Grèves : pour la presse étrangère, Macron joue sa crédibilité dans son « bras de fer » avec la rue

Par Paul Marion  |   |  602  mots
Ce jeudi 19 janvier est marqué par une forte mobilisation contre la réforme des retraites. (Crédits : Reuters)
Les grands titres internationaux soulignent l'ampleur de la mobilisation contre la réforme des retraites, mais aussi le fait que l'on prend sa retraite bien plus tôt en France qu'ailleurs. Personne ne voit Emmanuel Macron reculer sur cette réforme, où le président joue son image de réformateur, y compris à l'étranger.

Il est le visage de la France à l'étranger, celui qui concentre l'attention des grands titres internationaux en cette journée massive de grève. Pourtant, le président de la République n'est ni à Paris, ni en France ce jeudi mais à Barcelone pour signer un traité d'amitié avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. « Macron se "cache" en Espagne à la veille d'une grève massive », s'amuse outre-Manche The Telegraph. Pour absent qu'il soit de l'Hexagone, le nom du chef de l'Etat s'affiche néanmoins en Une des articles de presse, comme sur les pancartes hostiles dans les cortèges.

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Il Corriere della Serra en Italie et El Mundo en Espagne s'accordent à parler d'un « test » pour Emmanuel Macron, qui joue « sa crédibilité de réformateur » selon le Financial Times dans un moment décisif de son deuxième mandat jusqu'ici mal engagé. Le quotidien anglo-saxon rappelle qu'affronter la colère de la rue pour réformer les retraites s'impose comme « un rite de passage » à tous les présidents français depuis que François Mitterrand a ramené l'âge légal en retraite de 65 à 60 ans.

Le spectre de la violence

Face à l'exécutif, les correspondants à Paris soulignent l'ampleur de la mobilisation « en écho à celle de 2019 » dixit le New York Times. Avec 750.000 manifestants attendus et 10.000 policiers mobilisés, le journal new-yorkais évoque la « peur » des commerçants qui se barricadent en cas « d'affrontements entre les policiers et les protestataires violents qui émaillent souvent les manifestations en France ». A Londres, le Times appréhende également de voir la protestation « finir dans la violence » quand La Tribune de Genève parle d'une « veillée d'armes » dans une « France qui entre en révolte » et engage « un bras de fer colossal » avec Emmanuel Macron. Mais personne n'imagine vraiment le président réélu reculer.

Les plumes étrangères s'attendent donc à une « longue confrontation » d'après le Wall Street Journal dans les prochaines semaines entre la rue et les grévistes, d'un côté, et l'Elysée, de l'autre. La chaîne de télévision belge RTBF voit également dans cette mobilisation de jeudi le début d'une « épreuve de force ». Les québécois de La Presse observent que la réforme des retraites « se heurte à un front syndical uni et la large hostilité de l'opinion publique ».

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Quand la grève déborde sur les pays frontaliers

En Europe, Il Corriere della Serra note que le projet de loi « ne plait pas aux intellectuels » dont la lauréate du prix Nobel de littérature, Annie Ernaux, ou l'économiste classé à gauche, Thomas Piketty. Le même journal rappelle néanmoins qu'en France « l'âge de départ à la retraite à 62 ans est bien inférieur à celui de la plupart des pays européens et de l'OCDE qui est de 65 ans en moyenne ».

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Nos voisins ne regardent pas tous ces événements qui agitent la France avec un regard si distant. Certains se préoccupent de voir les conséquences du conflit social rejaillir hors de France. Ainsi du Times qui avertit ses lecteurs du trafic « affecté des Eurostar et des ferries à Calais », du Daily Mail qui alerte sur « le chaos dans les transports à Douvres » ou encore de La Tribune de Genève qui prévient ses lecteurs de l'absence de TGV Lyria et du peu d'avions vers les aéroports de Paris.