent", a déploré M. Fernandez, qui a pris ses fonctions le 10 décembre.

Ce président de gauche a succédé à un libéral, Mauricio Macri, qui a complètement échoué sur le plan économique, en laissant un pays en proie à la récession et l'inflation. En 2019, le PIB devrait avoir chuté de 3,1%, et les prix avoir augmenté de 55%.

Lire aussi : Alberto Fernandez, qui veut remettre "l'Argentine sur pied", arrive au pouvoir en pleine crise

Samedi, le Congrès a voté une loi d'urgence économique, entrant en vigueur lundi, qui prévoit entre autres une hausse de la fiscalité pour les classes moyennes et supérieures, des prestations sociales pour les plus défavorisés, et une taxe de 30% sur les achats et autres dépenses en devises étrangères.

Décourager la dollarisation de l'économie

"L'Argentine s'est retrouvée sans dollars, c'est déjà arrivé", a expliqué M. Fernandez, qui souhaite décourager la dollarisation de l'économie. "Nous devons en finir avec cette pratique qui consiste à épargner en dollars".

Méfiants vis-à-vis de leur monnaie réputée peu stable, la plupart des Argentins préfèrent épargner en dollars, qu'ils gardent dans des coffres où à l'étranger. Mais cette pratique épuise les ressources en dollars de l'État argentin. Selon les derniers chiffres de la Banque centrale, les réserves internationales s'élèvent à 43,7 milliards de dollars, soit 19 milliards de moins que l'an dernier.

Traditionnellement, toute crise économique dans le pays pousse les plus riches à accumuler des billets verts, ce qui ne fait qu'aggraver la chute du peso argentin et les difficultés de l'économie.

"L'Argentine a besoin que des dollars recommencent à entrer et que ces dollars fassent partie des réserves de l'État, parce que sinon il est impossible d'envisager de faire face aux obligations qu'a contractées le pays", a martelé le chef de l'État.

La dette publique se monte à quelque 330 milliards de dollars, soit près de 90% du PIB, dont 44 milliards auprès du Fonds monétaire international.

Commentaires 3
à écrit le 23/12/2019 à 17:19
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tous ces pays socialistes d'amerique du sud veulent faire de la depense publique en empruntant sans rembourser, ou alors avec du papier cul fraichement imprime comme personne ne veut de leur papier, ils empruntent dans un autre monnaie, ce qui est l...

le 24/12/2019 à 12:20
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Il fallait lire l'article : "Ce président de gauche a succédé à un libéral, Mauricio Macri, qui a complètement échoué sur le plan économique", si même LaTribune le dit... Le président actuel de l'Argentine a pris ses fonctions le 10 décembre de cett...

à écrit le 23/12/2019 à 15:19
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"Nous devons en finir avec cette pratique qui consiste à épargner en dollars". Ok mais dans ce cas faudrait être logique et en finir également avec les américains qui choisissent les chefs d'état d’Amérique du sud non ?

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