Son franc-parler lui vaut le surnom de « xiao-la-jiao », ou « petit piment ». Hung Hsiu-chu, actuelle vice-présidente de l'Assemblée législative, a été désignée à la tête du parti au pouvoir, le Kuomintang (KMT) dimanche 19 juillet à Taipei.
« Aussi longtemps que nous serons unis, nous pouvons gagner l'élection », a assuré la nouvelle élue devant la foule du Congrès.
La toute nouvelle chef a choisi de prôner l'unité au sein du Parti, alors même que cinq parlementaires dissidents ont été exclus du KMT, il y a quelques jours. Cette ancienne enseignante, aujourd'hui âgée de 67 ans, a aussi promis lors de son discours au Congrès de consolider et d'approfondir le développement pacifique des relations entre Taïwan et Pékin.
Si Taïwan est assimilée à une province chinoise par Pékin, le KMT suit de son côté le cap dit du "consensus de 1992", qui considère que la Chine continentale et Taiwan appartiennent à une seule Chine. Le parti exclut ainsi toute référence à une hypothétique indépendance mais ...revendique la souveraineté de l'île.
Les défis de la nouvelle chef
Mais le Kuomintang a de nombreux défis à relever, à commercer par son positionnement et la stratégie du parti. Aux affaires de façon quasi ininterrompue à Taïwan depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, le KMT s'emploie depuis 2010, sous l'impulsion du président Ma Ying-Jeou, à réchauffer des relations jusqu'alors exécrables avec la Chine.
Le KMT a porté des négociations commerciales qui ont débouché sur la signature d'un accord de libre-échange. Mais nombre de Taïwanais voient cet accord d'un mauvais œil, craignant de voir l'industrie et l'agriculture fléchir sous le poids du géant chinois. En mars 2014, des milliers de manifestants -500.000 citoyens s'opposent à ce fameux traité de libre-échange entre la Chine et Taïwan. Dimanche, Hung Hsiu chu a tenté de rassurer la foule du Congrès. Une condition sine qua non à sa victoire.
Tsai Ing-wen, la rivale démocrate
Car rien est encore sûr. Le Kuomintang est devenu impopulaire. En novembre 2014, il a connu une lourde défaite aux élections locales face au Parti démocratique progressiste (DPP), également porté par une femme depuis 2008. Tsai Ing-Wen, déjà candidate aux élections présidentielles de 2012 défend des liens plus prudents avec Pékin. Elle se dit favorable - à terme- à l'indépendance de l'île de Taïwan.
En 2012, cette brillante universitaire avait fait de sa féminité un argument de campagne, et défendait une société plus égalitaire et une meilleure répartition des richesses. Le scrutin de 2016 verra deux femmes se faire face. Dans une société où la tradition pèse encore lourd, l'élection de la première femme présidente, marquera indéniablement un tournant.
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